Second Jour de la Fête du Ramanthin !!! [Fermé]

Zieg n'était arrivé à Mélandre que durant l'après-midi du second Jour ! Il avait entendu parlé de la fête du Ramanthin qui se déroulait chaque année dans cette majestueuse ville Marchande et il n'avait qu'une seule envie. S'insinuer parmis tous les passants. S'insinuer dans la foule et disparaître, avaler par cette masse grouillante. Atilla dans sa poche reposant paisiblement, il avait visité plusieurs stands d'archerie, de vêtement en tour genre, et autre boutique d'équipement. Son sac était remplit de cochonnerie inutiles et il continuait à le bourrer. Des herbes médicinal, des potions de transe, des bagues, des écharpes. Rien de bien important au final, car il en avait jamais eu l'utilité. Mais il s'était toujours dit qu'il fallait toujours avoir tout sur soit pour parer à toute éventualité. L'écharpe en cas de baisse soudaine des température, les bagues en cas de demande de mariage ! Ridicule !

Après plusieurs tours sur la Place, il s'engouffra dans les ruelles à la recherche d'un bon restaurant Hellbereth qui lui rappelerait les plats que cuisinait son oncle. Il en trouva un. Y mangea en quatrième vitesse puis sortit rapidement dehors pour se réserver une place de choix durant le feu d'artifice. Les feux d'artifices, les explosifs, il en avait entendu parlé durant la Rebellion. Les vaisseau volants déversant sur les armées un feu mortel, un feu merveilleusement beau et destructeur. Eylis... en avait peut être subit les conséquences. Eylis lui manquait toujours. Mâchinalement il joua avec son pendantif, caressant les os de son maître disparut.

Les couleurs étaient fabuleuses pourtant. Mais tellement artificielle. Tellement... magique. Cette magie l'effrayait car elle etait trop puissante, comme la science. Une puissance allant au delà des limites mortelles qu'il ne comprenait pas. Une puissance capable de détruire un continent si elle tombait en de mauvaises mains.


Et en pensant ceci, cette horreur devint réel. Il sentit d'abord Atilla, dans sa poche, remuer comme une folle. Il dû l'empêcher de s'échapper, et applica sa douce main sur le crâne du petit animal, lui chuchotant des mots doux :

- "Reste tranquille ma petite ! Ce n'est pas dangeureux ! Ce n'est pas..."

L'explosion de l'estrade le projeta en arrière. Il sentit le bois pénéter son bras droit. Pénétrer son muscle, briser son os. Il percuta quelqu'un qui tomba avec lui. Cette personne, il venait de la protéger des lances de bois qui s'attaquaient aux passants. Il venait de protéger quelqu'un contre son grès, mais ce n'était pas important. Il cria de douleur lorsqu'il extirpa de son bras le morceau de bois et tendit l'autre main à l'homme qu'il venait de renverser. Autour de lui des cadavres gisaient, des gens inanimés aussi. il avait eu de la chance. Dans sa poche Atilla tremblait comme une feuille. Heureusement, il ne l'avait pas écraser dans sa chutte. Pauvre petite Lemuri... !

Ces derniers temps, Celesti semblait prendre un plaisir fou à s'amuser avec les nerfs du Dirigeant. En un mois, cela faisait deux fois qu'on lui haussait le ton envers lui. L'époque où il n'était qu'un soldat comme les autres le manquait. Il aurait pu se permettre de se lancer dans duel ici et maintenant, personne ne s'en serait soucié...Mais il était Lothianyth Til'Sayan, Dirigeant d'Arrène, et de ce fait d'énormes responsabilités pesaient sur ses épaules.

- Merci pour cet admirable sermon sur la façon dont un Dirigeant doit se comporter. Je me demande vraiment comment nous avons pu faire, toutes ces années, sans l'aide de vos conseils avisés, lança Lothianyth sans se laisser décontenancer.
Il avait retenu la leçon de la denière fois: le sens de la hiérarchie semblait n'être qu'un vague souvenir dans l'esprit de certains.
L'Eycorché s'assit.
- Mes ordres ont déjà été donnés, ajouta-t-il plus à l'adresse des deux autres Dirigeants qu'à celle de cet homme. Mon lieutenant arrivera avec son rapport à 20 heures, et mes hommes savent ce qu'ils ont à faire. Mais merci, merci beaucoup pour cette passionante leçon de "je me pointe sans savoir de quoi je me mêle". Vous pourriez peut-être vous rendre utile ailleurs? Je ne sais pas, dans le fond de la baie, par exemple?


Il se tourna vers les deux autres Dirigeants, ignorant superbement l'Arachnide.
- Cinq hommes vont arriver dans une dizaine de minutes pour assurer notre garde. C'est ce qui était prévu en cas de...drame. Je pense qu'il serait très peu prudent de se montrer en pleine rue mantenant, et même si mes...espions...conaissent ma position actuelle, il nous sera plus facile de contrer un autre attentat en sécurité à l'étage.

Il se tourna de nouveau vers l'Arachnide. Habituellement, il ne montrait son respect qu'à ceux qui lui en témoignaient, mais cette fois, Loth fit une exception:
- Voulez-vous vous attabler et partager cet excellent vin que je viens de commander?
Il n'aurait servi à rien de tourner en rond dans cette pièce en attendant le retour de son Lieutenant, et ses hommes se chargaient des dommages collatéraux. Il ne lui restait plus qu'à rester là. Les deux autres feraient ce qu'il voulaient, ils pouvaient partir quand ils le désiraient, mais Loth ne savait pas qui était cet Arachnide, et il ne voulait pas courir le risque de le laisser partir pour qu'il informe d'autres personnes de la situation actuelle des Dirigeants.
- Asseyez-vous, je vous prie.


[XD quand deux grands cyniques se rencontrent :p]

[HRP : Roooh Loth' xD j'allais répondre ! Bon je vais devoir revoir tout ça xD ! Zut !]

Erian resta bouche bée devant l'intervention de Retep ! Que faisait-il ici ? Etait-ce une simple coïncidence pour qu'il ai suivit le Thaltos ? Le Dirigeable peut-être ? Lorsqu'il avait explosé, tout le monde avait dû pensé qu'Erian était à l'intérieur. Aïe ! Il s'en voulait. Mais c'était pour la bonne cause. Si au moins celà évitait de le détruire lui ! Il se sentit lâche. Très lâche. Une larve écrasée par une évènement qui le dépassait. Chacun des protagonistes avait raison. Même le cuisinier en bas avait raison. Il devait se réveiller. Montrer sa force, son ébranlable bonne humeur et son imperturbable sourir. Il devait se tenir bien droit et étaler sa lumière sur les habitants. Une lumière qui les rassurerai. Mais pour celà, il devait resté en vie. Sa vie valait autant que celle de n'importe qui. Il fallait qu'un maximum de personne reste en vie.


Après que Loth' soit intervenue, il s'attabla, demandant une caraffe de lait comme il en avait l'habitude. Un serveur effrayé partit lui en dégotter une.

- "Permettez moi d'intervenir mon ami !" Dit il généreusement à l'encontre de Retep ! "Vous avez totalement raison à propos des Soldats. Ils sont venu à Mélandre pour parer à ce genre d'éventualité ! Non pas pour rester les bras croiser en regardant la Ville être en proie aux Flammes. Vous me demandez si je vous ai prévenu ? J'ai envoyé un Albanestre à votre guarde pour démasquer les terroristes. Mais apparement, certain des gardes n'ont pas fait leur boulot, ou bien alors ils sont incompétants pour démasquer les faux articifiés." Commença t'il sans une once de colère dans la voix, rien que simplement, alors que dehors les cris continuait. Des pleurs s'y ajoutait. "Nous sommes dans une situation d'urgence. Nous seuls sommes capable de la guider comme il se doit. Sans nous, le peuple s'égarerait dans la folie et dans la peur. Et c'est pour ça que nous nous devons de rester en vie."

Il reprit un instant son souffle !

- "Monsieur Til'Sayan, je vous prirais d'être courtois avec cet arachnide. Quelqu'un a dû intercepter ma lettre en tout cas ! Ou bien autre chose... Je ne sais pas ! Mais vous avez raison vous aussi Til'Sayan, nous sommes plus à l'abrit ici. Je crois qu'il ne nous reste plus qu'à attendre un rapport de l'étendu des dégats pour réagir en fonction. Il va de soit... " Une énrome boule resta coincé en travers de la gorge du Dirigeant. ".. Que... la fête est annulée !"

[Bon Retep, Loth'... Attendons un peu la prise de parole d'Ez" xD ! Faut pas que ça aille trop vite sans son avis :p !]

De la magie ! Le jeune homme devant lui était un mage capable de soigner la douleur, plus que la blessure en elle-même. Zieg reconnu bien là, l'inutilité de ce pouvoir. Son bras lui faisait énormément mal et il se laissa tombé assis à côté du garçon. La peur différement des autres passants ne l'étreignait pas. Il ne sentait pas cette envie de fuir la fatalité. Après tout, la mort pouvait le prendre n'importe où, il ne s'en souciait guère, tant qu'il mourrait en protégeant la vie d'un autre.

Le jeune homme semblait essouflé ! Peut être un contre coups de l'utilisation intensive de cette magie ou bien l'éffroie qui enlaçait sa gorge. Atilla apeurée, sortie son museau de la poche du veston de Zieg.

- "Reste là !" Lui murmura le Rodeur en serrant les dents de douleur !

Il se pencha vers le garçon. Lui posa délicatement une main sur l'épaule. Il était si chétif comparé à cet énorme tas de muscles, cette armoire de près de deux mètres. Il lui rappelait son petit frère, lorsqu'après avoir fait la course tous les deux dans les Falaise d'Ardès, il se laissait tombé en avant à bout de souffle. Zieg le prenait alors par les épaules et le secouait gentillement en se moquant de sa faiblesse. "Regarde moi !" Disait-il "J'ai souffert autant que toi, mais je ne le montre pas ! J'ai souffert mais cette souffrance doit devenir ta force ! Tu dois te nourrir d'elle pour alimenter ta puissance !"

- "Vous allez bien ?" Demanda Zieg au garçon, prenant bien soin de ne pas le brusquer de trop. "Je peux faire quelque chose pour vous ?"

Atilla couinait de peur. Autour d'eux, les gens criaient toujours. Les ombres passaient comme des fantômes cauchemardesques. Non loin de là, un cadavre les dévisageait de ses yeux livides. Un cadavre semblable aux milliers d'autres qu'il avait du charier juste après les Grandes Guerres, lorsqu'il était parti à la recherche d'Eylis ! Son bras. Cette douleur. Il ne pourrait pas l'utiliser avant un bon moment, à moins de trouver ... Une idée soudain lui vint à l'esprit.

D'une main, il retira sa sacoche est farfouilla à l'intérieur à la recherche d'un onguent ou d'une potion. Ses théories sur l'utilité des choses inutiles se vérifiaient enfin.

- "Tiens ! Prends ceci, ça va te redonner un peu de vigueur !"

Zieg lui tendit une petite fiole d'alcool très fort. De quoi réveiller un mort lui avait dit le marchand en lui prenant son argent. L'Hellbereth avait l'occasion de testé si les dires du marchand était véridique sur un des cadavres alentours, mais il préféra s'occuper du garçon mal en point. Après tout, c'était peut être avec son poids qu'il l'avait blessé ? 105 kilos sur un corps si frèle. Un os brisé peut être ?

L'obscurité s'étendait rapidement, à peine repoussée par la lueur de quelques torches. Pour donner son âme au spectacle du ciel, les gens devaient accepter d'être plongés dans l'ombre. Une sorte d'humilité dans l'émerveillement. Et un bon camouflage pour les saboteurs comme lui.

Se faufilant à travers les gens amassés dans l'attente du lancer, il passait inaperçu. Parmi les visages levés, éclairés par en dessous de l'éclat rougeâtre émis par de petites lanternes de papier tenues au bout d'une baguette, il repéra l'expression de concentration de certaines personnes qui regardaient la foule au lieu de fixer le ciel. Des gardes, il l'aurait juré. Comme quoi ils n'étaient pas les seuls à avoir troqué l'uniforme habituel... Sa méfiance redoubla, et le noeud dans sa gorge monta encore d'un cran. Il n'avait décidément pas l'envergure pour faire un chef... Incapable qu'il était de juguler sa peur.

Il sursauta lorsqu'une silhouette blanche le frôla, et tournant la tête repéra une sorte de halo pâle qui s'en dégageait. Le dirigeant de Thélus, Sheryde. Il ne se dirigeait pas vers l'estrade où il aurait dû présider. Fallait-il le suivre? Ou serait-il trop tard? L'hésitation dura un instant de trop, ou quelque chose le retint. Il poursuivit sa marche hative vers le coin ouest de la place.

Deux gardes en tenue arrènoise se tenaient, impassibles, devant les terroristes manipulant des fusées bourrées d'explosifs. Il semblaient se disputer à voix basse sur l'orientation d'un des tirs: le jeune ansurien venu de Thélus brandissait un schéma des plus obscurs aux yeux d'Ayesha, mais qui de toute évidence ne convenait pas aux deux autres.
Il s'avança auprès d'eux, mimant une assurance qu'il ne possédait pas.
"Au rapport! Quel est le problème?" coupa-t-il d'une voix sèche et basse. Le thélusien et l'artificier le plus vieux prirent la parole en même temps.
"Il faut réajuster les angles..."
"Ce blanc-bec refuse de nous écouter!"
Il souffla par le nez, les nerfs malmenés.

"Vous, expliquez-moi la situation."
Il s'était adressé au thélusien, marquant sa préférence pour un homme qui n'appartenait pas à sa faction. Les deux mélandrins lui jettèrent un regard outré. L'étranger eut un air reconnaissant, et prit la parole d'une voix claire:
"Le dirigeable n'a pas suivi la trajectoire prévue, je suis donc d'avis de recalculer les coordonnées du lancer... De plus, il ne semble pas y avoir de dirigeant sur l'estrade, juste des conseillers inutiles..."

Le plan avait été éventé, il s'en doutait. Néanmoins, ils n'avaient pas été repérés. Le feu d'artifice était maintenu. Quelle sottise, alors qu'ils semblaient connaître la nature de la menace... Il restait donc une chance.
"Qu'importe. Le premier tir visera l'estrade. Le second le dirigeable, et refaites tous les calculs nécessaires, mais vite. Le troisième sur la tour du conseil."

Il lança un regard glacial aux deux autres techniciens.
"Suivez ses ordres, il sait mieux que vous ce qu'il fait. La faction de Thélus est réputée pour sa connaissance des explosifs, vous le savez très bien! Vous osez mettre en péril la mission pour de stupides rivalités entre factions? Exécution!"
Son sermon autoritaire eut l'effet escompté: il n'y eut pas d'autres récriminations, et ils se mirent ensemble au travail. Juste à temps. Les premières fleurs de feu s'épanouissaient déjà devant les trois lunes, au rythme d'une musique de plus en plus présente.

Il y eut quelques instants d'immobilité complète tandis que les bardes entonnaient un rythme plus rapide, puis les techniciens allumèrent la longue mèche qui se mit à crépiter: le thélusien serra dans son poing un fil semblable, marmonnant des formules, et une petite bille bleu apparut sur son ersatz de mèche, glissant doucement vers l'extrémité au même rythme que la vraie flammèche. Ils reculèrent tous précipitamment. Les secondes que la flamme mit à atteindre le premier barilet de poudre lui semblèrent les plus longues de son existence. Deux serpents multicolores s'entortillèrent dans la voute céleste devenue noire. Un regard à l'estrade où les conseillers, conversant à voix basse, vivaient leurs derniers instants. L'évidence lui sauta aux yeux. Ils étaient trop près, beaucoup trop près. Mais le sort était déjà jeté. La poudre s'embrasa dans une déflagration. Instinctivement, il pressa ses mains sur ses tempes. Cette protection insuffisante n'absorba pas la détonation qui retentit ensuite, comme l'estrade volait en éclats. Il n'entendait plus rien. Des éclats de bois et du sang mêlés fusèrent vers la foule avec le souffle de l'explosion. Vers eux. Il n'eut pas le temps d'esquisser un mouvement: une poutre brisée fonçait sur lui. Mais c'est le corps du jeune ansurien de Thélus qui l'arrêta. Il ne l'arrêta pas vraiment: le bois traversa la chair et le déchiqueta. Le monde bascula. Tout n'était que feu et sang. Une pluie d'échardes siffla autour d'Ayesha, menaçant d'atteindre ses yeux écarquillés. Des éclats de bois eraflèrent sa peau livide, se fichant dans ses vêtements mouchetés de sang. L'horreur l'empêchait de bouger, malgré le danger: il ne pouvait détacher le regard du corps en charpie étendu à ses pieds.
Le dirigeable se transforma soudain en boule de feu à la dérive lorsque le gaz du ballon s'embrasa. La toile se consuma instantanément et les structures calcinées se détachèrent sur l'enfer de flammes qu'elles ne pouvaient contenir. Dans un mouvement lent, cauchemardesque, il piqua du nez, avant d'entamer sa chute.
Une brusque montée d'adrenaline raffermi les jambes d'Ayesha. C'était un miracle qu'il soit encore vivant et à peu près intact: à cette distance, la plupart des spectateurs se tordaient au sol ou gisaient, immobiles pour toujours. Ils n'étaient pas très nombreux, la majeure partie de la foule s'étant agglomérée au centre, d'où le point de vue était le meilleur pour voir les fusées... De ses subbordonnés, pas de traces: ou ils étaient morts, ou ils s'étaient fait la malle, et il ne s'attarda pas pour vérifier.
Les hurlements qui résonnaient dans ses oreilles lui indiquèrent qu'il commençait à retrouver son ouie. La foule refluait dans un mouvement de panique, et il se retrouvait dangereusement exposé, seul à côté du matériel. Il était quand même assez amoché. Une tiédeur poisseuse lui inondait le cou, il connaissait bien le goût métallique dans sa bouche et ses mains étaient noires dans l'obscurité. Il se sentit paniquer puis se dit que tout ce sang ne lui appartenait pas forcément.
Il tourna les talons lorsque la dernière fusée toucha la tour dans un sifflement. Les ruelles obscures se trouvaient à quelques mètres, il pourrait s'y glisser furtivement et s'échapper... La terreur qui l'avait immobilisé lui donnait désormais des ailes.

Il se croyait sorti d'affaire, il se trompait. Alors qu'il s'engouffrait dans le passage, une poigne de fer le saisit par l'arrière du col, le souleva du sol et le plaqua violemment contre le mur.
Le choc contre la pierre n'arrangea pas l'état de son crâne et la main qui l'avait saisi à la gorge, non contente de l'étrangler, lui brûlait la peau: le sam'hein furieux avait augmenté sa température interne.
La chevelure flamboyait et le visage au ras du sien, à moitié couvert par un bandeau, lui envoyait des ondes de chaleur. Les traits de son assaillant étaient durs, sa bouche ouverte dans un rictus de colère. L'unique oeil rougeoyant exprimait haine et détermination.
Une lame coulissa et sortit de sa manche, se glissant au dessus de la main qui le retenait, sous sa jugulaire, au point qu'il sentit le contact froid du tranchant.
"QUI T'AS ENGAGE?" aboya le poursuivant.
Ayesha ne lui sentait aucune retenue: la rage avait tout balayé. Le regard de l'oeil unique ne laissait aucun doute, il le tuerait si il ne parlait pas. Ses pieds s'agitaient à vingt centimètres du sol: l'autre disposait d'une carrure et d'une force avec laquelle il ne pouvait rivaliser. Grimaçant de douleur, il essayait de reprendre une respiration qui ne venait pas.
Il était acculé. Aucune fuite possible. A la merci d'un ennemi.

Que pouvait-il faire? Il ne pouvait pas répondre, mais si l'autre le tuait? Ca ne se pouvait pas, ça ne pouvait pas finir comme ça... Ses réserves de courage étaient très limitées. Il avait trop peur de mourir! Le seul moyen de sortir de ce dilemne était de se convaincre que cette brute ne pouvait pas le tuer. Il avait besoin de la vérité, et les morts ne parlent pas. