Premier Jour de la Fête du Ramanthin !!! [Fermé]

Déjà le soleil se levait en cette douce matinée. Ses rayons comme une caresse aimante, s'infiltrèrent dans les recoins des ruelles où s'affairaient les marchands tels des fourmis acharnées à un labeur existantiel. Dans quelques heures, la Fête du Ramanthin accueillerait ses premiers curieux et il fallait pour celà que tout soit prêt à l'heure, sans quoi Erian, dans ses espoirs d'enfant serait plus deçu que jamais. Les marchands l'aimaient beaucoup. Ils voyaient en lui, un homme bon, généreux et juste, menée par une envie de transmettre la beauté et la joie à chaque coin de rue, et il le faisait très bien. Rien que dans l'organisation de cette fête on pouvait le ressentir, personne au monde mieux que Sal'Hem ne ponctuait de cette manière les traditions d'Initium en y insuflant la vie et la grâce de chacun des peuples. Tous avaient leur mot à dire, et chacun s'y retrouvait, de l'Ansurien au Golgoroth, en passant par les derniers Lunarticiahs.

La Place du Marché groullait aux première lueur de l'astre et on voyait déjà les standes se construir aussi facilement que des châteaux de sable. Tous, paré des couleurs vertes de la ville avaient cousu de mignon écusson à l'image des Ramathins. Ils représentaient la carapace d'une tortue d'où s'échappaient multiples étoiles filantes, comme pour rappeler que ces animaux faisaient partie de la magie même du monde. On voyait apparaître des artisants et des activités de toute sorte. Certains offraient de quoi se restaurer, d'autres tendaient leurs mains pleines de rêves et offraient aux passant les douces joies du mime. Des automates Thiel, construis dans la plus grande hâte par un artisant du coin, fredonnaient des mots de bienvenue dans le vide des rues encore inoccupées. Des murmures naissaient du Néant, réchauffant l'atmosphère de leur puissance. Autour de la ville, un bataillon de l'armée attendait, prêt à donner l'alerte en cas de danger iminant. Bien sûr, ils ne savaient pas pourquoi ils avaient été administré à la ville de Mélandre, si ce n'est pour chasser les éventuels braconniers des Plages de L'Isthme.

Le Dirigeant avait tut la menace annoncée par Rysenn, la prêtresse Clamyde. Il avait aussi invité un grand nombre de mages puissants à descendre de Thélus pour défendre la cité en cas "d'Attaque Surnaturelle". Il avait envoyé des Albanrestres pour demander aux Alkylins de surveiller l'Océan des Disparus, mais tout restait trop flou pour expliquer quoique ce soit. La peur se lisait dans son coeur, mais la honte d'annuler une telle fête serait bien pire pour un Thaltos comme lui qui consacra sa vie à la Perfection. Le dilème était là, bien présent, mais que faire. L'annulation n'était pas envisageable. Il avait tout de même dû réduire ses rêves de grandeur et parquer ainsi la fête à la Place du Marché et aux rues alentours, alors qu'il voulait s'étaler sur la Ville tout entière.

La Matinée serait plutôt calme. Erian avait prévu un discours vers 11h00 pour annoncer l'ouverture de la fête. Avant celà, il aurait acceuillit les Dirigeants d'Arrène et de Thélus. Mais bien avant ce discours, les badres auront egayé les passants. Plusieurs représentations se seront déroulées, comme les différentes démonstrations de forgeronnerie d'Initium. Athrel, venu tout droit de l'Acropôle Sam'Hein montrerait les armes magiques qu'il est le seul à construir dans tout l'Univers grâce à la force des Volcans. Et enfin, les artistes de rues amuseront petits et grands.

Erian avait ouvert les yeux devant les milles et une couleurs qui couvraient son plafond. Il avait demandé à un peintre itinérant de lui confectionner le plus beau ciel d'été sur les murs de ses appartements et celui-ci avait admirablement réussit son travail. C'est donc l'esprit rempli de nuages briochés que le Thaltos s'était penché vers les lueurs de sa fenêtre en comtemplant l'agitation du monde. Le jour J avait ouvert ses portes à la ville. Hier soir, Erian avait acceuillit les deux Dirigeants d'Arrène et de Thélus, leur offrant le couvert et des draps bien chauds entouré de volupté et de gaité.

Les appartements des invités étaient tout comme le sien très personnalisé, il avait suivit les conseils des meilleurs décorateurs pour en faire ressortir un esprit de cohésion et d'unité. Ainsi, la chambre qu'occupait actuellement Ezéchiel Sheyride avait pour thème les étoiles, et les murs d'un bleu profond semblaient briller d'une lueur magique. Lothianyth Tyl'Sayan quant à lui avait eu le droit à la chambre du Feu, dont chaque meuble et chaque biblo avaient été construits par des artisants Sam'Heins dans les bois les plus noirs poussant sur les pentes volcaniques. Le Thaltos était tellement fière de toute cette originalité, même si ce n'était pas forcément le cas de tous ses invités qui préféraient la plupart du temps la simplicité d'un bon lit bien chaud et d'une petite chambre naturellement acceuillante.

Mais maintenant qu'il marchait dans les rues vers ses rêves les plus fous, Erian ne se souciait plus de celà. Les deux dirigeants étaient bien capables de se lever à l'heure qu'ils le désiraient, de toute façon des pages et des cuisiniers hors-pairs seraient là pour répondre à leurs désirs.

Son rêve, une construction qu'il proposa à un artisant Thiel, une construction interdite que seul un Dirigeant extravagant comme lui aurait pu se permettre. Près des Docks, dans un entrepôt il l'attendait, ce dirigeable qui lui permettrait de survoler la ville pendant l'après-midi. Il le découvrit de ses yeux attendris, et ne pû s'empêcher de sourire intensément lorsqu'il rencontra les derniers artisants qui penchaient sur le projet.

*Ce Dirigeable sera merveilleusement assortit au beau temps que nous auront aujourd'hui. Il ne manque plus que le monde investisse les rues pour que ma joie soit poussée à son comble.*

Très vite, il referma les portes de l'entrepôt, il avait un discours à faire à 11h pour l'ouverture de la fête, il n'était que 8h à sa montre et déjà les premiers curieux affluaiten en direction de la place. Prenant pied dans l'une des péniches qui transportaient les habitants d'un point à l'autre de la ville, il quitta les Docks pour se rendre sur la Place du Marché. Là-bas l'attendaient bon nombre de ses amis, de ses petits protégés et surtout de ses citoyens, avides d'entendre sa douce voix se répendre sur eux comme une tendre caresse. Il avait parfaitement rôdé son discours, et il saurait comme à son habitude attiser les coeurs, il en était certain. D'un pas joyeux, il s'approcha d'une taverne qu'il adorait tout particulièrement, construite sur plusieurs étage et dont il avait sa place reservé au dernier, là où une baie vitrée lui permettrait de survoler du regard la Place, pour admirer les foules s'entrelacer et se laisser bercé par le rêve.

Il attendrait là, à cette table, que son heure arrive et se présenterai alors sur l'estrade au centre de la Place, occupée pour le moment par quelques bardes heureux de transmettre leur douce musique aux premiers arrivants.

- Deux cent écumores?? Vous rigolez?... s'exclama Lothianyth, tandis qu'il faisait voltiger avec virtuosité une épée bâtarde dont la garde était incrustée de pierres précieuses. Toutes ces pierreries nuisent à l'équilibre, poursuivit-il sous le regard implorant du marchand qui craignait que la lame ne déchiquète l'un des passants -l'un de ses clients potentiels- en sursautant à chaque fois que le Dirigeant faisait une figure un peu trop dangereuse. Elle ne vaut pas plus de cent cinquante écumores, déclara-t-il, en la reposant soigneusement sur l'étal. Tout juste bonne à être accrochée à un mur.

~¤Bien que sa première impression quant à l'invitation de Sal'Hem fut quelque peu mitigée, l'Eycorché fut ravi de remarquer que le Mélandrin avait réussi son pari. Il l'avait toujours vu comme un espèce de clown grandiloquent et qu'il n'appréciait pas sa politique, mais force était de constater que cette Fête du Ramanthin forçait le respect. Jamais il n'avit vu une telle vie dans les rue d'une des métropole, et il y avait même plus de stands d'armuriers qu'il n'y en avait aux Fêtes Guerrières d'Arrène.¤~

~¤Il avait quitté son somptueux appartement dès l'aube, bien qu'il appréciât grandement son confort (il fallait qu'il pense à lui demander l'adresse de son décorateur), afin de déambuler dans les rues. Il était heureux de se rappeler à quel point le métier de Dirigeant pouvait rapporter, car il contrôlait difficilement l'envie d'acheter tout un stand de pierreries. Son regard pétillait lorsqu'il se posait sur une chevalière enchantée crée par Mopin Narly, ou sur une lame qui renfermait des sorts d'une puissance peu commune. Les bardes ajoutaient à cette ambiance chaleureuse et conviviale, et malgré le fait qu'il soir plus porté sur le son que produisent deux épées qui s'entrechoquent, Lothianyth profitait pleinement de la première matinée sur les trois jours de répit qu'il s'était attribué.¤~

~¤Bien que cela ne l'étonnât pas, les Membres du Conseil de Guerre avaient accepté de prendre les rennes de sa Ville pendant qu'il partait avec sa garde personelle pour la Ville Marchande. L'espace d'un instant, ses pensées s'assombrirent à l'idée que ces guerriers intransigeants -encore plus que lui- dirigent Arrène, dont l'équilibre était précaire ces derniers temps.¤~

~¤En tournant la tête pour observer l'un de ces étranges automates disseminés dans la ville, il apreçut Erian du coin de l'oeil, tandis qu'il entrait dans une des auberge les plus réputées de la ville. Il se demanda un instant s'il ne pouvait pas reporter à plus tard leur rencontre; il n'avait aucune envie d'être éxaspèré par l'enthousiasme du Dirigeant si tôt le matin. Mais il se devait bien de le féliciter pour la réussite de la fête, bien que ce n'était encore le début. Il se dirigea donc à grands pas vers l'entrée, puis se présenta auprès du Maître d'Hotel qui le dirigea au dernier étage, avec un geste fluide de la main et une profonde révérence.¤~

- Je dois avouer que je n'étais pas enchanté à l'idée de venir, admit Lothianyth en arrivant dans le dos du Mélandrin, mais je suis heureux de pouvoir vous transmettre mon étonnement. Cette célébration est d'une grande révélation, Sal'Hem.

