Un forgeron de renom en visite dans la cité...[Fermé]

"Aïe" Murmura Mael, alors qu'un minuscule importun lui écrasait le pied.

La main du Sam'Hein se posa sur l'épaule chétive du petit bout de vie qui s'insinuait à travers la foule. Il se tenait juste derrière le fouineur qui épiait les moindres petits objets de l'étalage. Mael, lui, s'était avententurer près de ce forgeron car durant son dernier combat la lame de son cimetaire s'était fissurer. Il l'avait remporté une sacrée somme qu'il se devait déjà de dépenser pour assurer ses prochains combats. Les organisateurs avaient choisit des Elémentaires de Roches pour l'affronter et ses armes n'avaient pas apprécié la dureté de leurs opposants.

Derrière lui, une foule de curieux cherchait à s'offrir des objets de qualités à un coût défiant toute concurence. Le petit garçon semblait s'interesser lui aussi aux armes présentées ici.

Alors que derrière lui, les passants s'aglutinaient, Mael s'abaissa à la hauteur de l'enfant. Ses deux mètres réduis à un seul libérèrent la vue de l'établi à la foule. Le garçon à la peau diaphane sembla s'écraser sous l'ombre de Mael.

"Petit, lève voir ton pied avant que je t'enflamme." Dit-il avec humour.

Ce petit voleur à la tire filait comme l'éclaire. Il filait à travers les passants trop concentrés pour le remarquer, évitant les pieds, les corps, disparaissant derrière une charette. Personne ou presque n'avait vu sa main glisser avec habilité vers la petite boîte tant convoitée. Mael devait être le seul. Le gamin avait attrapé l'objet presque inconsciement et supris, s'était enfuit devant le Sam'Hein.

- Au Voleur !" Cria le Forgeron, levant son poing puissant vers le ciel, armé d'un marteau immense.

Personne ne réagit pourtant tout le monde entendit le hurlement terrifiant du vendeur. Seul Mael s'élança, bousculant, écartant de ses mains les passants. Il ne voulait ni faire de mal à ce garçon, ni le gronder. Il connaissait trop bien la façon dont les enfants d'Arrène devait survivre, volant les bourses, grapillant des pommes et autres petits objets. Celui-ci avait une expérience fabuleuse.

*Si je ne l'attrape pas assez vite, les gardes vont lui sauté dessus et il finira au Collisée* Pensa t'il, bousculant toujours plus de personne.

Mael l'avait perdu de vue et courait sans aucune piste. Soudain, sur sa droite. Il cherchait du regard, parcourant les étalages, les charettes, les ruelles adjacentes et ombragées, s'arrêtant ici et là, revenant parfois sur ses pas. Deux garde à l'allure impressionante semblaient chercher aussi. Il dévisagèrent Mael, qui préféra les éviter. Derrière, les cris du forgeron raisonnait encore.

- Mais faites quelque chose !!! Incapable !!!"
- C'est ce Sam'Hein." Chuchotaient les passants, qui reculèrent alors devant lui, s'écartant de toute par pour que les gardes lui sautent dessus.

*Non ! Ils me prennent pour lui !* S'exlama t'il en pensée.

Affolé, Mael s'engouffra dans une petite ruelle, courant toujours plus vite, sautant au dessus des caisses, enserrant ses armes. Pourquoi voulait-il toujours sauver n'importe qui. Il tourna une nouvelle fois dans une nouveau chemin toujours plus sombre et étroit et se cacha dans l'entrée d'une maison. Essouflé, il attendit que les gardes s'éloigne. Devant lui, dans l'ombre quelqu'un l'observait.

Abbotsen avait couru jusqu'à l'épuisement, plus essouflé par la panique que par l'effort réellement. Mais quand le gigantesque guerrier s'était lancé à sa poursuite, fendant littéralement la foule avec ses larges enjambées, l'air était resté bloqué dans ses poumons et jamais il n'avait traversé le quartier si vite, surtout en apnée!
Puis des cris avaient résonné, appelant au voleur, et des gardes avaient pris leur suite. L'adolescent, qui avait réussi à maintenir son avance à force de slalom, remercia sa petite taille de lui permettre de se dissimuler parmi les passants. Il remarqua alors que c'était après le guerrier que la milice en avait, et profita de la distraction pour s'esquiver en douceur.

Peut-être était-ce l'euphorie du moment, le plaisir d'avoir obtenu ses jolies aiguilles gratuitement - en toute malhonnêteté il est vrai, mais ça renforçait le côté jouissif de la chose, puisqu'il n'avait pas eu à débourser une once d'écu. Toujours est-il que dans le feu de l'action, ses petites mains s'égarèrent ça et là au fil de sa course, visitant divers étales de marchands, subtilisant quelques rubans de savoureuse viande séchée sur l'étalage d'un épicier, puis au milieu des possessions d'un herboriste où il agrippa une petite bourse contenant une poudre ambrée dont il ignorait même l'utilité. A la fin de son court périple, l'une de ses poches contenait même une petite pastille odorante et une pierre commune à l'éclat apaisant (recommandé pour les infusions, et qui facilitait la circulation, à en croire le petit écriteau du vendeur d'operette)...
Sa chance tourna lorsqu'il frôla l'étalage du maraicher, où on le bouscula alors qu'il tentait d'attraper discrêtement une Ormeïade, un fruit à la peau verrolée, mais dont la chair juteuse rappelait le miel d'arbustes... Sa maladresse lui fit renverser une partie de la pile, et aussitôt son forfait fut dévoilé... Le voilà qui repartait à nouveau dans une course folle, alors qu'il venait tout juste de s'arrêter.
Il disparut sans difficulté au détour d'une étroite ruelle, rejoignant aisément les toits pour redescendre dans l'ombre de l'allée adjacente, parsemée de renfoncements qui offraient des cachettes idéales.

Il posa le pieds sur le sol irrégulier, la respiration contrôlée et silencieuse, dissimulant parfaitement sa fatigue, prêt à ressortir de l'autre côté comme si de rien n'était, lorsqu'un souffle plus erratique parvint à ses oreilles.
Il n'eut même pas besoin de scruter l'obscurité pour se rendre compte de la présence un peu plus loin devant, dont la chaleur excessive, à la signature bien spécifique, était plus que reconnaissable maintenant.
Figé, Abbotsen tenta un replis stratégique, mais le guerrier l'avait remarqué. Etouffant un petit cri très peu viril, il recula, comme si le mur de pierre pouvait l'absorber et le faire disparaitre, tout en bafouillant:

" Euh, je- je promets que je ne voulais pas vous écraser le pieds, monsieur... c'est euh... désolé pour les gardes aussi mais vous savez comment ils sont, et.... "

... Et le blondinet se retourna à la vitesse de l'éclair, enfonçant ses doigts dans les rainures de pierres, prêt à bondir le long des murs, faciles à parcourir même avec ses sandales aux pieds tant leur surface irrégulière offrait de prise, mais une forte pression s'exerça contre son dos, et sa tentative maladroite prit fin bien rapidement...

Supris de retrouver le minuscule voleur à l'étalage, Mael écarquilla les yeux. Devant lui, l'arachnide balbutia quelques excuses sans intrêt, car ce n'était pas au Sam'Hein qu'il en devait, mais bien au forgeron qu'il avait détroussé de quelques aiguilles. Le gamin s'eclipsa alors encore plus rapidement qu'il n'était venu, s'accrochant à un mur comme un insecte agile.

Mael ne devait pas le laisser filer. Tôt ou tard, il se ferait prendre par la Milice, par l'armée, ou bien pire. D'un geste rapide, il agrippa le vêtement du garçon puis le porta devant lui. Il ne pesait presque rien, pas plus que son cimetaire. N'importe qui aurait pû le briser en de fin morceau, mais Mael, lui, le reposa sur le sol, s'abaissant à sa hauteur, retenant toujours sa veste pour l'empêcher de s'enfuir.

- On va régler ça entre homme, tu veux ? Ce n'est pas à mon pied que tu dois des excuses, d'ailleurs il se porte bien, mais plutôt à ce homme que tu as volé." Dit-il calmement.

- Tu crois que les rues sont ton royaume ? Tu te rompes, petit gars ! Retourne chez tes parents, ou bien trouve toi un boulot." Expliqua le Sam'hein sachant pertinement qu'il parlait à un sourd.

Abbotsen regarda l'immense Sam'Hein devant lui avec une moue perplexe, et un brin boudeuse, vexé des remontrances que l'adulte lui envoyait. Il avait bien envie de rétorquer que non, les rues n'étaient pas son "royaume", tout simplement parce qu'il aurait fallu qu'il soit de sang royal pour ça, mais la carrure impressionnante le dissuadait de tomber dans ce genre d'humour peu apprécié et généralement pris pour de la pure provocation...
L'adolescent avait bien écouté le discours, mais son maître lui serinait les mêmes paroles à chaque fois, et ça commençait à sortir aussi vite que c'était rentré... L'honnêteté, le travail, tout ce qui faisait qu'on pouvait se considérer comme un homme et être fier de sa condition etc... L'idée ne lui échappait pas, même s'il avait un peu de mal à être convaincu, simplement c'était plus fort que lui... Il avait déjà tenu ses doigts tranquilles plus de trois semaine, et la tentation s'était révélée trop forte...

Mais là encore, il n'était pas persuadé que ce serait une excuse valable... Les scénarios s'épuisaient dans sa petite tête sans qu'il arrive à décider quel comportement adopter pour s'en sortir.
Il devait bien reconnaître qu'il avait perdu cette fois, et que les conséquences risquaient d'être plus lourdes qu'il ne le pensait, et sûrement pas limitées à une bonne remontrance de la part de son maître qui l'obligerait à restituer l'objet en place publique... Ce qui était déjà suffisemment humiliant pour lui donner la nausée. Il en regrettait déjà d'être sorti ce matin.

La main du guerrier avait une prise très ferme sur sa veste cette fois, et la fuite n'était pas une option envisageable... Il aurait pu s'extirper de son vêtement, mais pas assez rapidement, et de toute façon, il ne possédait pas suffisamment de biens pour se permettre de les abandonner.

* Encore heureux qu'il n'a vu que le coffret... *

Abbotsen déglutit avec une légère appréhension, imaginant à peine le sort qui lui serait réservé s'il était découvert, avant de se résigner à répondre, peu rassuré par le guerrier, bien que celui-ci n'ait pas fait montre d'agressivité envers lui.

" Qu'est ce que vous voulez dire par 'régler ça entre hommes'..? "

Il avait déjà vu d'autres gens à la peau rouge, avec des cheveux similaires, qui venaient de très loin à l'est, du désert, il n'était plus très sûr, mais il ignorait comment on les appelait. Les rumeurs par contre, parlaient de guerriers invincibles qui buvaient de la lave et réduisait les gens en cendre... Un programme alléchant en perspective.

L'énorme et puissante main de Mael retenait toujours l'enfant qui ne pouvait pas s'échapper. Le Sam'Hein aimait avoir une telle emprise sur quelqu'un lorsqu'il s'agissait de lui apprendre les choses les plus élémentaires à la survie comme le respect d'autrui. Ce chapardeur, malgrè son jeune âge deviendrait un bandit sans foi ni loi, s'il restait dans ce monde de ténèbre, ou finirait ses jours dans une geôle inhospitalière. Il lui fallait trouver un moyen de lui faire comprendre ces choses, pour que le gamin sorte de ce mauvais chemin.

- "Entre homme ? C'est à dire en face à face. Rien de brutal, juste des paroles avec moi. Parcontre, tu vas me suivre dans un coin plus tranquille." Rétorqua-t'il, alors que dans le lointain des cris s'approchaient.

- "Séparez-vous ! Apparement ce Sam'Hein a volé d'autre marchandise." Hurlait un soldat de la milice, inconscient que sa voix ferait fuir les recherchés cachés dans l'ombre.

Il était tant de se sauver un peu plus loin, pour qu'enfin leur poursuivant les lachent un peu.

- "Bon Excuse-Moi mais, je vais devoir utiliser les grand moyen !" Dit Mael souriant.

Il attrappa alors de ses deux mains les hanches du frèle arachnide et le jeta contre son épaule comme un vulguère sac de blé. Derrière eux, des hommes armés jusqu'aux dents accouraient hurlant de plus belle.

- "C'est lui ! Il kidnappe un enfant maintenant, surtout ne le perdez pas de vu." Lança la même voix que tout à l'heure, rameutant par la même occasion d'autres miliciens avide de gagner une prime pour leurs services rendus à la Cité."

- "Raaaah ! C'est pas possible ! Quels abrutis !" Jura Mael, propulsé par ses jambes puissantes à travers la ruelle.

[Je te laisse le droit de me faire courir où bon te semble Abbo' ]

Abbotsen avait fait la grimace quand le grand guerrier lui avait annoncé l'arrivé d'une probable discussion entre eux... La vérité s'approcherait plus sûrement d'un sermon interminable sur l'importance de l'honnêteté et du mal profond qu'il avait causé par son attitude insouciante et bla bla bla... Rhho, quand même, ce forgeron qu'il avait lésé de deux misérables aiguilles à cheveux, il avait eu le temps de l'observer! L'homme était loin de ressembler à un miséreux, avec son pourpoint en riche étoffe et ses mains trop lisses pour son métier. Finalement, c'était peut-être même la raison qui l'avait inconsciemment poussé à voler plutôt qu'à acheter. Il ne ressentait que peu de respect pour cet homme qui se rapprochait plus du vendeur bedonnant que du véritable forgeron aux mains de fer, dont les cicatrices et le cuir abimé témoignaient du savoir-faire.
L'homme de forte taille devant lui devrait pouvoir comprendre ce genre de considération... Sa peau rouge était striée de cicatrices, et ses superbes armes avaient connu de meilleurs jours. Abbotsen aurait donné n'importe quoi pour être le forgeron à qui serait donné le privilège de réparer les possessions d'un tel guerrier... Mais non, il devait se contenter d'étudier l'horlogerie - c'était fascinant, vraiment, et son maître possédait même quelques poupées étranges, capables de bouger toutes seules - seulement, le jeune garçon aspirait à des occupations plus "héroiques"...

L'adolescent en était là de ses réflexion, bien décidé à garder sa rancoeur pour lui, et à s'esquiver à la première occasion - c'est à dire dés que la main qui le maintenait faiblirait - lorsque l'agitation de la milice se rapprocha. Il se figea lorsqu'il entendit les accusations proférées, une légère teinte rouge ornant ses joues à l'idée d'être le responsable de tant d'ennuis pour une personne qui n'avait demandé qu'à faire tranquillement son marché... Il n'avait plus qu'à prier pour que la clémence de son interlocuteur soit sans limite parce qu'il ne voyait pas trop comment s'en sortir.

Lorsque l'autre homme le saisit, il s'attendait déjà à être présenté comme le vrai coupable aux gardes, mais non. Il se retrouva mal installé, comme un filet de patates, sur l'épaule large du combattant, et les voilà qui filaient, l'arachnide maintenant son chapeau tant qu'il pouvait pour ne pas le perdre.
Installé comme il était, Abbotsen ne voyait rien de la direction qu'il prenait, mais avait une vue directe sur la horde de garde qui les poursuivaient - il exagérait un peu en parlant de horde... mais il y en avait bien... à vue de nez 5, tout de même!

Il aurait presque ri, en les entendant crier au kidnappeur, s'il n'était pas à moitié étouffé par la force de son porteur, qui, pour en rajouter encore, voyait sa température corporelle augmenter sous l'effort... L'arachnide, ne portait que de fines bandes en dessous de sa veste ouverte, autant dire que le contact direct avec la peau brûlante du Sam'hein était... chaleureux, pour ne pas dire incommandant. Il n'allait quand même critiquer son sauveur!

Abbotsen voyait défiler de vieilles caisses et autres déchets un peu partout, dans des ruelles encombrées, mais aucun obstacle n'arrêtait l'énorme guerrier, qui renversait parfois malencontreusement de lourds barils laissés à l'abandon, sans pour autant ralentir.
Mais quand des gens firent aussi leur apparition, ça et là, l'adolescent comprit qu'ils se dirigeaient à nouveau vers des rues plus ouvertes, ou la foule les gênerait, si bien qu'ils finiraient pas se faire prendre, malgré l'avance qu'ils gagnaient petit à petit sur les gardes. Il se redressa tant qu'il put pour regarder en avant, s'agrippant au cou du gladiateur dans une torsion presque anormale, scrutant les recoins dans l'espoir de repérer leur position, mais le garçon fréquentait très peu cette partie de la ville qui menait aux "beaux quartiers".

Lorsque ses yeux accrochèrent in extremis la plaque rongée d'une herboristerie fermée depuis la mort de son vieillard de propriétaire - plus qu'antipathique soit dit en passant - l'année précédente, Abbotsen pointa le doigt frénétiquement, en criant:

"Par là, par là!!! "

Comme on le sait tous, la meilleure des interventions pour diriger quelqu'un... Ce fut donc par un miracle quelconque que le haut guerrier prit la bonne voie, et ils s'enfoncèrent alors en direction des dédales de la vieille ville, un vrai labyrinthe avec ses traboules, tandis que derrière la milice s'égosillait. Ils avaient éviter de peu la taverne à l'angle de la rue, où quelques courageux se seraient surement levés pour prêter main forte aux gardes.
Maintenant sur son terrain, Abbotsen indiquait le chemin à suivre, faisant des détours savants pour perdre leur poursuivants... Il avait presque l'impression d'être un Kluth'En accroché à son Gologoroth, excepté que lui aurait des bleus le lendemain, à force d'heurter la clavicule du sam'hein, chaque fois que celui-ci prenait une foulée trop longue.

Le cliquetis des armures s'estompait en douceur, même si les voix leur parvenaient encore. Abbotsen les localisait à plus ou moins quelques rues en parralèle... Encore deux ou trois virages, et ils les auraient semé pour de bon, aux portes des bas quartiers. Evidemment, l'espace d'une seconde, son porteur fit un geste brusque. Il ne sut guère si le gladiateur avait manqué trébucher ou si quelque chose avait attiré son attention, toujours est-il que le pauvre paquet de blé improvisé reçut un choc un peu plus fort et qu'il se mordit la langue, s'étouffant par la même dans ses explications, si bien qu'ils ne tournèrent pas là où il le souhaitait....

Les muscles durs et puissants du Sam'Hein tiraient dans ses cuisses. Le sprint n'était pas son fort, surtout lors de longue distance. Comme un Golgoroth il courait l'esprit vide de toute préoccupation. Il évtait les obsctacles avec grâce et agilité, sautant au dessus de caisses, se glissant entre les gens qu'il écartait un peu violement de son passage. Certains se plaignaient, d'autre ne comprenaient pas, pire encore les plus malsains riait de voir la garde à la poursuite du Sam'Hein.

Un vif instant dans une petite ruelle, l'enfant indiqua la droite. Pris dans sa course folle, Mael continua vers la gauche. Les cris des gardes raisonnèrent. Ils étaient loins mais pouvaient toujours trouver les deux compagnons si ceux-ci avaient la présence d'esprit de venir jeter un coups d'oeil dans l'un des rares culs de sac du bas quartier. Une herse immense se dressa devant le Sam'Hein qui forcé de s'arrêté freina des deux pieds, enserrant un peu plus l'Arachnide de peur qu'il lui échappe.

- "Hmmm ! On pouvais pas trouver mieux. En plus, elle est cadenassé. Ca ne fait pas parti de mon domaine !" Retorqua Mael.

Il déposa le gamin sur le sol, délicatement. Il avait peur de le lâcher. Peur que celui-ci s'échappe en escalada comme un insecte la paroie devant lui laissant le Sam'Hein se faire attraper par la garde. Pourtant, il lui fit confiance et le laissa libre.

- "Je te jette de l'autre côté ?" Dit-il, désireux de sauvé le gamin. "Moi, s'ils m'attrapent, je retournerai surement au Colisée. J'ai plus de chance de survivre. Toi, tu te feras surement enfermé dans les geoles."

Abbotsen, malgré la situation, fut plus que ravi de retrouver le sol bien aimé, loin de la poigne de fer du Sam'Hein, qui même quand il tentait d'être délicat, faisait preuve d'une force écrasante, surtout pour le corps frêle du garçon... Il eut presque froid de quitter ainsi la chaleur de l'autre homme, le temps que son propre corps se réhabitue à la température ambiante, mais jamais ses poumons n'avaient eu autant d'espace pour se gonfler d'air..!

L'arachnide restait face au gladiateur, hésitant. Rien qu'à entendre les bruits de la milice qui approchaient, avec leurs promesses de geôle, ses doigts le démangeaient, n'ayant qu'une envie, celle de déguerpir au plus vite. Mais même si l'homme à la peau rouge était doté d'une force titanesque, il ne pourrait jamais vaincre tout un escadron de gardes fortement armés... pour peu qu'il soit tenté de combattre...
Abbotsen sentait plutôt de la résignation dans la voix du guerrier, et il aurait presque parié qu'il se rendrait sans effusion de sang. Ce fut sûrement cette quasi certitude que l'autre n'était pas un barbare sanguinaire comme il lui était d'abord apparu, mais quelqu'un de droit, qui lui valut un élan de sympathie de la part de l'adolescent.

" Non merci..." répondit-il, gêné mais peu enclun à se faire 'jeter' de l'autre côté.

Abbotsen jeta un oeil rapide sur l'énorme cadenas qui maintenait la herse accrochée au sol. Il était inutile d'espérer voir l'immense combattant réussir à grimper de l'autre côté, et la solide chaine ne se briserait pas quelque soit la force exercée, mais le mécanisme de la serrurerie était plus qu'antique... L'arachnide offrit un sourire plein de dents, optimiste, et d'un geste leste, ôta ses sandales dont il coinça la lanière dans sa ceinture, remarquant au passage que le petit paquet de papier précieusement confié à l'adresse de son maitre arborait une mine informe des plus inquiétantes... Mais il n'avait guère le temps de se morfondre, aussi précieuses que fuent les pièces de mécanique à l'intérieur...

"Attendez, je vais essayer de nous ouvrir..."

Avec agilité, les pieds libérés de leur carcan de cuir et soigneusement enserrés dans ses guêtres, l'adolescent pouvait user pleinement de son talent, et il fut de l'autre côté en trois prises, retombant silencieusement sur le sol dallé. Luttant contre la panique propre à ce genre de situation, il tenta de faire abstraction des cris de la milice, qui lui semblaient plus proches à chaque seconde, pour se concentrer sur le mécanisme qui s'offrait devant lui. Déroulant d'un geste rapide la petite trousse qu'il portait à la hanche, il extirpa deux longs crochets, l'un recourbé et l'autre ondulé, ainsi qu'une fine lame de métal ciselé. Abbotsen n'était pas spécialisé dans le crochetage, et même si après 2années à s'être spécialisé, il aurait pu qualifier ses propres compétences de raisonnable, il se gardait de le crier sur les toits, afin d'éviter d'inutiles ennuis.

Les pointes furent placées rapidement, mais le mécanisme était grippé, et il lui fallut plusieurs tentatives pour réussir à débloquer le barillet et la goupille du fond. Pour couronner le tout, Abbotsen était un peu nerveux, et franchement gêné de faire cela devant le gladiateur, déjà qu'il passait pour le pire des voleurs - défaut qu'il pouvait difficilement nier, à vrai dire.

Il laissa echapper une exclamation de joie contenue lorsque la serrure consentit enfin à tourner, libérant la chaine. L'ensemble de la procédure ne lui avait pas pris plus d' 1minute30, mais quand on avait la milice aux trousses, c'était déjà bien trop... Et le plus dur restait à faire... Il fallait maintenant soulevé la herse suffisamment, pour que le Sam'Hein passe dessous.

" Voilà! C'est ouvert!" appela-t-il en direction du gladiateur, se redressant sur ses pieds tout en époussetant ses genoux, "maintenant, il faut soulever la grille, et là ce n'est plus de mon ressort..."

Il leva ses bras tout fins en guise d'appui à ses paroles, même si la phrase était d'une telle évidence qu'elle aurait pu en paraître comique... Abbotsen se laissait toujours envahir un peu par l'euphorie quand il réussissait à perpétrer ce genre de méfait, n'était-ce que par plaisir du challenge. Dans cet état, même la gravité de leur situation semblait loin... Il n'y avait qu'à espérer que son compagnon de galère était vraiment aussi fort qu'il en avait l'air...

Mael pris une grande bouffée d'oxygène. Il fallait qu'il calme son coeur, s'affolant dans sa poitrine, avant que sa cheveulure ne s'enflamme d'excitation. La lueur de ses cheveux auraient vite fait d'attirer les gardes jusqu'à ce cul de sac. Loin derrière, les cris résonnaient mais la confusion du moment rendait leur localisation impossible.

Le Sam'Hein toujours aussi surpris de voir un gamin aussi frêle grimper à la herse, pour atterrir de l'autre côté tout en douceur, se concentra pleinement. Il n'osait pas demander de l'aide à l'arachnide. Comment pourrait-il soulevé, ne serait-ce que dix kilos ? La grille devait bien en peser deux cent.

- "Hmmm ! Allons-y alors ! Comme pour l'entraînement." Lança Mael, la voix vide de toute conviction.

Il s'approcha de la herse, se pencha, pliant les genoux et agrippa les énormes barreaux de fer noir. La rouille s'installait déjà par endroit où la peinture écaillait. Dans un grincement de dent plutôt que de métal, le gladiateur souleva de quelques millimètre la herse avant de la lacher violemment.

Un bruit sourd retentit, faisant vibrer les barreux et les tympants des deux complices. Est-ce que la garde ferait le lien avec eux ? Peut-être bien. Mais le temps n'était pas aux questions. Mael savait que cette herse n'était pas insurmontable. Il lui fallait juste la force mentale, juste la force mentale pour la soulever.

Un tintement métallique semblable à celui d'une épée dégainée atteignit les oreilles du Sam'Hein qui tremblait déjà de peur qu'un milicien qu'il n'aurait pas vue venir, soit le menacer de son arme tranchante. Un rapide coups d'oeil permit à Mael de détecté la présence d'un chat jouant avec une simple louche en cuivre.

*Argh ! Le moment est à la concentration. Ne t'égare pas à cause de se stupide animal.*

Des deux mains, pliant une nouvelle fois les genoux, Mael agrippa la grille fermement. Cette fois, sa force vaincra. Il ferma les yeux, serra les dents. Et poussant sur les muscles de ses cuisses, tirrant sur ceux de ses bras, il attira la herse vers les hauteurs. Un grincement s'appropria le silence.

Mael réussit à soulever la herse jusqu'à sa ceinture. Les dents serrer, il murmura :

- "Gamin ! Regarde voir si dans cette cours tu trouves pas une barre en métal."

Mael souffla.

- "Elle tiendra le temps que je passe sous la grille."

Son front suait de toute part. Son visage grimaçant, n'avait rien de semblable avec son habituelle bonne humeur.

Les yeux du jeune arachnide n'avaient cessé de faire l'aller-retour entre le Sam'Hein et le bout de la ruelle, fixant d'un oeil anxieux les alentours. Et il redoubla encore d'efforts après que le premier essai de lever de grille ait échoué... Si avec un tel bruit, ils ne se faisait pas prendre, il faudrait qu'il aille remercier le Dieu de la Bonne Fortune... Ca devait bien exister, un dieu pareil, avec tous les temples que comptait la cité...

Toutefois, lorsque ce lourdeau chat s'était pointé avec sa cuillère en cuivre, Abbotsen avait eu une réaction similaire au guerrier, en 'légèrement' plus affolée, sursautant violemment... Ses doigts s'étaient instinctivement porté sur la doublure de son pantalon court, et même après qu'il ait réalisé l'absence de danger, il lui démangeait d'aller planter une ou deux aiguilles bien placées dans l'animal pour lui ôter l'envie de miauler en toute insouciance...

Mais déjà, la herse se levait lentement, et impressionné au delà de toutes bornes, le jeune garçon observa l'immense guerrier, dont les musles tiraient sous l'effort... Sa température avait augmenté d'un coup, et l'arachnide se serait bien gardé de le toucher en cet instant, persuadé que la peau rouge devait brûler.

Par chance, le stress le rendait rapide, et si tôt les instructions lancées, il fouillait déjà l'arrière cour, ayant plus ou moins anticipé la chose... Ce n'était pas le tout de soulever la grille, encore fallait-il pouvoir se glisser en dessous..!
Accrochant du regard un vieux baril renforcé par une armature de fer clouté, le jeune garçon s'élança, donnant un puissant coup de pieds - aussi puissant que ça puisse l'être venant de sa frêle silhouette longiligne - pour en renverser le contenu. Il se démena alors pour le faire roûler jusqu'à la grille, conscient que s'il avait l'impression que ses musles brûlaient sous l'effort nécessaire, ce n'était rien en comparé de la souffrance qui devait tirailler tout le corps du Sam'Hein.
Dane une dernière poussée, il parvint à relever le baril contre le mur, juste en dessous de la herse, et tenta de le positionner un peu plus idéalement pour qu'il résiste suffisamment longtemps. Harrassé, il respirait pas à-coups, si bruyamment qu'il avait l'impression que ça suffirait à rameuter la garde. Il lui faudrait des jours pour que sa gorge cesse de brûler!

" C'est bon! " souffla-t-il, les mains cramponnées au vieux tonneau de bois comme si cela suffirait à le mainteir en place lorsque l'énorme poids de la herse s'abbatrait dessus...

Mael serrait les dents. Toute sa peau semblait s'enflammer sous l'effort. Son corps rayonnait d'une chaleur si intense qu'autour de ses bras l'air se troublait, un peu comme lorsque dans le desert de Pta'Hotep le soleil crée des mirages aux formes troubles et éparsses. Quand il demanda au gamin de lui trouver quelque chose de solide pour lui laisser le temps de passer la herse, le Sam'Hein sentait déjà ses doigts lâcher. Heureusement, l'arachnide qui sautillait d'impatience ou de peur, réagit rapidement et avec efficacité.

Mael le vit alors s'élancer à l'assaut d'une caisse renforcée aussi grande que lui. Sa gorge s'asécha. Il déglutit. Comment ce petit tas d'os pourrait traîner ce tonneau ? Le mystère restait complet, pourtant en un coups de pied bien placé, celui-ci le renversa dans un bruit sourd soulevant la poussière de la cour.

Mael serra un peu plus les mains, tirant à s'en arracher les muscles. A la vu du visage grimaçant du petit chapardeur, il conclut que celui-ci devait subir les mêmes tortures durant le déplacement de son vieux baril. Les pieds du Sam'Hein glissèrent alors impercéptiblement vers l'avant, amenant ses orteils juste en dessous de la herse. Son regard porté sur le garçon, revint alors sur sa prise. Il ne fallait surtout pas lâcher, pas maintenant, sinon il se briserait les pieds comme un rien et ne pourrait plus jamais combattre dans le Colisée, si ce n'est en apprenant à tenir sur des moignons.

*Gierk !* S'horrifia t'il. *Tu ne la lâchera pas*

Il fronça alors les sourcils, se concentrant un maximum malgré la douleur dans ses épaules, malgré la sueurs glissant jusque dans ses paumes, malgré l'arrivé probable d'une troupe de garde en furie, le ventre bedonnant, cherchant par tous les moyens à récupérer une petite prime pour offrir à leur compagne une bague de pacotille, qu'elle porterait alors, fière d'elle, devant ses amies époustouflés par le métal aussi brillant que l'or mais plus répendu encore que celui des auges servies aux prisonners. Le Sam'Hein s'égarait dans des pensées lointaines. Il cligna des yeux. Son souffle s'écourtait un peu plus.

Miraculeusement, lorsqu'il tourna la tête, le voleur à la tire, essouflé au possible, se tenait déjà prêt, agrippant de ses doigts frêles et fins le baril placé convenablement sous la herse.

- C'est bon ! S'étouffa le garçon.

- D'accord ! Répondit Mael, entre ses dents serrées. Recule toi !

Mael relâcha doucement la herse qui écrasait maintenant le caisse de bois dont les planches tremblaient dangeureusement. Sans attendre, le gladiateur plongea en avant, se ramassant dans la poussière, rampant à toute vitesse, priant comme jamais la Déesse de la Fortune et l'esprit de sa défunte compagne. Lorsque dans un bruit, frenné par le bois brisé, la grille écrasa le baril, Mael était déjà devant le chapardeur, essuyant son front dégoulinant de sueur.

- Faut pas s'arrêter maintenant ! Dit il, la peau toujours aussi brûlante.

Il se releva, le torse couvert de poussière collée à l'humidité de son épiderme, s'épousta rapidement, puis dégagea facilement les morceaux de bois pour ne pas attirer l'oeil des gardes. Lorsque sur le sol, seul de petit débris restèrent, il attrapa le cadenas si facilement crocheté par l'arachnide, et referma la herse.

- Voilà ! Maintenant suis moi !

Mael ne s'arrêtait plus. L'action du moment avait pénétré son être et il avait presque envie de continuer à courir à travers les ruelles. Pourtant il attira le gamin vers lui, l'attrapant un peu violement par l'épaule, conscient que ce dernier devait encore se contrôler pour ne pas s'étouffer de fatigue. Mael l'entraina alors derrière une amoncellement de caisses où ils pourraient discuter tranquillement, loin du regard des curieux.

Le moment tant redouté arrivait finalement. Abbotsen avait espéré, dans un coin minuscule de son esprit obscurci par un optimisme ravageur, que l'autre homme le laisserait filer, ou au moins, ferait contre mauvais fortune bonne gràce, peut-être au point de passer l'éponge, juste cette fois-ci...
Bref, autant de scénarios multiples qui s'écroulaient face à la poigne de fer qui enserrait son épaule, le maintenant fermement en place.

D'un coup, l'imposante stature du Sam'Hein se trouvait renforcée, puisqu'aves les yeux rivés devant lui, l'adolescent se trouvait face un rideau de pectoraux. En fait, il en venait même à se sentir cerné, tant l'ombre le dépassait non seulement en hauteur, mais aussi en largeur, obstruant tout son horizon, lui rappelant à quel point sa frêle silhouette de pré-adolescent était... frêle. Et en mauvaise posture.

Avec une grimace résignée, l'arachnide fouilla sa veste, pour en sortir lentement le fin coffret de bois laqué, joliment travaillé, qu'il avait malhonnêtement subtilisé tout à l'heure. Ses doigts le serraient fermement clos, tandis que son regard caressait l'objet, regrettant déjà les superbes aiguilles qu'il avait à peine pris le temps de contempler...

" Vous voulez parler de ça, je suppose... " demanda-t-il d'une petite voix, peu désireux de faire face au Sam'Hein, et encore moins préparé psychologiquement aux remontrances musclées qu'il allait devoir essuyer.

Bon sang, il sentait déjà une ou deux perles de sueur à ses tempes... Pire, il imaginait déjà son futur lui dans dix minutes, la tête éclatée contre le mur d'en face! La moindre aspérité, le plus petit détail, ou objet du décors que ses yeux accrochaient lui paraissaientt une arme potentielle, et son cerveau lui dessinait mentalement les marques qu'elles pourrait laisser sur sa peau...

Le Sam'Hein fronça les sourcils. Son visage se durcit, un peu plus encore que lorsque, dans les ruelles, avant leur course poursuite, ils avait commencer la discution. A ce moment, Mael n'avait pu lui demander qu'une seule chose, et le petit chapardeur ne lui avait pas pour autant répondu. Il avait éludé la question en répondant à la première qui n'en était pas vraiment une.

* "Qu'est ce que vous voulez dire par régler ça entre hommes ?" *

Il regarda alors fixement le petit être chétif dont la présence face à lui, disparaissait de plus en plus. L'ombre de Mael semblait couvrir totalement le garçon dans cette cachette où seuls quelques rayons de soleil s'insinuaient entre les caisses, frappant alors dans des raies bien définies le corps puissant du Sam'Hein et le mur à sa gauche. De plus, cela avait pour effet de renforcer un peu plus encore sa stature car ses muscles semblaient sortir de l'ombre avec un relief presque irréel. Le gamin fouilla alors dans sa poche qui devait contenir bien plus que la petite boîte vu la lenteur avec laquelle il extrayait la boîte qui quelques minutes plutôt brillait de son bois laqué sur l'étalage du Forgeron. Mael la repoussa des doigts.

- "Maintenant nous avons tout notre temps pour discuter calmement. Alors je veux d'abord que tu n'es pas peur de moi. Je ne suis pas là pour te frapper ni rien, j'ai juste besoin de comprendre ce qui te pousse à faire ça. Tu as besoin d'argent ? Tu as besoin que quelqu'un te recardre ? Raconte moi comment tu es arrivés jusqu'ici ?"

Mael avait bien d'autres questions, lui qui n'avait pas connu ce genre de jeunesse perturbée. Comme tous les Sam'Heins de sa race, il avait grandit proche de ses parents, dans le cocon chaleureux construit au coeur de l'Acropole. Enfant, il jouait avec d'autres amis à construir des cabanes dans les arbres ignifugés entourant les Volcans, et d'autre jeux plus violent où les combats pouvaient pousser les enfants à connaître leurs premières émotions flamboyantes. Bien sûr, ce chapardeur pouvait venir de n'importe où. Quel âge avait-il ? Douze ans peut-être ? Cette peau douce et fragile n'avait pas la rugueur qu'ont les garçons de son âges, vivant depuis leur premier pas au coeur des ruelles. Celui-ci était arrivé bien avant très certainement.

Mael tendit alors l'oreille pour entendre l'arachnide vrai semblablement troublé par sa présence légèrement trop étouffante.

Abbotsen avait baissé la tête aux questions pêle mêle du Sam'Hein.
Un certain nombre de demi-vérités ou de complets mensonges lui avaient traversé le crâne, des plus appitoyants aux plus invraisemblables, mais l'adolescent n'était pas un mythomane de nature. Il mentait souvent, mais dans des conditions bien particulières, et jamais il ne s'était inventé une vie, sauf pour s'amuser du ridicule de certains marchands. Tout comme il n'avait jamais mendier.
Parce que sa famille le considérait déjà comme un fardeau assez honteux pour ne pas qu'il s'efforce de leur donner raison... Alors que pouvait-il dire?
La vérité? Que voler, c'était exercer son habileté, son agilité, et qu'au final, même un guerrier, il pouvait réussir à le rouler, malgré sa force colossal!? Qu'en ce moment même, il avait déjà réfléchi à au moins une dizaine de tentatives différentes pour échapper aux doigts de l'immense combattant qui le surplombait, et qu'il estimait trois d'entre eux avec un pourcentage de réussite supérieur à 80%!??
Le vol, pour lui, c'était comme le combat pour certains. Il n'était pas réellement question d'argent ou de possessions au fond, c'était exercer une prouesse physique, sa façon à lui de s'élever physiquement, là où aucun de ses frêres, cousins, oncles, ne l'auraient jamais vu arriver.
Facile de traiter quelqu'un d'incapable quand on ne l'autorise pas à participer aux jeux ou aux entrainements, qu'on ne lui apprend rien d'autre que les activités destinées aux fragiles... Mais personne ne lui avait laisser la possibilité de prouver de quoi il était capable!
Même ce stupide apprentissage de forgeron n'était que de la poudre aux yeux, puisque son maitre arachnide était déjà aussi borné et obtu que tous les autres membres de sa race..!!

Abbotsen ne supportait pas qu'on le sermonne, parce que personne ne voyait l'importance que tout cela pouvait avoir à ses yeux, le fait de ne se prouver qu'on n'est pas ce que tout le monde a toujours vu en vous... Et devant les cicatrices profondes qui lacéraient la peau du Sam'Hein, devant ses armes massives et son endurance, qui témoignaient de ses capacité, l'adolescent fronça les sourcils, sa respiration plus rapeuse, plus erratique.

L'homme faisait preuve de compréhension et de sympathie, mais en ce moment, ça ne pouvait toucher Abbotsen, qui grinça des dents:

"Qu'est ce que ça peut vous faire? "

Il laissa tomber au sol le petit coffret verni, laissant ses doigts libres en prévision d'une future et hypothétique autre activité. Avant de fixer le guerrier, sa respiration bloquée dans sa gorge.

" Est-ce que je vous demande pourquoi vous combattez!!?? Quel sentiment ça vous procure quand la chose en face s'effondre!? Ca fait quoi de tuer, hein?!!? Est-ce... "

*...Est ce que tuer est une activité plus saine que le vol!? Plus noble?*
C'était ce qu'il avait vraiment envie de crier, mais les mots refusaient de sortir... Tous les mots. Il ne s'adressait même plus vraiment au Sam'Hein. C'est ce qu'il aurait voulu faire rentrer dans la tête de son père, ou de son frêre ainé, quand ils lui arrachaient les petites aiguilles avec lesquelles il entrainait ses doigts. Des jeux de fille!!?? Peut-être mais maintenant le petit chétif de la famille connaissait plus de trente points d'acupuncture, qui pouvaient paralyser, causer des hémorragies, plusieurs combinaisons qui donneraient la mort en peu de temps, et bien plus en premiers soins... Même s'il n'arrivait pas à porter une épée, il connaissait bien d'autres façons de combattre..! Seulement tout n'était que théorie, jamais pratique. Parce qu'on ne laissait pas les "imparfaits" accéder au même statut que les autres, quand bien même de jolis discours venaient enjoliver l'histoire.
Et Abbotsen se retrouvait bloquer comme un imbécile, dans la poigne d'un guerrier, à moitié de tremblant de rage, avec une seule envie, hurler au monde qu'il n'était pas un fardeau, et qu'il s'était débrouiller seul pendant déjà près de 2ans, sans pour autant devenir une loque affalées dans les caniveaux à faire la manche, avec les dents pourries et le visage si sale qu'on ne voyait même plus ce qui se trouvait en dessous...
Mais non, il se contenta de se débattre pour que l'autre daigne enfin le lâcher, ses paroles aussi saccadées que ses inspirations, aboutissant lamentablement à répéter la même chose:

"Qu'est ce que ça peut vous faire..."

Il était fatigué et amer. Il avait toujours fait des efforts pour occulter le fin fond du problème, paraitre immature et inconsciemment optimiste, un adolescent joueur un peu délinquant. Et l'idée qu'un parfait inconnu vienne remettre en cause toute la ligne de conduite qu'il s'était efforcé de mettre en pace, avec deux ou trois simple questions, avait de quoi le désemparer... Car au final, il avait toujours cet air pitoyablement faible qu'il détestait par dessus tout.

Aussi tétu qu'un âne bourru, le garçon rechignait à lui répondre. Mael sentait dans sa voix la rage mêlée à l'amertume, une sorte de desespoir ou d'appel à l'aide inconscient que le sam'hein entendait avec disctinction. Sa lourde main maintenant l'épaule du gamin n'avait plus sa place. Il sentait que l'arachnide ne fuyerai plus. Il lacha alors le tissu de sa veste et s'accroupit devant lui pour se mettre à sa hauteur. Les paroles colèriques du chapardeur atteignirent pourtant le coeur du Sam'Hein.

- " Est-ce que je vous demande pourquoi vous combattez!!?? Quel sentiment ça vous procure quand la chose en face s'effondre!? Ca fait quoi de tuer, hein?!!? Est-ce... " Lança t'il, rageur.

Le garçon semblait vraiment perdu au point de ne plus raisonner vraiment. Ses questions n'avaient pas leur place, là où Mael attendait une réponse sincère et franche. Un peu naif, le gladiateur croyait que les enfants se confiaient toujours aussi facilement que tous les petits sam'Heins dans leur chaleureuse famille. Il n'y avait pas de ça ici. Le gamin venait surement d'une famille d'Arachnides dans laquelle -avait entendu dire Mael-, on torturait les personnes considérées comme un impure. Une sorte de mentalité Ansurienne et raciste, porté jusque dans la race elle-même pour exclure tout être considéré comme incapable.

- "Qu'est ce que ça peut vous faire..." s'essouffla le petit voleur.

Mael sentit toutes ses questions comme malvenu. Peut être allait-il trop loin. Il avait toujours eut se genre de problème. Manquant énormément de tacte, il allait souvent trop rapidement au fond des choses, là où les détours auraient permis de mettre l'interlocuteur plus en confiance. Il comprenait alors toujours trop tard qu'il rendait les gens mal à l'aise.

- "Excuse moi !" Dit alors le gladiateur. "Je ne voulais pas m'attaquer à des points aussi sensibles."

Il rougissait, confus. Pourtant il répondit aux question du garçon.

- "La différence entre mon boulot et tes vols, c'est que lors d'un combat en arène, on ne fait de tord à personne. En général les combats entre gladiateurs de métier ne sont pas mortels. Lorsqu'il s'agit de se battre contre des monstres et créatures difformes, on doit le faire jusqu'à la mort de son adversaire. Mais pour l'heure, j'évite un maximum les combats face à des prisonniers ou des voleurs balancés sur le sable du Colisée. Enfin, tes vols n'ont aucun interet. Si tu fais ça par plaisir, plutôt que par réel besoin d'argent, il vaudrait mieux pour toi d'arrêter tout de suite. Loth Tyl'Sayan est beaucoup moins indulgeant avec les gens de ton espèce qu'avec les gamins qui trainent les rues, mandiant quelques pièces et volant quelques pommes." Expliqua t'il.

Il se perdait dans de long discours dont il avait le secret. Plein d'arguments plutôt bancales et d'idées bornées. Pourtant il espérait faire passer un message bien claire au garçon. Celui de ce trouver un petit métier. Le Sam'Hein avait perdu tout espoir d'entendre l'enfant répondre à ses questions. Il en essaya tout de même une dernière.

- "Où loge-tu à Arrène ?"

Abbotsen avait gardé son air d'enfant terrible tout du long, le visage boudeur et les traits tirés, le tout animé par un oeil qui brulait de cette rancoeur un peu ridicule qu'ont les enfants vexés lorsqu'ils s'efforcent de persévérer dans leur attitude alors qu'intérieurement les excuses ont déjà tout effacé. Son autre oeil, aussi noir que la nuit, lui n'arborait, comme à son habitude, pas la moindre expression.

En fait, le jeune arachnide commençait à comprendre un peu mieux certaines choses, au fur et à mesure que l'homme en face de lui s'exprimait... Ce n'était pas un simple mercenaire prêt à pourfendre le premier venu pour de l'argent, mais un gladiateur du Collisée... Pour autant il n'arrivait pas à voir ce qu'il y avait d'honorable dans le métier de tuer. Même s'il ne s'agissait généralement que de créatures, le Sam'Hein avait certainement été confronté en de rares occasions à des prisonniers, prêts à attaquer les premiers dans l'espoir d'une hypothétique promesse de survie, voire de remise en liberté s'ils parvenaient à vaincre leur adversaire... Dans ces conditions même, le combat relevait plus surement de l'auto-défense que du massacre pour le gladiateur.

Abbotsen en était à douter de ses propres raisonnements, pour la simple et bonne raison qu'il était d'incapable d'exprimer clairement en quoi le vol lui était nécessaire, et n'espérait même pas réussir à convaincre un jour quelqu'un. Peut-être la chose pouvait elle se comparer à l'adrénaline que l'on ressent pendant un combat... Le Sam'Hein ne pourrait pas lui faire croire qu'il ne combattait pas "par plaisir" lui aussi... Soit, il ne délestait pas les gens, mais de là à dire que son activité était "utile"... Pour l'arachnide, il ne venait même pas à l'idée de remettre en question cette utilité, mais le maître aussi lui avait souvent embrouillé l'esprit avec ses discours sur la dangerosité de la violence, et encore plus de sa mise en spectacle... Des notions plutôt abstraites qui n'arrangeaient pas les choses...

Perdu dans des dilemnes qu'il n'arrivait pas à éclaircir, la question fut plus ou moins bienvenue, même s'il n'était pas certain d'avoir envie d'y répondre... Mais pour recevoir quelque chose, il fallait toujours donner autre chose en retour... Encore un précepte de son maitre, qu'il se voyait bien obligé d'appliquer pour l'heure.

" ...En général, j'habite la vieille Tour de l'Horlogerie. " indiqua-t-il en croisant ses bras d'un air un peu renfrogné.

Tout le monde savait parfaitement que cette immense batisse délabrée, qui tronait au coeur du quartier des Embrassées, n'avait jamais fait office de logement. Encore maintenant, bien qu'elle ne fut plus entretenue depuis que la nouvelle horloge astronomique avait été installée dans une tour des beaux quartiers, son clocher résonnait toutes les demies. De plus, "en général" était un grand mot, puisqu'avec son nouvel apprentissage, Abbotsen rentrait les trois-quart du temps trop tard, uniquement pour constater que les lieux avaient déjà été pris d'assaut, généralement par des adultes, à l'air pathibulaire, sans doute une nouvelle vague de mendiants arrivée au quartier, bien que bon nombre lui semblaient trop bien habillée pour de simples herres...

"... Et vous... vous habitez le Collisée? " demanda-t-il l'air à peine moins renfrogné, bien qu'on sentait la peine qu'il avait à ne pas demander plus de renseignement sur ce que pouvait être la vie trépidante d'un gladiateur aussi fort que le Sam'Hein - parce qu'il était évident dans sa tête blonde, qu'il devait être au moins le meilleur guerrier de l'Arène, pour avoir de si riches équipements!

- "Oui au Colisée d'Eron ! J'ai une chambre là bas, c'est pas vraiment confortable mais ça m'évite le Quartiers des Embrassées." Dit-il absorbé soudainement pas la question du chapardeur.

Il n'eut pas le temps d'en dire plus, un bruit effrayant fit se retourner le gladiateur qui dans un mouvement rapide sortit l'un des ses Chakrams. Il s'avança doucement, jetant un coups d'oeil de l'autre côté des caisses. Quelqu'un venait d'ouvrir la porte du bâtiment, renversant une caisse par le plus grand des hasard. Il s'agissait d'une ombre géante, habillée d'un tableau crasseux, la peau nu recouverte d'une sueur brillante.

Le Sam'Hein recula aussitôt de peur qu'il ne le voit, attirant doucement l'arachnide vers lui. Ce dernier n'avait pas pu apercevoir l'arrivant et devait avoir peur de ce qui venait d'entré avec la réaction du gladiateur. Il lui mit alors la main sur la bouche, faisant bien attention de ne pas lui faire de mal, puis chuchota.

- "C'est surement un apprenti forgeron. Ne bouge pas."

Les bruits de pas s'approchèrent des caisses, puis un bruit métallique résonna. Il devait être à la recherche d'un peu de métal, ou d'une arme à réparer. Il ne fallait pas bouger, pas avant qu'il ne retourne à l'intérieur du bâtiment.

Abbotsen fut un peu pris de court par la réaction du gladiaiteur. Il avait un reflexe systématique dans ce genre de situation: il bondissait dans les hauteurs, parce qu'il fallait bien le reconnaitre, la grande majorité des menaces - surtout dans une cité - venait du sol.
Du coup, il se sentait plus nerveux à devoir rester silencieux dans un coin d'ombre que s'il avait pu rejoindre ce même coin d'ombre sous les tuiles défaites du haut batiment.... Surtout qu'avec l'imposante silhouette du sam'hein, qui rayonnait de chaleur, il ne voyait pas de meilleur panneau indicateur pour crier " nous sommes là, venez nous massacrer! "

Le jeune arachnide se mit à soupirer, déjà épuisé de cette journée. Sa mauvaise humeur de l'instant passé y prenait grande part: il n'aimait pas ressasser son passé, encore moins se laisser envahir par de sombres sentiments - il n'en résultait jamais rien de bon, et dans un petit coin de sa tête, une voix mesquine ricanait que son clan aurait justement savourer de le regarder sombrer dans une si triste condition. Même s'il n'était pas foncièrement heureux - trop seul, trop pauvre, et tout un tas d'autres choses - il vivait dans un sentiment qui, du moins pour lui, se rapprochait d'un bonheur vacillant, ce qui était un début plus que prometteur.
Fixant ses yeux sur le sam'hein qui le surplombait, l'oeil fixé droit devant lui, alerte, il se demanda si l'autre était heureux dans la vie. La réponse qui fit échos aussitôt dans son esprit était un évident "oui". Un échos absurde qui ne se basait que sur l'allure extérieure et le sentiment qu'inspirait l'homme aux autres. Il était plus complexe à lire qu'à première vue, comme si une partie de lui était inaccessible à l'oeil...

Abbotsen soupira mentalement avant de baisser à nouveau les yeux. Il n'aimait pas les gens qu'il n'arrivait pas à définir, parce qu'il y avait toujours un risque que cette partie inaccessible renferme quelque chose de dangereux... Sa méfiance de gamin des rues virait souvent à la paranoia infondée, mais elle était encrée dans son coeur comme un poison.

Alors, sans savoir ce qui le poussait réellement à faire ça, alors que le gladiateur l'avait protégé sans faille jusqu'à maintenant, le jeune arachnide tendit la main sur sa droite, et poussa au hasard les débris qui surplombaient une des caisses les dissimulant, les renversant dans un vacarme suspect...

Il ne savait même pas encore ce qu'il allait faire à cet instant. Si jamais les bras du sam'hein s'écartaient ne serait-ce qu'un peu, sans doute filerait-il dans les hauteurs, pour retourner à son bonheur vacillant et quitter l'étrange guerrier qui remuait trop profondément, sans même s'en rendre compte, les bases fragiles qui maintenaient son existence dans un mince filet de mensonges.
Parce que oui, il n'était pas heureux. Oui, il avait besoin de quelqu'un pour le recadrer, juste pour lui faire reconnaitre qu'il existait vraiment, et que son avenir était promis à quelque chose de mieux qu'un stupide rêve pour lequel il ne se démenait même pas, mais il y avait toujours cette voix malsaine qui, à son insu, le forçait à se contenter de sa condition, comme une punition à ce qu'il était. Il avait beau s'y opposer de toutes ses forces, ses forces n'étaient pas assez, et depuis toujours, il s'engluait un peu plus, s'arrangeant simplement pour qu'il n'y paraisse pas.

En effet Abbotsen, n'aimait pas les gens difficiles à cerner, pour la simple et bonne raison qu'il en faisait partie, et qu'il était le genre de personne dont il faut se méfier.

Lorsque le gamin bouscula, apparement consciement, les débris surplombant l'une des caisses à leur gauche Mael sentit l'adrénaline cogner dans son crâne. Il savait réagir vite à se genre de situation. Il avait appris durant les tournois du Colisée à se sortir des pire moment. Coincé entre deux golems de pierre, il avait dernièrement réussit à s'échapper miraculeusement dans un timing précis, en évitant succéssivement leur poing qui s'écrasèrent sur leur visage réspéctif, brisant leur armure indestructible. Il avait alors dégainé son cimeterre puis dans un coups puissant, il avait fissuré la moitié du visage d'un des deux assaillants.

Pourtant, à ce moment précis, dans cette situation singulière il sentit la panique s'emparer de lui. Il se sentit brisé, faible, anéanti de ne pouvoir aider la petite chose camouflée derrière lui. Il recula alors, réduisant un peu plus la distance entre lui et l'enfant, puis murmura une injure à l'encontre d'Abbotsen. Le genre d'injure qu'on ne pense pas vraiment.

- "Sortez de votre cachette !" Cria l'inconnu d'une voix trés particulière.

En effet, on pouvait reconnaître l'accent et le timbre des habitants des marais. Ce timbre profond et caverneux, tremblant dans une glotte décrépit, faisant vibrer des cordes vocales atrophiées. Mael, l'aurait reconnu entre mille, cette voix que bon nombre des ses adversaires possédaient. Cette voix de Golgoroth.

L'ombre s'approcha péniblement, portant dans sa main une claymore, longue, lourde et rutillante malgré la fissure qui la parcourait. Mael repoussa alors d'une main délicate Abbotsen, puis fonça droit en avant pour surprendre son adversaire, qui ne fut pas surpris du tout. Dans un bruit de fer, le cimeterre de Mael cogna l'autre lame, s'enflammant de tout son long. L'activation du pouvoir de feu eut pour effet de fissurer la claymore encore plus qui se brisa alors sous la force du Sam'Hein.

Il ne voulait pas tuer son opposant. Alors Mael recula de deux pas regainant son arme, laissant le Golgoroth la bouche béante, les yeux grands ouverts, tenant dans sa main la lame brisée.

- "Mais.. Mais... !!!" Bégailla le Golgoroth. "Je vous reconnais ! Vous êtes l'un des combattants du Colisée ! Et cette arme... Cette arme Magique !!!"

Cette arme magique forgée dans les laves d'Izareth avait déjà sauvé de nombreuse fois la vie du Sam'Hein, mais jamais d'une telle manière. Mael supris à son tour de voir son adversaire en adoration devant son arme, la sortit à nouveau de son fourreau.

- "Puis-je la toucher ?"

Abbotsen s'était attendu à ce que le gladiateur se relève sous la surprise pour répondre vivement à l'alerte, ou tout autre geste qui lui aurait permis de s'échapper... Mais certainement pas à ce qu'il resserre son étreinte en signe de protection... Peut-être que si l'adolescent avait un jour l'occasion de se retrouver à nouveau dans une situation potentiellement dangereuse avec le Sam'hain, il faudrait qu'il songe à lui dire qu'il n'était pas si faible qu'il y paraissait, et pouvait assurer sa protection seul.

Sur Eucallystâ, les bêtes dangereuses pullulaient à travers la forêt humide, et celui qui manquait de force mourrait sans que ses compagnons se retournent sur son cadavre, quand même bien même les liens du sang étaient en jeu... Du moins, cela se passait comme tel avec les imparfaits.
Dans un sens, le geste du gigantesque guerrier avait quelque chose de rassurant et d'agréable, savoir qu'on avait suffisamment d'importance pour que sa vie vaille la peine d'être préservée... Le gamin s'en voulait d'avoir fait empirer la situation volontairement sans même avoir une raison valable.

Et au final, il se trouvait toujours là, alors qu'un immense Golgoroth, plus grand encore que le gladiateur, évaluait l'épée magique d'un doigt expert. Il aurait dû fuir à la seconde où les deux hommes avaient croisé le fer, mais s'il était toujours fixement immobile, c'était pour une raison identique à celle du forgeron Golgoroth: le cimeterre aux propriétés de feu suscitait une égale admiration chez eux deux.
Abbotsen rêverait de pouvoir un jour forger une arme qui possèderait ne serait-ce que le cinquième de cette qualité... quand bien même la finesse de ses bras était là pour garantir que cela reste du domaine fantasmagorique.

Le blondinet esquissa quelques pas dans la direction des deux géants, sa curiosité prenant le dessus, et s'apprêtait à dire quelques mots - avec la décense de baisser les yeux - lorsqu'une voix surexcitée retentir non loin.

" Les voilàààà!!!!! C'est l'enleveur d'enfant! Il a rejoint son compliiiice!!!! "

Abbotsen se retourna, vif comme l'éclair, pour constater qu'un frêle garde à l'uniforme mal ajusté, le visage couvert de tâches de rousseur et une mine chevaline, se jetait comme une furie sur la lourde grille. S'il était suffisamment stupide pour espérer que son poids suffirait à l'ouvrir, l'arachnide n'aurait su le dire, mais son alerte avait eu l'effet escompté, car déjà une multitude d'autres gardes accourait, lui criant de ne pas s'inquiter, qu'on l'arracherait bientôt des griffes malveillantes de ces esclavagistes venus de l'est pour voler les enfants de la Cité...!
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le discours à propos du voleur à l'étalage avait sacrément évolué!

A quoi, il ne sut trop quoi répondre, si ce n'est avec des yeux ronds comme des soucoupes, trop abasourdi pour réagir autrement. Il aurait presque eu envie de rire devant le ridicule de la situation, si les gardes n'avaient pas semblé si sérieux...
Leur expliquer allait prendre un temps fou, et beaucoup de patience...

- " Puis-je la toucher ?" Demanda le Golgoroth intrigué par cette lame unique, cette arme puissante dans les mains d'un représentant des Volcans.

Il tendit les mains dans l'espoir de frôler l'objet du bout des doigts, lorsque soudain un cri résonna dans la cour. Essayant de pousser la grille de tout son poids, un jeune garde, hurlait pour attirer le reste de la troupe. Il était si fin, qu'avec quelques kilos en trop il aurait très bien pu passer entre les barreaux. Mael le regardait s'agitter comme une furie, alors que déjà au coin de la rue, le reste de la garde accourait à une vitesse folle, soufflant bruyamment après leur course effrénée dans les rues étroites.

- " Gamin ! Viens par là, on rentre chez ce forgeron. Il ne faut pas perdre une seconde, je sais comment en finir avec cette histoire. " Expédia Mael le plus rapidement possible, occultant la demande du jeune forgeron, lequel ne comprenait pas dans quelle situation il venait de tomber.

Il esperait fortement que le petit chenapant ne s'enfuirait pas cette fois-ci. Il regarda alors le garçon droit dans les yeux, le fixant sévèrement. Il ne restait qu'une solution pour que les gardes arrêtent leurs délires. Se rendre. Mais pas devant ces chiens des Dirigeants, mais devant une instance bien plus haut placée, comme durant les Doléances par exemple. Il fallait donc réussir à courrir jusqu'au Haut Quartier pour pénétrer dans la Tour du Conseil. Difficile, surtout avec des gardes aussi tétu à ses trousses. Difficile aussi, à cause de la garde qu'il faudra éviter lors de l'entrée dans la tour. A moins, que...

*Mais bien sûr ! Toutes la gardes n'est pas mise en alerte seulement pour nous. Si on arrive à disparaître et à les semer une bonne fois pour toute, on pourra comme si de rien n'était, rentrer dans la Salle du Conseil.*

- "Allé ! Hop !" Fit Mael, accompagné d'un geste de la main invitant le garçon à le suivre.

Il n'y avait plus une minute à perdre, car déjà la troupe s'organisait pour soulever la grille. A cinq, il réussir tant bien que mal à la faire bouger d'un pouce.

- "Envoyer une troupe à l'avant de ce bâtiment pour boucher toutes les issues !" Cria le soldat le plus sûr de lui.

Mael n'hésita plus une seconde et s'engouffra chez le forgeron, bousculant l'apprenti gentillement, espérant que la garçon le suive. Le Sam'Hein traversa alors une première pièce servant d'entrepos au charbon, puis une seconde ouverte sur la rue voisine. Le Maître Forgeron qui frappait sur une lame rouge vif sentit un courant d'air derrière lui, et avant même qu'il puisse réagir, Mael était déjà dehors, courant à travers les rues, la sueur dégoulinant déjà sur son front. Loin derrière les cris le suivait.

Si le jeune Abbotsen était connu pour une chose, c'était bien sa vivacité! La question ne l'avait même pas traversé de rester en arrière. La donne avait changé, maintenant que les gardes avaient loguement eu le temps de l'identifier... Il s'était préparé à expliquer le quiproquo, quitte à recevoir la punition encourue pour son vol, mais son compagnon semblait en avoir décidé autrement.
Un autre problème se dressait pour l'instant: le Golgoroth, de toute sa stature, avait eu le réflexe de se placer devant la porte après la fuite précipitée du gladiateur, bloquant le passage pour le rejoindre. Qu'à cela ne tienne, plutôt que de tenter de se glisser par ce chemin, et risquer de se faire attraper, il lui suffisait d'utiliser la voie qu'il maitrisait le mieux: celle des toits.

Introduisant ses phalanges agiles dans les aspérités de la roche, la pulpe de ses doigts adhérant aux surfaces plus planes, Abbotsen se hissa en quelques instants sur les tuiles, ava,t se s'élancer de toit en toit à la poursuite du Sam'hein qui l'apercevait déjà au bout de la rue.
Ses jambes n'égalaient pas les longues foulées de l'homme, mais l'arachnide n'en restait pas moins d'une rapidité supérieure, et savourait sa liberté de mouvement maintenant qu'il s'apprêtait à sauter aux côtés du gladiateur, plutôt que de se trouver secoué comme un sac sur son épaule!

Il arrivait enfin à sa hauteur lorsque celui-ci s'engagea dans un virage à l'angle de la rue. Les soldats partis pour les intercepter déboulèrent presque au même moment de la rue en contrebas, mais leur lourd attirail de milicien les ralentissait.
Jetant un coup d'oeil en arrière sur la cohue clinquante qui perdait petit à petit du terrain, Abbotsen cria à l'adresse de l'homme à la peau rouge:

" Pourquoi est-ce qu'on fuit?? On ne devrait pas plutôt essayer de leur expliquer? "

Le gladiateur, de par son métier, et ses origines, n'avait rien du voyageur discret qui pourrait rapidement se faire oublier par les autorités. Idem pour Abbotsen, bien que les gamins des rues abondent, il sortait un peu du lot, loin de ressembler à un mendiant, et son maître ne tarderait pas à faire le rapprochement en cas d'enquête ultérieure...

Néanmoins, il continua à courir. Son poids plume le rendait endurant à ce genre de course modérée, et bientôt, il prit la tête pour les guider dans les dédales du bas quartier, tout en continuant de suivre la direction générale que semblait viser son compagnon.
Les gardes comptaient parmi leur rang des habitués du Bas quartier, à en juger par leur acharnement, mais tôt ou tard, leur nombre les rendant plus bruyant que tout alentours, ils finirent par perdre la trace des deux fuyards, bien plus discrets.
Ce n'était pas trop tôt à en juger par l'essouflement du grand gladiateur. Un combattant misait sur la force et la technique, la course rapide devenait rapidement une épreuve lorsqu'elle se prolongeait, et le moins qu'on puisse dire, c'est que le Sam'hein avait passé sa journée çà courir!

Néanmoins, leur arrêt ne servait nullement au repos, seulement à s'assurer que la milice s'éloignait bel et bien dans la direction opposée avant de reprendre leur chemin.

L'adolescent ignorait toujours leur destination, si ce n'est qu'ils avaient pris soin de ne pas s'enfoncer trop loin dans les bas quartiers, longeant plustôt la place de la Victoire en une courbe différée... Il se demandait même s'ils se dirigeaient réellement quelque part, mais ne s'en formalisa pas trop. Si le gladiateur souhaitait son départ, il finirait par le lui dire.

Lorsque le sommet de la tour du Conseil commença à se profiler, une légère pointe d'incompréhension s'empara d'Abbotsen, ainsi que la sensation très fataliste d'une catastrophe imminente...

" Mmh... " fit-il avec hésitation " De quelle façon on est censé en finir avec cette 'situation', déjà? "

Abbotsen avait conscience de jouer les capricieux, mais il préférait soigneusement éviter d'aborder le coup en traitre qu'il avait infligé au gladiateur un peu plus tôt...
Il était prêt à accepter son sort, qui, s'il s'avérait être ce à quoi il pensait, ne s'annonçait pas lumineux... Ca comptait un peu dans la balance, non?