Chambre 12 de l'auberge "Au bon Galkimas"

"- C'est à peine si je me souvenais ce que ça faisait que de dormir dans un lit correct, avec de la vraie nourriture dans le ventre, après avoir pris une vraie douche bouillante!..." déclara Angal à l'adresse de Thryndra en ouvrant la fenêtre de la chambre.

Arrène était magnifique, ce matin. Il ne le voyait pas vraiment, puisque la lucanre donnait droit sur le mur du bâtiment voisin, mais il le sentait. Il aimait vraiment l'ambiance de cette ville; et en plus de ça il appréciait le fait d'être revenu à la civilation après de pareilles péripéties...Dire qu'ils étaient partis de Mélandre il y a plus de deux mois...Ils avaient fait naufrage après avoir combattu les pirates, et avaient dû traverser les Plaines de Khâlidor à pied, ce qui ne fut pas une mince affaire.
Mais ils y étaient finalement arrivés!

Angal se rallongea sur son lit, à côté de Thryndra. Il passa ses bras derrière la tête et fixa le plafond. Il avait encore pas mal d'obligations...Tout d'abord, il devait rendre compte de sa première mission (ils passerait un mauvais quart d'heure...il avait laissé s'échapper volontairement (enfin ça, il le passerait sous silence) la cible de sa mission...); ensuite il fallait qu'il s'arrange pour obtenir une mission à l'Acropole des Sam'Hein, ce qui lui permettrait d'aller chercher Grey pour le mener vers son contact. Et puis il devait s'occuper d'informer les jeunes voleurs de la ville (qui pullullaient dans le Quartier des Embrassées; là où il avait appris le métier) de l'existence de la Guilde des Voleurs...Enfin, il fallait aider Thryndra à s'installer et à se trouver un métier...mais il fallait faire vite, Grey ne tiendrais pas éternellement à Thélus en étant recherché par l'Alliance.

Il tourna la tête vers l'Akyline:
"- Alors, t'as une idée de ce que tu vas faire? T'es au service de l'armée non? Tu vas réintègrer les rangs? Ou tu vas chercher une nouvelle place de cuisinier? Ou peut-être que tu veux faire autre chose?...tu te débrouilles bien avec les animaux."

Thryndra se réveilla tout doucement, le ventre plein et la tête bien reposée. Enfin, une nuit passée dans un lit à peu près confortable, et ce après un repas assez conséquent mais pas particulièrement savoureux. Pendant qu'Angal prenait sa douche, elle était partie faire un petit tour en ville. Pas très longtemps, une dizaine de minutes. Elle s'était amusée avec des enfants et leur avait donné une pièce. Thryndra était ensuite remontée dans la chambre et s'était rallongée sur le lit. Quelques secondes après, Angal sortit de la douche, laissant une épaisse fumée se dégager de la pièce.

Alors, sur ça, je suis d'accord avec toi! Elle rit un peu et toussa.

Elle avait du prendre un peu froid entre les Khâlidor et Arrène. L'écart de température avait surement dut causé un mini choc thermique, un rhume passagé, rien de bien grave. Elle écouta les questions d'Angal après qu'il se soit allongé et soupira. Elle n'y avait pas vraiment pensé encore. Son bâteau ayant coulé et le capitaine étant parti on ne sait où, elle n'avait aucun espoir de retrouver son poste. Elle aimait faire la cuisine, peut-être ouvrirait elle une auberge à Mélandre? Mais ce petit passage de sa vie lui a fait découvrir l'attraiement du monde extérieur. N'ayant pas encore visité la troisième grande ville qu'est Thélus, elle était bien tenté d'y aller.

Je ne sais vraiment pas, je pense rester ici deux trois jours avant de reprendre la route. Pour aller où, ça je n'en ai pas la moindre idée...

Elle se tourna face au Sam'Hein et lui sourit. Elle aurait tant aimé rester à ses côtés, mais il devait avoir d'autres préoccupations que de s'enticher d'une Alkyline bonne à faire la cuisine ou s'occuper des animaux... Elle n'en fit qu'à sa tête et posa sa tête sur les pectoraux de son ami... Elle avait besoin de réconfort, et il était le seul à pouvoir lui en fournir...

Sans qu'il comprit pourquoi, Thryndra se leva soudainement en pleurant à chaudes larmes. Angal crut entendre quelque chose comme "adieu" entre deux sanglots, mais à peine était-il levé que l'Akyline se précipita dans le couloir et referma la porte si violemment qu'il crut qu'elle avait arraché un pan du mur moisi. Il crut d'abord qu'elle s'était enfui le plus loin possible, mais les sanglots reprirent, de l'autre côté de la cloison.

Il resta bouche bée, debout à côté du lit, en train de fixer la porte d'un air hébété. Il y a quelques semaines, il aurait sans doute ri de lui-même: il n'aurait jamais pensé plaire à ce point à une fille, et encore moins en tomber amoureux...
Il n'était vraiment pas doué pour les discours, rien qu'avec un homme, mais en plus il se voyait contraint de parler à une porte. Il savait avant même de le lui dire que cela la blesserait (enfin, quand même pas à ce point), mais il savait aussi que ce voyage serait beaucoup trop dangereux pour elle; il ne voulait pas prendre le risque de la voir mourrir, juste là, sous ses yeux.

"- Thryndra...je..." commença-t-il, en posant la main sur la poignée.

Mais lorsqu'il tira dessus, celle-ci lui resta entre les mains. Elle n'avait pas tiré suffisament fort pour arracher la poignée, mais assez pour qu'elle se déboîte. La situation devenait presque parodique: il était enfermé dans sa propre chambre...

"- Merde. Euh...j'arrive, ma puce."

Le "ma puce" était sorti tout seul; il en fut lui-même surprit. Lui qui détèstait toutes ces expressions à l'eau-de-rose... Il se dirigea vers la fenêtre et s'y pencha, jaugeant la distance qui le séparait du sol: heureusement, ils étaient au premier étage, c'est-à-dire à cinq-six mètres de hauteur, et une gouttière à moitié rouillée et défonçée descendait à une soixantaine de centimètres à gauche de la fenêtre.

"- C'est dingue ce qu'on peut faire par amour..."

Angal s'en empara de la main gauche et se laissa tomber le long du tuyau -qui trembla dangeureusement. Il amorça sa descente en posant ses pieds contre le mur, et parcourut les cinq premiers mètres sans peine; jusqu'à ce que la gouttière cède et que le Sam'Hein fasse une chute d'un mètre pour atterir dans les saletés de la ruelle.

"Décidément, on est jamais à l'abri nulle part!" ironisa-t-il en frottant son manteau.

Sans plus attendre, il se précicpita dans l'auberge, et revint se planter devant Thryndra, qui était restée assise là...Il s'assit en face d'elle, et se contenta de la regarder. Il savait que s'il lui disait "c'est pour ton bien" ou "je ne peux pas t'expliquer", ou "je suis désolé", elle lui mettrais la claque de sa vie.
Il attendit qu'elle lui dise ce qu'elle avait sur le coeur.

Dans le silence le plus complet, il la regarda se lever avec difficulté ert rentrer dans la chambre qu'il avait eu tant de difficultés à quitter. A son grand soulagement, elle ne lui claqua pas la porte au nez. Elle sortit de champ de vision lorsuq'elle entra dans la salle de bain, puis en ressortit quelques instants après.
Angal, lui, était toujours accroupit dans le couloir. Il n'avait bougé d'un cil. Il trésaillit cependant lorsque Thryndra commença à rassembler ses affaires sur le lit. Elle comptait visiblement partir, et le Sam'Hein comprit ce qu'elle avait pu ressentir quelques instants auparavent. Lui, dans un coin de sa tête, avait eu l'espérance folle que l'Akyline l'attendrait bien sagement à Arrène, le temps qu'il revienne de son périple...Il avait pourtant appris à la connaître.

Il réfléchit à toute vitesse. Il ne voulait pas la perdre. Et s'il ne la revoyait plus jamais? Qu'il la perdait de vue? Ou qu'il lui arrive quelque chose sans même qu'il le sache? Soudain, il eut une idée.
Il plongea la main dans sa sacoche, et en ressortit une petite pierre rouge de la taille d'une phalange, parfaitement polie et de forme ovale. Il entra dans la pièce, la posa sur la table de chevet, et attrapa l'un des systèmes de lames rétractiles qu'il avait détachées de ses poignets. Il donna un coup sur la partie supérieure du bracelet qui s'enroulait habiutellement autour de son poignet, et le mécanisme habituel s'enclencha: la lame sortit immédiatement du fourreau en cuir dans lequel elle était rangée.
- Chaque émissaire de l'une des villes de le Coopération Pacifique a un pierre comme ça, expliqua-t-il. Elles sont rouges pour Arrène, violettes pour Thélus et vertes pour Mélandre. Chacune d'entre elles est unique.
Il leva sa dague et l'abattit d'un coup sec sur la pierre, qui se cassa en deux partie égales.
- Les Albanestres son capables de retrouver le propriétaire de l'une de ces pierres à condition qu'on leur fasse renifler un autre morceau du cristal. C'est de cette façon que je reçois généralement mes Ordres de Mission: la ville conserve une autre partie de cette pierre.
Il récupèra une moitié de la Pierre de Localisation et la fourra dans sa sacoche.

La gorge serrée, il s'approcha de nouveau de l'entrée:
- Je t'écrirais aussi souvent que je le pourrais...mais je comprends que tu n'aies pas le coeur à me répondre...
Il se retira alors avec l'impression d'avoir avalé du plomb. Il se mit en quête de remplir la promesse qu'il avait faite à Brüm en allant recruter des Voleurs pour la Guilde...peut-être que cela lui ferait oublier ses souçis pour un moment...
Il ne savait même pas si Thryndra avait pris l'autre moitié.


[avis à Celesti: voilà, une autre invention que j'avais oubliée ^_^' c'est parce que j'avais trouvé ça alors que je jouait avec Sid...]