Erian potassait encore et encore devant cette feuille blanche impossible à remplir. Les idées ne lui venait pas, préparer un discours n'était pas dans ses habitudes, en tout cas pas sous tant de pressions extérieures. Il lui restait une heure avant de se présenter au centre de la Place et des tas de papier froissé s'amoncelaient à côté de lui. L'inspiration ne venait pas. Au plus loin qu'il pouvait se remémorer, faire des discours était inné chez lui. Il n'avait jamais vraiment eu besoin de tant de manière et de complication. Ecrire les grandes lignes de ses idées sur une feuille lui suffisait, mais exposer tant de détails de façon ordonnée frenait son génie. Assis, les yeux admirant les nombreux stands maintenant agités par les arrivants, il profitait de ses derniers instants de tranquilité. Après tout, il se laisserait guidé le moment venu, lorsque debout sur l'estrade il devra prendre la parole devant des centaines de curieux.

Devant lui, une feuille sur laquelle il avait griffonner un semblant de dessin, fut rapidement froisser puis ajouter au tas de discours imparfait à côté de sa chope vide. Vide, déjà !

Claquant des doigts, il souria au premier serveur qui passait puis l'invita à lui servir un nouveau verre de leur délicieux lait de chèvre. Le lait, il adorait ça et s'était bien plus pour lui qu'une simple drogue. A chaque repas, il lui en fallait, tel un nourrisson demandant son biberon. Dans cette tarverne, en plus du lait aromatisé à toutes les sauces, on servait bien sûr de l'alcool. Mais Erian évitait, surtout avant un discours, car les substences contenues dans la plupart de ces boissons avaient vite fait de lui faire tourner la tête ou encore de le rendre nerveux et encore plus bavard qu'il ne l'était déjà. Autant dire qu'il lui fallait éviter toute dose pour ne pas faire subir à son entourage les plus viles tortures sonores.

Un bruit sourd retentit dans les escaliers, semblable au pas lourd que laissent derrière eux les guerriers. Le Thaltos fit alors volte face. Malgré un rayon de soleil reflêté par sa montre, frappant droit son visage, Erian reconnu facilement la silhouette droite et fière qui s'approchait de lui. Tyl'Sayan lui faisait l'honneur de lui rendre visite dans sa taverne favorite. Etait-ce pour le félicité ? Etait-ce pour se plaindre ? Ou bien Etait-ce une simple coincidence ? Le visage du Thaltos s'éclaircit alors dans un sourir de bienvenue. Il se leva, tendant généreusement la main à son invité.

- "Je dois avoué que je n'étais pas enchanté à l'idée de venir." Avait admit Tyl'Sayan. "Mais je suis heureux de pouvoir vous transmettre mon étonnement. Cette célébration est d'une grande révélation, Sal'Hem."

Un compliment, quoi de plus beau qu'une visite en personne d'un Dirigeant tel que Tyl'Sayan pour lui remettre en main propre la plus douce des paroles. Le Thaltos sourit de nouveau, flaté les mots si simples de l'Eycorché. Erian avait au moins réussit son premier paris personnel, celui de séduire Lothianyth grâce aux nombreux forgerons et armuriers qui florissaient dans la ville. Il ne lui restait plus qu'à recevoir les compliements du grand Sheyride, tâche extrémement difficile. Pourtant, Erian avait pensé à tout, et les activités de la journée suivante interesserait sûrement le Dirigent thélusien.

- "Je dois dire que je ne m'attendais absoluement pas à vous voir ici ! J'étais plongé dans la beauté du monde, lorsque j'ai entendu vos pas !" Expliqua le Mélandrin. "J'espère que vous trouverez des objets rares à rapporter dans vos bagages pour Arrène. J'ai convié pas mal de marchands venus de toutes les contrées pour assouvir les besoins et les envies de chacun."

Erian lui proposa alors de s'assoire à ses côtés, lui indiquant le siège vide qui lui faisait face.

- "Prenez place mon cher ami ! Nous n'avons pas beaucoup de temps, mais rien ne vous empêche de boire un verre avec moi !" Sourit-il !

~¤Erian se leva, accompagné de son habituel sourire, et lui tendit une main que Lothianyth serra. L'Arrènois avait toujours pronnonçé avec beaucoup de difficultés les compliments, et la plupart d'entre eux restaient bien sagement tapis dans son esprit, juste derrière la sarcasme et le complexe de superiorité. Néanmoins, le peu de choses qu'eut prononçé Loth sembla ravir Sal'Hem, et raviver sa verve.¤~

- Je dois dire que je ne m'attendais absoluement pas à vous voir ici ! J'étais plongé dans la beauté du monde, lorsque j'ai entendu vos pas ! s'exclama le Mélandrin tandis qu'il lui serrait la main avec entrain. J'espère que vous trouverez des objets rares à rapporter dans vos bagages pour Arrène. J'ai convié pas mal de marchands venus de toutes les contrées pour assouvir les besoins et les envies de chacun.

- Effectivement, j'ai constaté que vous étiez parvenu à convaincre le grand Maître des Lames de Feu, Krialgarth Trakennel. Il n'a jamais accepté de quitter son Acropole chérie, malgré mes nombreuses tentatives... remarqua le Dirigeant, en s'approchant de la table.

- Prenez place mon cher ami ! Nous n'avons pas beaucoup de temps, mais rien ne vous empêche de boire un verre avec moi !

- Je vous remercie, dit-il en s'asseyant sur le siège que désignait Erian. Son oeil balaya rapidement la table et le plancher, jonchés de boulettes de papier, et il reprit. Voilà qui est étonnant. Je n'avais jamais remarqué que vous rédigiez vos discours... Il m'avait toujours semblé que vous parliez en rythme avec l'inspiration.

~¤Lothianyth fit un léger signe de la main au serveur, qui accourut aussitot. Il jeta un coup d'oeil furtif à ce qu'avait prit Erian, et se retint au dernier moment de dire "la même chose". Il avait horreur du lait...¤~

- Une chope de votre meilleure bière, demanda-t-il sans même regarder l'homme à qui il s'adressait. Alors que le serveur repartait, Loth reprit: Peut-être avez-vous besoin d'aide?

~¤Après tout, il n'y avait pas que les musiciens qui étaient capable de faire de grands discours; un meneur devait savoir motiver ses hommes pour les mener à la bataille...Ce qui, en l'occurence, risquait d'arriver, selon les présages de Rysenn... Loth balaya ses idées noires, et adressa un sourire en coin à Sal'Hem¤~

L'arrivant s'assit, commandant une bière auprès d'un serveur quelque peu surchargé. Apparement la fête battait déjà son plein et beaucoup de visiteurs profitaient du temps libre pour grignotter, déguster quelques boissons, voir prendre leur petit déjeuné pour ceux qui s'étaient levés plus tard. Une bonne odeur de pain chaud s'échappait des étages inférieurs. Erian inspira profondément.

Tyl'Sayan, lui avait précédement touché mot du célèbre forgeron grand Maître des Lames de Feu. Pourtant ce dernier n'avait rien d'exceptionnel. Erian en fut même étonné car ses lames n'avait de Feu, que le nom. Il existait sur Initium un seul et unique forgeron capable d'allier la magie à ses armes, et ce dernier avait pu se déplacer, alors qu'il restait d'habitude, lui aussi dans l'Acropole Sam'Hein. Athrel, puisque tel était son nom, devait déjà se produire devant bon nombre de curieux avides de connaître ses secrets à l'heure qu'il était. Erian, quant à lui avait déjà profité, il y a un an, d'un voyage en terre de feu, et pour l'occasion il s'était rendu directement dans la forge légendaire. Il ne cachait pas sa fiéreté lorsqu'on lui en parlait et il aimait décrire cette visite avec force détail. Non pas pour faire saliver son interlocuteur, mais plutôt pour montrer l'impacte qu'avait eu sur lui une telle découverte. Le Thaltos ne put s'empêcher de sourir intérieurement devant la surprise déplacé du Dirigeant.

- "Peut-être avez vous besoin d'aide ?" Lui proposa aimablement l'Eycorché.

- "Non ! Non ! Je n'en ai aucunement besoin ! C'est vrai que je n'ai pas pour habitude d'écrire mes discours, mais avec les rescentes nouvelles de notre sublime Prêtresse, j'ai bien peur de faire un lapsus déplacé, alors que je serais pris par l'ivresse de l'oration." Expliqua t'il, troublé, mais gardant toujours le sourir. "Je me présenterai tel quel devant mon public et lui offrirait ma voix, mon âme et mon coeur, comme je l'ai toujours fait, quitte à m'évader un peu trop."

Le serveur les interrompit un instant, le temps de déposer une bonne chope de bière devant l'Arrénois et une seconde pleine d'un lait bien chaud de chèvre aromatisé à l'amande douce. Erian s'en lécha les babines. Il déposa dans le creux de la main du serveur deux écus, payant ainsi la boisson de Tyl'Sayan.

- "Je vous offre votre bière !" Dit-il en plissant les yeux de malice.

Puis, le serveur s'éloigna, laissant les deux dirigeants tranquille. Erian se permit alors une question tout aussi techinique que la position des nuages et le sens du vent,à savoir :

- "Votre Armée n'a pas eu trop de problème pour se déplacer jusqu'ici ? Je m'inquiéte toujours de tous ces braves citoyens prêts à payer de leur vie pour venir protéger quelques Ramanthins. Quel beau symbole d'union entre les races !" Divagua-t'il.

- " Toujours aussi idéaliste, à ce que je vois... "

C'était la voix d'Ezéchiel qui venait de s'élever, à l'adresse du cher Thaltos qui ne tarderait plus à se laisser emporter dans ses diatribes enthousiastes si on ne l'arrêtait pas à temps... Le lunarticiah s'approcha des deux hommes, décidé à s'installer avec eux, puisqu'il y avait de nombreux points à discourir avant que la fête ne soit trop avancer, histoire de pouvoir parer à toutes les éventualités...
Les paroles du Mélandrin avaient le don de lui faire lever les yeux au ciel, tant leur optimisme lui semblait déplacé... Mieux valait qu'aucune révélation ne lui échappe, car la panique aurait vite fait de transformer les festivités en champs de bataille, et les gens auraient vite fait d'accuser Erian Sal'Hem de leur avoir fait courir des risques inconsidérés si une attaque avait vraiment lieu, si des victimes venaient à être comptées... C'était toujours la faute du dirigeant... Que les soldats tombent au combat, Que la pluie refuse de tomber, que son enfant se soit fait chahuté par les excécrables gamins d'en face, qu'un rôdeur ait volé la perle hérité de la grand-mère... Toujours la faute du dirigeant!
Rien que d'y penser, Ezéchiel aurait depuis longtemps massacrer tout ce joli monde, rien que pour justifier leurs perpetuelles plaintes insipides, "oui maintenant vous pourrez dire que c'est bel et bien de ma faute!"... Et là, deux autres dirigeants se trouvaient assis en face de lui, à boire tranquillement, dans une atmosphère festive qui donnait l'air de vacances. Il se demandait comment ils géraient ce genre de choses, ou s'il était le seul maniaque dérangé qui fantasmait à ce point sur le meurtre chaque fois qu'il devait ouvrir les doléances ou avoir affaire aux réclamations...
Parce que quand les choses allaient bien, que le Sénacle découvrait un nouveau remède, ou que le gouvernement avait signé un traité, ce n'était jamais grâce à lui sur ce point... Non non monsieur! Les dieux s'étaient montrés généreux, voilà tout!
En proie à des pensées, l'homme aux cheveux blancs afficha soudainement un air sombre, son sourcil ticquant convulsivement, parti qu'il était dans son petit monde lunatique inconnu d'autrui, tandis que ses pas le conduisaient jusqu'à la table d'Erian et Lothianyth.
Oui, ce voyage faisait véritablement office de vacances, autant le savourer...

A vrai dire, il n'avait pas pensé les rencontrer ici... Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'alchimiste ne cherchait pas refuge à la taverne pour échapper à l'animation de la place, mais simplement admirer un peu plus au calme la trouvaille qu'il venait de faire... Un ouvrage sans âge qu'il n'aurait jamais imaginer trouver ici, superbe manuscrit d'origine, dont le détenteur ignorait sûrement la valeur réelle, au vue du tarif apposé sur la couverture de cuir... La bibliothèque de Thélus ne possédait de ce grimmoire qu'une seule, et dans un état de décomposition si avancée qu'une grande partie en avait été rendue illisible...
Problème auquel il venait de remédier par une chance des plus fortuites... Non pas que le récit fut d'une importance excessive, les rares formules indiquées par son herboriste d'auteur étant déjà toutes connues depuis fort longtemps, mais le savoir n'avait pas de limite pour les amoureux des livres...

Bref, à peine entré dans l'auberge bondée que le gérant l'invitait à monter au dernier étage, sans plus d'explication... La proposition l'avait étonné sur le coup, moins maintenant qu'il était là, en compagnie de ses deux homologues... Autant partager leur tablée, même si son arrivée, des plus fortuites, relevait plus du malentendu qu'autre chose.
Le paladin comme le barde semblaient d'une humeur remarquable, fraichement reposés et sereins, l'alchimiste paraissait franchment aigri en comparaison...

Le bois grinça contre le sol en pierre brut lorsqu'il tira un siège pour venir s'attabler. Il ne souhaitait pas grandement les interrompre plus qu'il ne l'avait déjà fait, et posa avec précaution le grimmoire dont il s'apprétait à vérifier l'authenticité sur ses jambes croisées - une taverne se révélait déjà un lieu hautement dangereux pour du papier, sans qu'il ajoute encore aux risques en le laissant sur la table. Avec le ton morne si caractéristique qu'on lui connaissait, fruit d'années de fatigue chronique, le nécromancien s'adressa au dirigeant d'arrène, tandis qu'une main leste aux longs doigts blanchâtres et noueux tâchait d'extraire un monocle enfoui quelque part sous ses épaisseurs de cuir multiple.

" ... Et vos armées, donc? "

Technique remarquable de redémarrage d'une conversation, n'était-il pas?
A vrai dire, la question sonnait comme pure formalité... Il ne voyait pas vraiment quel problème pouvait rencontrer une armée lourdement équipée dont le voyage se rapprochait plus de la campagne militaire, même avec la localisation éloignée de la cité guerrière vis-à-vis de Mélandre... Sur ce point, l'un comme l'autre n'étaient pas gâtés... Les capitales formaient un triangle parfait, rendant les voyages longs et laborieux... Les caravanes Arrénoises devaient traverser le fleuve, les Thélusiennes se voyaient contraintes de traverser le désert de Pta'Hotep pour contourner la forêt, rallongeant le voyage à près de 6 jours ... Ca expliquait sans conteste que leurs réunions se déroulent essentiellement à la cité marchande... La traversée de Thélus à Arrène relevait carrément du parcours du combattant pour une caravane de transport...

[Retep Artecad - Place du marché, à proximité du stand d'Athrel]

Retep se trouvait maintenant au cœur de la cohue. Il fulminait. Il était resté trop longtemps à admirer les automates, comme un gamin devant la boutique d'un fabriquant de jouets la veille de son anniversaire. Il n'avait pas remarqué que les commerçants avaient fini de préparer leurs étales et d'y installer leurs marchandises. La foule affluait déjà quand il s'était mis en route à la recherche des marchandises d'Athrel. Il s'était difficilement frayé un chemin au cœur de la place du marché. Du fait du nombre impressionnant de personnes agglutinées autour des stands pour voir les produits étrangers il avait eu encore plus de mal pour repérer le bon stand. Une fois cela fait il avait dû trouver le semblant de fille d'acheteurs au milieu de tous les badauds qui ne faisaient que regarder. Après une longue attente et quelques bourses subtilisées pour la peine il n'était plus qu'à une dizaine de mètres des armes enchantées. Il avait aperçut rapidement ce qui ressemblait à une poignée de sabre, il en salivait d'impatience.

Tout à coup un bruit retentit sur sa droite il se mit sur la pointe des pieds et vit par dessus la foule un cercle vide qui s'était formé. Une bagarre certainement. Ce n'était pas son problème, il s'apprêta à reporter son attention sur le marchand qu'il voulait rencontrer lorsqu'il aperçut le visage de l'un des combattants. Un gamin, tout juste adolescent, l'autre était un adulte. Il devait être fier de sa force ce sale type. Retep regarda successivement le stand du marchand et les deux combattants. D'un côté ce que faisait cet homme le mettait en rogne, de l'autre côté il avait déjà attendu longtemps pour accéder au stand. Le gamin l'avait peut-être mérité? Peut-être pas. Il était bien placé pour savoir que certains trouvaient tous les prétextes bons pour s'attaquer à un môme sans défenses... L'homme souleva de terre le garçon pour lui asséner un coup de poing.

Si il continuait il allait le tuer, qu'attendait la garde pour intervenir? Jamais là au bon moment... Pourtant il y avait plus de soldats que d'habitude cette année. Le visage tuméfié du gosse lui était familier, il chercha un instant avant de se rappeler où il l'avait vu.

*Mais c'est un de nos petits!*

Il se surprit à les considérer comme ses petits, après tout il n'était que le revendeur d'une partie de leurs larcins. Il chercha à se faufiler jusqu'au cercle mais la foule trop compacte ne lui permettait pas d'avancer.

"Arrêtez le bon sang! Il va tuer le gosse!"

Il criait mais seules les personnes proches se retournèrent pour lui jeter un regard curieux. Les autres étaient figés et regardaient. Avaient-ils peur d'intervenir face à une brute qui maltraitait un enfant?

"Mais arrêtez le! Laissez moi passer bande de lâches!"

Il se débattait mais la marée humaine devant lui était aussi compacte qu'un mur.

Angal n'avait eu strictement aucune nouvelle de Thryndra depuis qu'il était parti...Il se demandait si elle allait bien. Enfin, ça, il se le demandait depuis l'instant où il l'a laissé à Arrène... Elle lui avait parlé de retourner à Mélandre, si ses souvenirs étaient bons. Si c'était le cas, il la retrouverait sûrement du côté des Docks. Un passant un peu plus pressé que les autres le bouscula et le tira de sa rêverie.

Il se rendit compte qu'il avait perdu Meelie et Grey dans la foule. Peu importe, il les retrouverait sûrement ce soir, à l'auberge. Ils avaient passé plus de deux mois à voyager -plutot à survivre- ensemble, alors se séparer d'eux aurait dû faire à Angal le plus grand bien...Pourtant, il avait la sensation étrange d'avoir perdu quelque chose de sa propre identité. C'était un peu comme lorsque l'on pose sa tête sur un coussin froid, et que l'on regrette amèrement le lendemain matin, lorsque vient le moment de retirer sa tête de l'oreiller duveteux et chaleureux...

Il flâna plusieurs minutes sur la Place, sans avoir de destinations précise...Il portait plutot son attention sur les riches passants trop occupés à afficher leur supériorité qu'à protèger l'accès qui mène à leur bourse. Il avait déjà amassé un sérieux pactole lorsuq'une voix qu'il sembla reconnaître se distingua de la cohue:

- Arrêtez le bon sang! Il va tuer le gosse! Mais arrêtez le! Laissez moi passer bande de lâches!

Sa curiosité piquée au vif, il se faufila à travers la masse compacte de badauds qui semblaient observer un combat...Plutot inégal, d'après ce qu'il put en juger: il voyait distinctement l'épaisse masse musculaire qui dépaissait de la foule et qui semblait envoyer des coups de poing à tout va, mais pas son opposant...Il fouille un peu plus du regard, lorsqu'il aperçut enfin quelqu'un qui s'agitait:

* Bon sang, mais c'est Retep! C'est lui qui crie de cette façon?...Dans ce cas, ce n'est pas lui qui se bat... *

Il était suffisament près pour apercevoir le petit bout d'homme qui se faisait frapper: il le reconnut avec horreur; il s'agissait de l'un des gamins qu'il avait tenté de recruter pour la Guilde lors de son passage à Arrène! Il fallait faire quelque chose, mais il était à plus de deux mètres, et Retep, qui n'était qu'à quelques centimètres, ne parvenait même pas à intervenir...
Il fouilla alors dans la doublure de sa toute nouvelle veste (qui ressemblait de très près à l'ancienne, à la différence que cette nouvelle avait bon nombre de poches intérieures très partiques pour un Voleur...), et soupesa la bourse la plus lourde parmis celles qu'il avait dérobées. Une fois qu'il l'eut trouvée, il la serra dans son poing, ajusta son tir et...
BANG!

* En plein dans la tête! *

La brute ne tarda pas à se relever, le petit sac de cuir à la main et la marque des écus sur son visage.

- Qui a osé faire ça??! hurla-t-il, en brandissant la bourse.

Angal leva la main, un sourire railleur collé sur le visage, et répondit:

- C'est moi! D'ailleurs, cette bourse m'appartient. Retep, si tu voulais bien me la récupèrer, je t'en serais vraiment reconaissant!

[Abbotsen - Place du marché, en direction du stand d'Athrel - Retep Artecad - Angal Enysth]



Le jeune adolescent jubilait littéralement. Pour lui qui n'avait connu que les terres d'Eucalystà puis Arrène, le voyage en direction de la cité marchande du Sud relevait de l'aventure épique. Au point qu'il était presque content d'avoir attéri sans la salle du Conseil, ce fameux jour où le dirigeant d'Arrène l'avait puni pour vol à l'étalage... Se retrouver au service personnel de l'Eycorché, le dimanche de chaque semaine, avait résonné comme une torture sur le coup, mais finalement il n'en était rien. Pas de facilité, que non! Les guerriers d'Arrène avaient la caractère dur, et l'exigeance du combat dans le sang. Le frêle arachnide n'avait jamais pris tant de coups que durant les courts entrainements au Collisée, qui concluaient régulièrement ses corvées, et la rudesse des gladiateurs pesait lourd face à ses maigres épaules. Mais l'âpreté du gamin, et son mauvais caractère avait fini par le faire apprivoiser des guerriers - comment il l'ignorait - et finalement il s'était montré un peu plus docile, et aussi plus acharné, au fil des jours. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas bénéficié d'autant de compagnie, et il y trouvait plus d'avantages que d'inconvénients.

... ce qui ne signifiait pas qu'il s'était arrangé pour autant.
Pour le voyage, on l'avait mis avec les serviteurs, puisque c'était le rang qu'il occupait à la demeure du dirigeant, et il aurait donc dû resté au cloître avec les autres... C'était sans compter, bien sûr, sur l'agilité de l'incorrigible tête blonde qui refusait de passer 3 jours à subir les remontrances des femmes de chambre alors qu'à l'extérieur, les festivitées battaient leur plein...
A l'origine, il souhaitait juste "regarder", profiter des démonstrations, des curiosités, la cité semblait si cosmopolite qu'il n'en croyait pas ses yeux, tant les visiteurs affluaient d'horizons divers, amenant avec eux les trésors de chez eux...
Mais très vite, ses doigts l'avaient démangé... Comment résister à tout cet étalage de biens?? Avec la foule compacte qui ne rendait les menus larcins que plus invisibles encore...?
En trois jours, il aurait tôt fait de se remplir les poches, et il repartirait ni vu ni connu à Arrène, une occasion rêvée comme il ne s'en présenterait plus avant longtemps!

Ainsi l'arachnide avait il succombé, pour retomber si vite dans ses mauvaises habitudes - qui ne l'avaient jamais quitté en fait - de gamin des rues. A bien y réfléchir, elles étaient même monté d'un cran... D'habitude, il ne faisait pas attention à ce qu'il subtilisait, entrainant simplement ses doigts agiles pour le plaisir, mais là, il faudrait se montrer discret... Pas question de revenir avec une besace pleine à craquer, les memebres de la caravane le découvriraient rapidement sinon.
Il fallait voler utile.
Et justement, il avait des aiguilles à trouver - après le fiasco du marché de la Victoire, il rêvait de ces petites baguettes chaque fois qu'il tombait sur un forgeron... Ca et une arbalète, mais une arbalête n'avait jamais rien eu de discret... Bref, après le plasir des yeux, il en était donc à la seconde étape: celui des mains. Quoi de mieux dans ce cas, que les stands chargés de curieux, ceux des marchands réputés, qui avaient fait l'honneur de venir à la cité...

C'était ainsi qu'il avait décidé de rejoindre les étalages du forgeron Asthrel, qui pour couronner le tout, forgeait en public - même si ces lames de démonstration là n'avaient rien de comparables à ses travaux habituels, l'atmosphère des Volcans n'étant pas transportable...
Mais la foule ne se montrait pas si conciliante avec ses plans, et son avancée se fit de plus en plus rude, sans qu'il en sache les raisons, sa petite taille ne lui permettant pas d'observer par dessus les épaules des badeaux... Finalement, sa petite taille fut aussi son plus gros avantage, et il parvint à déboucher sur un cercle, avant de réaliser que ce pourquoi les gens s'étaient arrêtés: la scène devant lui...
Un homme visiblement pathibulaire qui rossait un gamin qui devait avoir à peine l'âge d'Abbotsen, si ce n'était pas moins...

Et personne ne semblait réagir...

"Mais arrêtez le! Laissez moi passer bande de lâches!"

Ah si!... Des bras s'agitaient dans la foule en face, tentant visiblement d'approcher dans cette direction. L'adolescent savait pertinemment qu'il aurait dû réfléchir plus avant... Sa situation ne lui permettait pas d'effleurer les ennuis, et détourner son chemin se présentait comme la meilleure chose à faire. Seulement, le garçon en train de se faire battre, c'était un gamin des rues, comme lui, quelqu'un pour qui personne ne bougerait... Il le reconnaissait, il avait l'habitude de dormir à la Vielle Tour de l'Horloge, comme lui... Il n'en revenait pas de le trouver ici, dans la ville Marchande... Au final, si on l'avait toujours considéré comme faible dans sa famille, il réalisait souvent que ce n'était pas tant le cas, par rapport aux autres enfants de son âge...


Ses doigts s'enroulèrent autour de deux seibons, leur pointe effilée prête à réaliser leur oeuvre, tandis qu'il s'élança lestement en direction de l'homme, trop occupé pour seulement faire attention à une si petite ombre. Qu'est ce que ça pouvait être, hein? Au pire, la soeur du gamin, qui viendrait supplier à genou qu'il arrête?
Il ne remarqua pas les deux bras agiles qui venaient d'entrer en action non loin, un tintement de pièce, et le type qu'is'égosillait à chercher le coupable....
"Qui a osé faire ça??"

Une nouvelle vois s'éleva, mais Abbotsen, au ras du sol, profita que l'attention de sa cible venait soudainement de changer de direction pour viser le point le plus stratégique et le plus accessible pour lui,: l'articulation du genou. Planter son aiguille dans la chaire de la cuisse était douloureux, mais servait au mieux à exacerber l'agressivité. Planter une aiguille dans l'interstice de la rotule, et avec de la chance vous brisez une jambe comme pour rigoler. C'était le côté cruel de l'arachnide... Avec sa stature, il n'avait droit qu'à un coup, alors il fallait que ce soit le bon.

La première aiguille pénetra aisément, et dans un cri, l'agresseur à la taille imposante, clopina en s'éloignant.

" Considère ça comme une vengeance de ta part " souffla Abbotsen à l'adresse du gosse inconscient.

D'une main agile, , l'arachnide pivota sur la droite pour s'éloigner, prêt à repartir à l'assaut si besoin... Il avait été tenté d'enfoncer une autre aiguille, mais la situation avait déjà de quoi annoncer pas mal d'ennuis en perspective, pour l'homme déjà, qui hurla à nouveau, plus longtemps cette fois, avant de trébucher au sol, les mains plus occupées à se tendre vers son genou blessé qu'à penser au microbe qui en était l'orginie... Mais aussi pour Abbotsen qui se retrouvait sans issue, au centre d'une foule trop compacte pour qu'il puisse s'esquiver, avec bientôt sur le dos un avis d'accusation pour agression...
Parce qu'il était sûr que le gamin écroulé au sol ne s'était pas fait tabassé sans raison... Il avait dû voler, ce qui mettait son agresseur dans son bon droit... Agresseur, qui maintenant que l'archnide le voyait gesticuler après une blessure de ce genre, soupçonnait de ne pas être un guerrier du tout, mais certainement un simple habitant, ne faisant qu'aggraver les charges... Du moins, c'était le cas à Arrène, il n y avait plus qu'à espérer que les lois soient moins expéditives envers les voleurs ici...

* Pourquoi est ce que je réfléchis jamais à deux fois dans ce genre d'embrouille.... *

Grey était en train d'admirer une splendide épée sur le stand d'un forgeron réputé. Il avait perdu Angal et Meelie un peu avant. La Lunarticiah lui manquait vraiment, le Sam'hein un peu moins à cause de son incessant babillage... Néanmoins, au milieu de cette foule immense, le Hellbereth se sentait étrangement seul et se prit à se demander où étaient ses compagnons. Le prix de l'épée était atrocement élevé, il ne la regardait que pour admirer sa facture simple et efficace. Elle était impressionante, magnifique, parfaitement équilibrée et d'un poids correct pour sa taille. Cette splendeur avait néanmoins un défaut, son prix. Il la reposa avec un pincement au coeur et se retourna pour s'éloigner. C'est à ce moment qu'il entendit du rafut. Il tourna les yeux et grace à sa haute taille il distingua un espace vide. Un homme y était debout, frappant aparemment sur quelqu'un. Les gens regardaient sans bouger. Il se demanda ce qui se passait, le combat était-il si intéressant? Il entendit un cri sur sa gauche, à peine quelques mètres plus loin, un homme blond gesticulait et essayait de passer, en vain. Des pattes articulées sortaient de son dos, machinalement Grey se gratta le dos de la main droite. Il tendit l'oreille pour comprendre les paroles de l'homme.

"Il va tuer le gosse! Mais arrêtez le! Laissez moi passer bande de lâches!"

Un gosse? Grey commença à longer les étales, dérengeant les clients... Se déplacer était plus facile à cet endroit. Il bouscula plusieures personnes, regardant toujours le cercle. Un objet rebondi vola et percuta la tête de l'homme au milieu du cercle.

"Qui a osé faire ça??"

Une main se leva et Grey ne fut qu'à moitié surpris de découvrir qu'elle appartenait à un Angal au sourir goguenard. Il dit quelques mots s'adressant à un certain Retep... Qui était-ce? Il ne le savait pas. Il bifurqua pour rejoindre le bord du cercle le plus proche, il fallait arrêter cette brute. Soudain il vit l'homme se mettre à sautiller sur place. D'où il était il avait à peine vu le mouvement rapide de la fine silhouette qui venait de se porter au secours du gamin allongé à terre, inconscient. Un autre enfant était intervenu, il ne savait pas ce que ce dernier avait fait mais si jamais la brutte se remettait de sa douleur, ce qu'elle n'avait pas l'air prête à faire avant un moment, il serait peut être une prochaine victime. Grey tendis les bras devant lui et bouscula sans ménagement la foule immobile.
C'était comme si les passants retenaient leur souffle en attendant la suite. Quand le Helllebereth arriva au bord du cercle, il eut l'impression de pouvoir à nouveau respirer.

Il courut au centre s'empara de la bourse toujours à terre, ramassa le gamin au sol et se hâta dans la direction où se trouvaient Angal et l'inconnu qui avait crié le premier. Il tendit un bras et écrata la foule. Il se tourna vers le gosse qui était intervenu.

"Si tu veux partir c'est le moment. Je ne sais pas ce que tu as fait, mais si il se remet tu auras surement des ennuis."

Il attendit la réaction du gamin, la foule toujours écartée, n'osant pas forcer pour se refermer devant sa carrure impressionante.

[Ezéchiel Sheryde - Lothianyth Tyl'Sayan - Erian Sal'Hem - Dans la Taverne ]

~¤Erian répondit si vite que Loth en sursauta presque:
- Non ! Non ! Je n'en ai aucunement besoin ! C'est vrai que je n'ai pas pour habitude d'écrire mes discours, mais avec les rescentes nouvelles de notre sublime Prêtresse, j'ai bien peur de faire un lapsus déplacé, alors que je serais pris par l'ivresse de l'oration. s'exclama-t-il, un sourire légèrement effacé sur le visage. Je me présenterai tel quel devant mon public et lui offrirait ma voix, mon âme et mon coeur, comme je l'ai toujours fait, quitte à m'évader un peu trop.¤~

~¤Le serveur l'interrompit -Dieux merci- afin de déposer leurs boissons sur la table. Sal'Hem tira alors deux pièces de sa bourse, et les déposa dans la main du valet:
- Je vous offre votre bière !
- Et je vous en remercie, répondit calmement Loth, en rendant son sourire à Erian.
Une fois que le serveur se fut éloigné, le Mélandrin reprit:
- Votre Armée n'a pas eu trop de problème pour se déplacer jusqu'ici ? Je m'inquiéte toujours de tous ces braves citoyens prêts à payer de leur vie pour venir protéger quelques Ramanthins. Quel beau symbole d'union entre les races !¤~

~¤L'Eycorché était sur le point de répondre sur un ton ironique que faire traverser plusieurs centaines de kilomètres à une armée n'avait jamais été une partie de plaisir, lorsqu'une voix à monocordie reconaissable s'éleva faiblement dans la salle:
- Toujours aussi idéaliste, à ce que je vois...¤~

~¤Un lourd silence s'installa. Sheryde avait toujours eu cette capacité à plomber l'ambiance. Il respirait la sagesse autant que la lassitude, cela se reflètait dans le moindre de ses gestes et de ses paroles. Loth n'amait pas cela, il avait sans arrêt l'impression d'être jaugé...
Le nécromancien s'avança lentement vers eux, un vieux livre poussiéreux à la main, la mine sombre. Il produisait un contraste affligeant avec le reste de la tablée, qui était visiblement détendue. Ezechiel tira un monocle de sous ses vêtements, le porta à son visage, et, tout en observant attentivement la couverture de son bouquin, demanda de façon nonchalante:
- ... Et vos armées, donc?¤~

~¤Il était étonnant de constater à quel point l'écart des années se faisait ressentir. Lothianyth, comme à chaque fois, avait l'impression d'être un gamin face à cet homme presque bicentenaire...Il tenta malgré tout de ne rien laisser paraître, et se réfugia derrière son habituelle ironie.¤~

- Mes hommes m'ont dit qu'ils ont trouvé la promenade tout à fait charmante. Vraiment, gambader dans la campagne sous le soleil, parmis les fleurs, les a revigoré. Je devrais les envoyer parcourir plusieurs centaines de kilomètres plus souvent.

~¤Les Dirigeants étaient habitués à ses moqueries, à présent, aussi reprit-il plus sérieusement, sans craindre de les avoir offensé:
- Je suppose que vos hommes aussi se demandent ce qu'il peut bien se passer. Ils ne sont pas idiots, ils savent parfaitement qu'habituellement, nous n'avons pas besoin d'autant d'effectifs pour baliser les Plages. Ce n'est qu'une question de temps avant que des rumeurs ne circulent...¤~

~¤Lothianyth marqua une pause, durant laquelle il prit une gorgée de bierre.¤~

- Reste à savoir ce qu'il convient de faire: laisser circuler des "on dit", ou leur dire la vérité.

~¤Bien que Loth comprenait bien le dilemne dans lequel Erian s'était trouvé, il n'approuvait pas entièrement sa décision de laisser se dérouler la fête sous une pareille menace -même s'il n'avait jamais vraiment cru cette Pretrêsse...¤~

Les évènements s'enchainaient à une allure plus que rapide. En une fraction de seconde, le petit corps étendu non loin de lui s'était vu soulevé dans les airs. Abbotsen avait d'abord cru à une nouvelle agression, voire à l'intervention d'un garde, mais il s'agissait d'un homme aux cheveux gris, les yeux rouges flamboyants, dont la présence semblait due au hasard, comme pour la majorité des gens présents...

D'ailleurs, la foule commençait à s'agiter... Les marchands, vite intrigués par l'agglutinement suspect, devaient craindre suffisamment pour leur possessions, et les passants mécontents de se voir bloquer le passage, commençaient à râler. Pas étonnant dans ces conditions, avec le doublement voir le triplement des effectifs de surveillance, de voir rapidement intervenir la milice... Les gardes n'avaient pas encore compris la situation, trop loin pour jauger ce qu'il se passait, si bien qu'ils ne représentaient pas encore une menace inquiétante. Sans hâte, ils se contentaient de traverser la foule en exigeant des badeaux de se disperser, persuadés qu'il s'agissait là d'un quelconque argument entre deux acheteurs trop zélés, chose courante lors de vastes marchés comme celui-ci...

Mais le jeune arachnide n'était pas suffisamment fou pour attendre qu'ils s'approchent suffisamment... A l'invitation de l'étranger qui se chargeait d'écarter la foule, l'adolescent s'élança, non sans répliquer à la remarque, avec un petit ton aigue sur la défensive:

" ...Mais c'était pour la bonne cause, cette fois! "

Sa phrase ne s'adressait pas nécessairement à l'homme, le gamin ronchon marmonnait souvent comme ça, son mauvais caractère impossible à taire bien longtemps.
Il n'avait pas encore la certitude de le suivre très loin, il estimait avoir déjà pris sa part d'ennuis - Til'Sayann ne serait pas aussi indulgent une seconde fois - et sa frêle carrure représentait un atout, qui lui permettrait rapidement de disparaitre dans la foule.
Mais pour lors, il était bien décidé à coller son meneur, au moins le temps de s'assurer qu'il était réellement venu en aide à l'inconscient blessé.

On était jamais trop méfiant...

A terre, l'agresseur blessé, se mit à crier, alertant les soldats jusque là peu ethousiastes:
" Gardes! La milice, par ici, à moi!! "

* Awwww c'est le bouquet, il trouve le moyen de se poser en victime en plus.*

Les pensées s'échappèrent aussi vite qu'elles étaient venues, tandis que commençait la course, maintenant que le trouble englobait la milice...
Il en avait marre, de toujours avoir à échapper à la milice...

*Hum... je me demande où sont passés Grey et Angal...*

Meelie errait dans un stand tenu par un herboriste, regardant avec un interêt non feint les produits qui y étaient vendus. Aujourd'hui, elle avait opté pour un vêtement typiquement Lunarticiah : un genre de longue toge bleue et blanche, qui ondulait gracieusement à chacun de ses pas, lui donnant un certain charme sans être aguicheur. Elle maintenait fermement son sac, sachant très bien qu'il pouvait y avoir des gens bien mal avisés, mais gardait un sourire serein, la bonne humeur lui chauffant le coeur...
La jeune lunarticiah se sentait soudain revivre en voyant tout ce peuple, cette ambiance, en bref tout ce qui faisait les points forts du marché. Elle qui depuis toujours vivait un peu en recluse (n'ayons pas peur des mots), plongée en permanence ou presque dans ses bouquins, avait depuis peu découvert les joies de l'aventure, grâce à ses nouveaux compagnons. Depuis qu'elle les a rencontré, sa vie changea du tout au tout, et avec ses deux compères, elle vécut une sacrée aventure, où chacun manqua de mourir plus d'une fois ! Mais malgré les dangers qu'elle a vécu, Meelie en garda un excellent souvenir, car en dépit du danger, elle avait gagné deux amis, et pour la lunarticiah, l'amitié était bien plus précieuse que toutes les richesses qu'exhibait la classe aisée de la ville et que Meelie prenait en grippe.

- Excusez moi mademoiselle... je peux vous aider ?

Meelie sortit soudain de ses pensées, alors que le marchand lui souriait en tendant la main vers les mains de la lunarticiah, pleines de plantes de toutes sortes.

- Vous semblez perdue... je peux vous porter conseil si vous voulez...
- C'est gentil merci, mais j'ai déjà trouvé ce que je voulais, répondit Meelie en lui tendant la myriade de plantes médécinales qu'elle avait selectionné.
- Ah, je vois que mademoiselle est experte en matiére d'herborisme...
- En effet ! je soignait souvent les animaux de la forêt des murmures quand je tombais sur des créatures blessées... j'ai appris autant de par les livres que de par la pratique... et puis c'est toujours utile !!

Et ce fut comme ça durant quelques minutes !! Jusqu'à ce que les autres clients signalent leur présence, coupant court la conversation qui promettait d'être passionnée des deux côtés !! Donc, sachant pertinemment que l'herboriste était très occupé, Meelie acheta donc les plantes qu'elle avait choisi, mais curieuse comme pas deux, elle resta au niveau du stand, espérant que peut-être l'herboriste aurait bientôt quelques minutes à lui. De toute manière, la jeune lunarticiah avait tout son temps...

[Grey Korahm - Retep Artecad - Angal Enysth - Abbotsen Frenanh - Place du marché, à proximité du stand d'Athrel]

Constatant que Grey mettait les deux pieds dans le plat, qu'il avait emmené les deux gamins (et surtout sa bourse) et que les deux encore conscients cherchaient à échapper à la milice, Angal fit un signe de la main à Retep en guise de salut, et partit droit en direction des miliciens.

Il se planta devant eux, en prenant un air renfrogné:
- Messieurs, je suis content que vous soyez là! s'exclama-t-il, sans faire attention à l'homme derrière lui qui continuait de beugler. Voyez vous, je viens de constater que l'on vient de me subtiliser mon argent!
Tandis qu'il parlait et que les miliciens hochaient de la tête tout en essayant de la contourner, Angal s'arrangeait pour leur bloquer le passage aussi longtemps que possible. Il remarque du coin de l'oeil que plusieurs passants avaient passé la main à l'intérieur de leur manteau ou à leur ceinture pour vérifier si leur monnaie était toujours présente.
- Ecoutez, je ne peux rien pour vous pour l'inst...
- Comment! Voyez vous, je suis l'hôte de Monseigneur Sal'Hem en personne, et je suis affligé de constater que la milice de cette ville qu'il aime tant est si peu efficace!
- Monsieur, j'en suis désolé, mais...
- Croyez-moi, vous regretterez votre négligence! Votre nom?
- Que...euh...Diler, monsieur...je...
- Eh bien Diler, cessez donc votre babillage, et allez aider ce pauvre homme, là derrière! Et commencez à vous chercher un nouveau travail!
- Je...euh, oui, monsieur...

Angal eut beaucoup de mal à se retenir d'éclater de rire en voyant l'air effaré du milicien. Il laissa passer le reste de la troupe, et crut reconnaître l'un des soldats...qui sembla le reconnatre, lui aussi:
- Chef! Chef!! Je le connais!
Le Sam'Hein se souvint alors: il faisait partie de la troupe qui l'avait poursuivie dans les Docks, alors même qu'il s'enfuyait en compagnie de Retep...

- C'est un satané voleur!!
- Oups, déglutit Angal, en faisant volte-face.

Sans demander son reste, il se traca un chemin à travers la foule, mais sa route fut coupée par l'un des canaux qui sillonaient la place. S'il n'avait pas été Sam'Hein, ce canal aurait été un moyen d'évacuation des plus efficace...Il prit son élan, et s'élança au-dessus du cours d'eau. Il atterit de justesse; peut-être un peu trop: l'un de ses pieds dérappa, et son corps pencha dangereusement en arrière...lorsqu'une main lui empoigna fermement le col.

Ezéchiel Sheyride fit son entrée, l'air perdu, se forçant à s'approcher des deux autres dirigeants. A vrai dire, le Thaltos aimait beaucoup cet homme, il lui attribuait beaucoup de qualité. Il reconnaissait surtout parmi elles, sa passion pour la magie, les livres, les bibliothèques et les promenades bercées par les lucioles. Il n'en était pas sûr mais il s'imaginait que Sheyride était plutôt du genre à aimer la simplicité d'une nuit interminable où les lueurs du soir n'étaient pas des étoiles mais des insectes chaleureux. Cette image importée directement de ce qu'Erian pouvait connaître de Thélus, se fixait sur le stéréotype qu'il se construisait de tous les habitants de la ville. Le lunarticiah y collait parfaitement, du moins pour l'instant. Il n'aurait eu qu'un seul reproche à lui faire : Sa difficulté à construire des phrases très longues, oralement parlant.

Le centenaire finit par s'assoire près d'eux, un énorme livre à la main. Erian se félicitait encore des nombreux vendeurs qu'il avait invité à Mélandre. Parmi eux, un marchand de livre avait pu apporter un merveilleux sourire intérieure, une lumière dans le coeur glacé de ce chère Sheyride. Le Thaltos se frotta les mains mentalement. Il avala alors une grosse gorgée de lait en écoutant ironiser Tyl'Sayan à propos du voyage de son Armée.

Il était clair qu'un effectif comme celui-ci n'avait jamais été mis en place auparavant pour la Fête du Ramanthin. En général, il se bornait à couvrir légèrement les Plages de L'Isthme pour éviter à qui que ce soit de voler les oeufs si précieux des Ramanthins, ou de finir dévorer par un Léviathan à cause d'une poussée soudaine de curiosité dérisoire. La milice aussi n'avait jamais eut autant de représentant pour couvrire les rues de Mélandre, ce qui génait particulièrement la mise en place de bon nombre de vol, prévu à aggrandir les coffres de la Guilde des Voleurs. La fête du Ramanthin était bien sûr un lieu de joie, d'amour, de bonheur et d'amusement, mais elle servait aussi à nourrir les orphelins qui siégeaient à la guilde en regroupant des fonds non-négligeables grâce aux mains baladeuses des pique-pockets. Ca, Erian ne pouvait l'expliquer à personne, et surtout pas à un dirigeant comme Tyl'Sayan, qui d'après les légendes coupaient des mains à ceux qu'il suprenait en train de voler une pomme. Il y avait là une raison à prendre en compte qui avait poussé Erian à ne pas reporter la Fête, mais cette raison ne serait jamais valable pour ceux qui ne peuvent voir dans un pauvre enfant, qu'un voleur potentiel limitant leur profit personnel.

- "Reste à savoir ce qu'il convient de faire ? Laisser circuler les "on-dit", ou leur dire la vérité ?" S'essaya Tyl'Sayan, comme pour troublze la quiétude d'Erian.

La question ne s'était pas souvent posée à lui de la sorte. Seul son inconscient lui répétait inlassablement qu'il faisait fausse route en essayant de camoufler un danger de la taille d'un Dragon. Pourtant, il lui restait des arguments, une idée à develloper, un dilème qu'il avait souvent retourner dans sa tête pour se persuader de continuer à organiser la fête, tout en occultant les besoins essentiels de la Guilde.

- "Eh bien ! A vrai dire, il n'y a qu'une seule possibilité d'après mes estimations ! Tout dépend de l'importance que vous portez à la prédiction de la Prêtresse. Personnelement, j'ai toujours eut du mal à croire en de telle prévision, même si Rysenn m'a fait l'honneur de venir elle-même m'annoncer ses visions." Dit-il, marquant une pose pour reprendre son souffle.

Il était lancé. Pas même une arbalète pointée sur son crâne ne pouvait le forcer à abréger le flot de parole qu'il allait relâcher, traduisant la réponse complexe qu'il s'était construit durant le mois dernier.

"Voyons donc ça sous deux angles différents, qui reflêtent les deux points de vues que pourraient adopter la population. Car oui, il s'agit de point de vue. Il y a d'un côté ceux qui base leur vie sur les prédictions d'une Prêtresse et ceux qui ne les considères que comme des paroles qui ne prouvent leur valeur qu'une fois sur cent. Il existe bien sûr le comportement limite de celui qui ne sait sur quel pied dansé, mais celà est une autre histoire." Continua t-il, puis se permit une pause rapide pour avaler d'une gorgée bruyante un doux nuage de lait.

"Si je m'étais trouvé dans le cas de ceux qui croient dur comme fer aux dires de Rysenn, Mélandre serait aujourd'hui vide de monde car il m'aurait fallut pousser tous mes habitants à quitter la ville pour se réfugier ailleurs en lieu sûr. Si la prédiction après coups s'était révélée fausse, ce déménagement de masse aurait pu entrainé de graves problèmes économiques et sociaux. Je ne préfère même pas imaginer une telle débacle. Dans le second cas, celui où l'ont ne croit pas, il est facile de laisser les choses faire. Maintenant prenons le cas actuel, dans lequel nous ne sommes sûr de rien. Que faire, si ce n'est laisser les choses faire et limiter les dégats ? Il m'est impossible d'annuler la fête pour la simple et bon raison que je n'ai rien de tangible pour expliquer son annulation alors que j'ai ouvertement annoncé en place publique qu'elle serait la plus belle jamais réalisée à ce jour. J'ai pourtant réduit mes désirs pour nous donner aujourd'hui ce que vous avez sous les yeux. Nous devons rester les gardiens de ce secret et subir les éventuels répliques qui nous viserons lorsqu'il nous faudra rendre des comptes."

Il s'arrêta enfin, attendant avec impatience la réponse des autres atablés. Il jeta un coups d'oeil à sa montre. Il ne devait pas trop tardé, son discours devait avoir lieux dans une demi-heure.

Le Thélusien, s'il n'était pas orateur, prenait en revanche grand plaisir à écouter - chose tellement plus facile - et à réfléchir... La discussion prenait enfin le tour qu'il aurait voulu aborder la veille déjà, sans en avoir eu l'occasion. Si Lothianyth avait une qualité, c'était bien celle de dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas, clair et sans détour qui plus est, souvent avec une ironie acéree que le nécromancien, s'il n'en usait pas personnellement, partageait relativement.
On ne pouvait pas en dire autant de la réponse du barde, qui trahissait le lourd dilemne auquel il faisait face. Ca le rendait presque fragile, alors que le Thaltos dépassait ses deux compagnons de presque deux têtes...

A vrai dire, Ezéchiel avait du mal à se prononcer sur la conduite à adopter, il avait toujours été habité par une espèce de détachement constant vis à vis des évènements, qui le rendait souvent antipathique aux yeux de ses conseillers, d'ailleurs.... Il avait vécu longtemps déjà, une grande partie de son existence baignée par les conflits perpétuels qui déchiraient Initium, même s'il n'en avait pas été un acteur direct... Si une chose était ressorti de tout cela, c'est que la crainte crée la discorde. En temps de conflit, les champs de bataille faisaient parfois moins de victimes que les cités en proie à la panique... Evacuer une cité comme Mélandre s'annonçait un challenge impossible, car il n y avait nulle endroit suffisant pour accueillir la totalité des habitants, sans compter les récalcitrants qui refuseraient de laisser leur possessions. Et après? La crainte se répandrait comme de la poudre, non plus aux seuls citadins, mais aux zones où ils se verraient évacuer... Quant à la ville vide, et les pillages se multiplieraient, créant un désordre inimaginable au retour des habitants s'il s'agissait d'une fausse alerte... S'il s'agissait d'une vraie... Alors les hôtes qui avaient accepté d'accueillir temporairement les réfugiés auraient tôt fait de vouloir s'en débarrasser, et la situation se révélerait tout aussi complexe.

La différence entre les deux scénarios, de prévenir ou d'ignorer la menace, se trouvait dans la survie de sa population.
On en revenait donc toujours à la même interrogation: à quel point la mise en garde était-elle fiable?

" La prêtresse L'a-t-elle nommé directement? " demanda le lunarticiah, en faisant référence au dragon, visiblement en pleine réflexion. " Car aucune activité suspecte n'a été observée jusqu'aux riff de l'Océn des Disparus... "

Le riff constituait la limite connu de l'Océan, au delà s'étendaient les Eaux inexplorées, même pour une créature volante, cela signifiait plusieurs jours de voyage avant d'atteindre les côtes... Les mystères du gingantesque Océan constituaient à la fois l'assurance la plus fiable, et le doute le plus profond: rien ne garantissait que la menace n'aurait pas possibilité de venir d'ailleurs, si les Eaux inconnues communiquaient avec un autre Océan, menaient à une autre partie du monde, un accès vers Initium, autre que cet Océan?

" Néanmoins... " reprit le nécromancien, en retirant le précieux monocle qui lui permettait de déchiffrer son parchemin, " Si j'approuve la décision de maintenir le secret, je ne peux pas en dire autant du maintien des festivités. La population de Mélandre a presque doublé avec le nombre de visiteurs... "

Qu'un danger plâne sur sa propre population était une chose, mais si la catastrophe s'abattait sur telle quantité de visiteurs, le risque de tension avec les peuples alentours prenait des dimensions cataclysmiques pour la fragile tenue de la Coopération Pacifique.
La situation pouvait être tournée et retournée en de multiples sens, il n'arrivait pas à comprendre la décision du Mélandrin, somme toute l'option la plus risquée aux yeux du Thélusien, et celle qui ferait le plus de victimes... Mais le Thaltos avait toujours eu cette particularité d'être prisonnier de ses paroles, aussi loin qu'il se souvienne... L'homme supportait difficilement d'avoir à revenir sur ses paroles, de décevoir ceux qui croyaient en ses promesses... Une noblesse d'esprit, certes, mais qui montrait toute l'étendue de son double-tranchant aujourd'hui...
... Ca et très certainement un nuage de caprice à l'idée de pouvoir faire la fête pendant 3 jours... Un peu de musique, et les Thaltos quittaient le monde tangible, c'était connu.

Une raison de plus de détester les discours. Quand on ne promettait rien, personne ne risquait d'être déçu, et ça limitait les contraintes... Ce qui expliquait sans doute aussi que tant de Thélusiens aient envahi la cité marchande, sans doute en manque d'animation sur leurs propres Terres.

Retep comprit que l'homme qui avait saisi le gamin cherchait à l'aider, il l'avait aussi vu prendre la bourse d'Angal. Tant pis pour son ami, il n'avait qu'à pas la jeter. Et puis il avait un doute sur le fait que cette bourse ait toujours appartenu à son ami. Il se tourna à temps pour voir le Sam'hein arrêter la milice, il se dit qu'il devrait peut être voir comment s'en sortait le porteur de l'enfant et parti dans l'autre sens. Il ne le voyait plus, la foule s'était remise à se mouvoir lentement, il était difficile de le repérer, il traversa un pont regarda dans des venelles proche mais ne trouva nulle trace de l'homme. Il se retourna à temps pour voir Angal bondir depuis l'autre berge du canal à côté duquel il se trouvait. Le Sam'hein s'accrocha de justesse et commença à glisser. Retep courut et l'attrapa au dernier moment par le col.

"Merci qui?" dit-il, un sourire radieux sur le visage, en remettant le jeune voleur sur ses pieds.

La milice faisait le tour pour franchir le pont, Retep attrapa la manche d'Angal et partit en courant à l'opposé. Ils bifurquèrent dans des rues sinueuses. La foule y était moins dense que sur la place mais gênait quand même leur course alors qu'elle s'écartait devant les soldats.

"Désolé pour ta bourse au fait, l'autre s'est barré avec."

Il poussa soudain Angal dans un renfoncement, ouvrit la porte qui s'y trouvait et entra précipitamment dans ce qui ressemblait à une auberge.

"Salut Ret..." Commença le commerçant.

"Je ne suis pas là, tu ne m'as jamais vu!" Le coupa l'Arachnide.

Il prit une clé au panneau où étaient accrochées celles des chambres vides et monta les escaliers quatre à quatre.

"On est en sécurité ici" Chuchota-t-il à Angal.

Pta'Hotep... Ce desert est une vraie fournaise surtout pour un eycorché habitué aux humide et froide caverne des Pics de Vallandryan. C'est par ce chemin qu'il avait dû contourner la grande fôret des Murmures, endroit dont on ne sort pas à ce qu'il paraitrait. Il commencerait presque à regretter d'avoir suivit les indications de cette maudite lettre.

"-Pourquoi fallait il que nous allions à Mélandre ? Cette ville n'est que marchés en tous genres, remplie des brigands de la pire espèce, des marchands ! L'obscurité de Thélus me manque déjà..."

Assit à la table d'une taverne lambda où les gens ne s'occupent guère que d'eux même ici. Lieux de contrebande mais aussi de réunion pour des hommes politiques recherchant la discretion pour leurs affaires douteuses, ici le tavernier était probablement le mieux informé de tous. Chacun compte sur sa discretion en lui offrant les meilleurs pots de vins mais tous négligent qu'il finit par prendre gout à l'argent et qu'un silence acheté peut etre rompu de la même manière.

"-Bon alors, je vous sert quoi ? Vous aussi vous venez pour la fête ? A vous regarder on remarque tout de suite que vous n'etes pas d'ici, je me trompe ?"

"-Votre intuition ne vous trompe pas ! J'ai dû traverser mille calvers, pourfendre cent monstres qui en voulaient à ma chaire, et offrir dix piècettes à un garçon pour qu'il me permette de remplir ma gourde et ainsi ne pas mourrir désséché par la chaleur accablante du desert. Non je ne suis pas d'ici et croyez moi je le regrette ! Le voyage m'aurait été epargné !"

Dans les intonnations que prennaient Serenteï on sentait très bien la peine qu'il avait eut à venir jusqu'ici. Bien qu'il n'ai mentionné que les grandes lignes de son périple l'homme, et les quelques curieux qui s'étaient ramassés autour d'eux, avaient vite comprit qu'il avait traversé le desert. Sans doute venait il d'une ville proche de Thélus voire même de la capitale elle même. La différence des climats en donnait des frissons à tous ceux qui avaient un jour eut la malchance de l'expérimenter.

Mais maintenant tout cela été derriere lui, finis les scorpions geants qui vous sautent dessus lorsque vous ne faites pas attention à où vous mettez les pieds, finis aussi de se disputer la couverture pour la nuit. Il faut dire que les nuits dans le desert sont particulièrement froides et voyager à deux, bien que cela comporte de grands avantages le jours, devient un calvaires si l'on n'est pas prévenu de ce détail. Et enfin plus jamais il n'aurait à payer pour soulager sa soif, pas dans cette cité où l'eau est omniprésente. Tout de même il ferrait des recherches pour etre sur que l'eau été bien potable, un empoisonnement aux eaux usées est si vite arrivé. Oui, maintenant il pouvait de nouveau respirer un air frai et humide en même temps, et cela pas seulement la nuit, il se trouvait dans la ville portuaire la mieux coté de tout Médian et ce n'était pas peu dire.

"-Et pourquoi avoir traversé tant d'epreuves ? Vous devez avoir une chose importante à faire ici, ca ne peut pas être seulement la fête si ?"

La perspicacité du tavernier commencait à amuser le jeune barde sans instruments, en effet il aurait été bien fou de ne venir ici que pour trois jours d'amusement incertain alors qu'il était assuré d'en passer douze dans un milieu inhospitalier. Il se pencha vers l'homme comme s'il voulait que ce qu'il allait lui dire ne devait pas etre entendu d'oreilles indiscretes.

"-Je suis menestrel à mes heures mais je n'ai put me proccurer aucun instrument de qualité à Thélus. Et puis à Mélandre celui qui ne trouve pas c'est celui qui ne cherche pas ! Vous voyez ce que je suis venus faire donc !"

L'homme prit alors un air fier, bomband le torse il regarda le jeune Eycorché en tendant une main dans le vide. L'art de la diplomatie il connaissait et un moyen sûr de ne pas attirer les soupcon sur ses intentions été de s'en préter des flatteuses pour les autres. Mais il n'oubliait pas cette lettre étrange, probalement écrite par son père qui avait le chique pour ne jamais donner toutes les cartes sur un sujet afin que son fils soit obligé de se démener pour découvrir les manquantes. C'était le meilleur moyen qu'il avait trouvé pour que ce dernier se fasse un caractère solide ce qui n'était pas sans enerver Serenteï par moments, comme lorsqu'il était dans le desert, mais au fond de lui il savait que ce n'était pas une si mauvaise façon de faire.

La lettre stipulait qu'au lieu de tous les rires se produirait la plus grande des catasrophes de son époque. Serenteï connaissait son père pour être un riche marchant mais pas pour un homme qui lisait l'avenir. Surrement savait il ce qu'il disait et pour cette raison pas l'ombre d'un doute ne naquit dans l'esprit de son fils mais des questions, elles, se multiplièrent depuis ce jour. Comment pouvez t-il savoir cela ? Quel genre de catastrophe peut etre pire que le brasier d'il y a dix ans qui ravagea une bonne partie des récoltes dans les Pics de Vallandryan ? Que pourrait il faire en se trouvant sur les lieux si la catastrophe avait bien lieu ? S'il devait l'empecher d'arriver pourquoi ne pas lui donner plus d'informations ?

Autant de questions qui le menèrent à penser que son père pourrait bien être le futur auteur d'un acte criminel de grande envergure. Cette idée lui faisait froid dans le dos. Son père, un homme si bon et si erudit, comment pourrait-il faire une telle chose ?

"-Je ne devrais pas penser ce genre de choses ! Je suis un mauvais fils !"Hurla t-il crescendo.

L'assistance le dévisagea dès lors, bien que son visage soit caché par la chevelure blanche qu'il laisser tomber volontairement. A entendre le silence soudain dans la taverne il sut qu'on le regardait bien qu'il fut incapable de voir. Il fit un signe de la main et leva une coupe rempli d'un vin qu'il avait commandé en prenant une allure d'ivrogne. Il repéta dès lors une nouvelle fois qu'il était un mauvais fils avec cette fois plus de calme mais l'accent joyeux de l'homme saoul qu'il paraissait être. Peu de temps après on se désintéressa de lui en comprenant ce qu'il était.

"-Dis moi tavernier, saurais-tu me dire ce que représentent ces plans ?"

Il lui présenta un vieu parchemin où étaient dessinés très précisement des machines volantes qui étaient utilisée pour lancer les feux d'artifices. Le tavernier n'avait pas l'air de les reconnaitre mais en voyant la complexité des schemas il reconnu la très occulte mais dites utile science de la géométrie. Il préférait encore s'occuper de servir ses clients autant en vins qu'en marchandises douteuses issues du marché noir que se pencher sur une feuille et y tirer des traits pour un résultat à la qualité artistique qu'il n'avait jamais sut apprécier.

"-Pour ton machin je te conseillerais d'aller discuter avec un des érudits, ils en savent plus que moi la dessus."

Se penchant de plus en plus vers le tavernier, interessé par l'information qu'il lui donnait il plissa les yeux et tendit l'oreille. Mais le tavernier ne lui apprenait rien. Surrement un érudit aurait sut lui dire ce qu'était cette machine mais lui même le savait déjà et sa question cachait en fait une question plus simple qu'aurait put lui donner n'importe qui pour peu qu'il les ait vu : "Où se trouvent ces machines ?". Car avec la lettre et le prospectus ce plan était son dernier indice sur ce qui allait se tramait ici.

"-D'accord, j'y penserais alors ! Je crois que je vais d'abbord me fournir ma lyre !"

Et alors qu'il se dirigeait vers la sortie sans regarder faire attention à ce qui se trouvait devant lui il se prit le pied dans la botte malintentionnée d'un farceur et se retrouva au sol. Les deux ailes qu'il cachait jusque la sous l'épaisse chevelure et attachées par de solides ceintures se laissèrent voir durant l'instant du choc. Rapidement il se releva, rattacha ses ceintures et cacha de nouveau le visage caractéristique de son espèce.
Il se retourna vers le fautteur et le salua gentiment.

"-Votre aimable geste est tout à votre honneur ! Je prie pour qu'on vous le rende un jour ! Maintenant si vous voulez bien m'excuser monsieur..."

[Ezéchiel Sheryde - Lothianyth Tyl'Sayan - Erian Sal'Hem - Dans la Taverne ! ]

~¤Lothianyth écouta attentivement les deux Dirigeants discourir. Chacune de ces discutions "diplomatiques" lui permettait d'en apprendre un peu plus sur ce qu'il convenait de faire, de dire ou ne pas dire. En l'occurence, Erian tentait tant bien que mal de se défendre, même si Loth eut l'impression que le Barde leur cachait des choses. Il entama un long discours, auquel Ezechiel répondit avec son flegme habituel en quelques mots.¤~

- La prêtresse L'a-t-elle nommé directement? Car aucune activité suspecte n'a été observée jusqu'aux riff de l'Océan des Disparus...

~¤Le Nécromancien marque une courte pause, durant laquelle il prit un air pensif, ses yeux fixant vaguement un point sur la table.¤~

- Néanmoins... reprit-il, en retirant son monocle. Si j'approuve la décision de maintenir le secret, je ne peux pas en dire autant du maintien des festivités. La population de Mélandre a presque doublé avec le nombre de visiteurs...
- Je suis d'accord avec Sheryde. Faire le choix de ne pas évacuer la ville ne concerne que vous, Sal'Hem, mais décider de maintenir les festivités en prenant le risque d'entrer en conflit avec d'autre peuples -alors même que les tensions commencent à s'apaiser- si jamais les choses tournent mal, ce n'est pas prudent de votre part.

~¤Lothianyth termina sa choppe, et la reposa brusquement sur la table. Il savait ce que c'était que de prendre une décision à laquelle tout son entourage est opposé, et d'en subir les conséquences lorsque le résultat n'est pas celui auquel on s'attend. Il avait vécu cela durant toute la première période de son mandat.¤~

- Enfin...Peu importe. Maitenant que la décision est prise, il ne nous reste plus qu'à apporter tout notre soutien à notre cher Barde. J'espère simplement que mes vacances ne seront pas gâchées par la fin du monde...

~¤Loth repensa alors à leur premier sujet de discution.¤~

- Il est presque onze heures, Sal'Hem. Bonne chance pour votre discours.

[Nina Dealia - Place du marché, au stand de l'herboriste - Maelianna Audulan]


- Hé oh ! Toi là !

La voix de l’homme réveilla Nina, qui sursauta légèrement et ne manqua pas de se cogner brusquement la tête dans la charrette. Elle y était montée sans se faire prendre dans le transport du marchand qui apportait de fruits et légumes vers Mélandre, justement là où elle allait. Elle avait entendu dire qu’une fête se préparait, pourquoi ne pas y assister…

- Qu’est-ce que tu fais dans ma charrette d’abord ! Aller hop sors de là ! Non mais tu vas voir de quel bois je me chauffe… !

Nina fut violemment secouée par ce petit marchand qui lui donnait des coups de bâton et se retrouva rapidement hors de la charrette.

- Aïe… ouille…aïe… mais arrêtez donc !

Si elle ne partait pas rapidement, la foule serait attirée par tout ce vacarme, et elle s’attirerait les ennuis dès le premier jour. Elle ne devait surtout pas se faire remarquer… Elle esquiva les coups du marchand, en profita pour prendre une pomme et courut dans n’importe qu’elle direction, cachée par sa cape.

- Tu ne vas pas t’en tirer comme ça ! Reviens là tout de suite…

Le petit homme continuait de crier à Nina de revenir, il s’était mis à sa poursuite… La jeune femme sortit une pièce et la lança au marchand, puis elle disparut dans les ruelles. Nina n’en revenait pas. Elle avait réussit à s’endormir pendant le voyage et s’était fait prendre… De plus, ce n’était pas un marchand généreux. A présent, elle était bien réveillée, heureusement qu’elle n’avait pas à subir cela chaque matin. Nina se posa contre un mur et croqua dans la pomme, après avoir repris une respiration normale. La journée commençait plutôt mal : un vieux marchand était à ses trousses, elle commençait à avoir la migraine et elle remarqua à l’instant qu’elle était blessée au bras (probablement ne s’en était-elle pas rendu compte, en tombant de la charrette) : quelles gouttes de sang coulaient le long de son bras.

*Je n’ai rien pour me soigner… je n’ai pas d’autre choix que de continuer, je trouverai bien un endroit, un guérisseur.*

En attendant, Nina allait continuer son chemin et faire comme si de rien était. La rue qu’elle traversait était étroite, il y avait principalement des habitations, tous ceux qui passaient par là se saluaient, tous se connaissaient. Par chance, au bout de la venelle se trouvait un stand tenu par une herboriste, c’était juste ce qu’il lui fallait.
La Myriennate accéléra le pas vers le stand et entra. Il y avait quelques personnes qui attendaient leur tour alors Nina décida de faire de même, en espérant que personne ne remarque sa blessure pas très grave.

Erian ne s'étonna pas de la réaction de ses confrères. Il était facile pour eux de regarder d'un oeil distant la ville qui risquait de s'éteindre sous les flammes destructrice d'un Dragon, ou pire encore. Mais existait-il quelque chose de plus horrible ? Il y a 15 ans encore, les limites de l'horreur se définissaient selon les religions, les croyances et les légendes des races. Parfois on citait pour faire peur aux enfants, le nom d'un célèbre maître de guerre ou encore celui d'un membre d'une race considérée comme démoniaques. Ces frontières furent alors repoussée par le souffle destructeur d'une entité inconnue jusqu'alors, le Dragon Flamboyant. Aujourd'hui, lorsque l'on cite cette créature en comparaison, c'est qu'on a encore rien trouvé de pire.

Ce qu'avait décrit Rysenn dans sa prédiction n'avait pas non plus de nom. Tout portait à croire qu'une nouvelle créature ou qu'un nouveau phénomène encore plus violent allait s'abattre sur la ville. Peut-être même qu'Erian lui même risquait sa vie en restant cloîtré dans cette taverne. Il en était conscient mais celà ne le tracassait plus vraiment. Il avançait droit et sûr de lui, prêt à sacrifier bien plus que sa propre vie pour une simple parole fête à tous ses concitoyens. Comme réagir face à un phénomène qu'on ne peut comprendre ? Seul, l'ignoré était une possibilité pour le Thaltos, et annuler la fête comme l'expliquait si facilement ses interlocuteurs n'était pas chose à prendre en compte pour un homme de parole comme lui. Il camouflait sa peur sous un énorme tas d'inconscience et il le faisait très bien, aucun bord ne dépassait. Il pouvait ainsi garder un air des plus décontracte tout en songeant à un avenir probable.

Avant de considérer sa montre, Erian répondit à Sheyride :
- " Pour être plus précis, la Prêtresse Rysenn n'a mentionné aucune menace ressemblant à celle qui nous avait étreint il y a de celà 15 ans. Elle a même crier haut et fort que ce n'était pas ce que nous appelions Dragon Flamboyant. Mettre un nom sur une telle menace ne lui semble pas concevable. Alors je suis dans l'expectative... !" Expliqua-t'il à l'intention du Lunarticiah.

- "Il est presque 11h Sal'Hem. Bonne chance pour votre discours !" Lui souligna alors Tyl'Sayan.

L'arrénois semblait bien résigné à ne plus contester la décision du Thaltos. Il sentit son coeur s'alléger en pensant à l'annonce qu'il s'aprétait à faire et sans plus de considération se leva, saluant ses deux invités.

- "Effectivement ! Il est l'heure pour moi de vous quitter. Je dois encore réussir à traverser le flot tumultueux des passants pour me rendre à l'Estrade central. J'espère que je pourrais vous voir parmi les spéctateurs." Dit-il en lançant un clein d'oeil aux deux dirigeants, les laissant derrière lui.

Glissant sans bruit à travers la cage d'escalier, il sortit alors au grand jour, oubliant déjà les quelques tentions naissantes qui impregnaient la pièce dont il s'extirpait à grand pas. Ezéchiel et Lothianyth semblaient très conciliants à son égard. Ils se forçaient à le comprendre mais ne captaient pas toute l'ampleure de son inconscience. Oui ! Erian Sal'Hem était un bout-en-train, un meneur, un orateur d'exception, mais il était surtout un Thaltos, capable de s'émerveiller devant la première fleure naissant après un rude hiver, ou encore à la vue d'un vol d'oiseau migrateur formant un triangle parfait. Un enfant dans un corps d'adulte en somme.

Erian parcourut difficlement les rues, se glissant à travers les passants comme à travers une mer grouillante de poisson. Beaucoup le reconnaissaient et s'essayaient à l'aborder, mais il n'en faisait plus qu'à sa tête. Un discours l'attendait pour son plus grand bonheur.

La lunarticiah ne savait trop quoi faire : les clients se suivaient, tous plus ignorants les uns que les autres en vérité : elle mourrait d'envie d'aller les conseiller, de leur faire partager son savoir sur les plantes ; d'autre part, elle voyait tant de personnes différentes !! Meelie s'émerveillait de la richesse des peuples que pouvait contenir Initium, elle aimerait tant en savoir davantage !!
Les images de Grey et d'Angal lui revinrent subitement en mémoire. La jeune lunarticiah fit alors un léger sourire : elle ne pouvait plus se passer d'eux décidément ! La vie en solitaire ne lui allait plus désormais : maintenant qu'elle avait goûté au fruit juteux de l'amitié, elle ne pouvait plus s'en passer !!

*Et bien... je suppose que je les retrouverais à l'auberge... hum... il serait bon de visiter les autres stands...*

Meelie s'apprêtait alors à partir, lorsqu'elle remarqua, parmi les badauds qui attendait sagement leur tour, une femme myriennate légérement blessée ; certes, la blessure était superficielle, mais saignait tout de même suffisamment pour attirer l'attention de la magicienne.
Cette dernière s'approcha donc, et après une petite seconde d'hésitation, elle se jeta à l'eau :

- Euh... excusez moi... puis-je voir votre blessure ? J'ai quelques connaissances en matiére de guérison, aussi je pourrais vous soigner si vous le desirez...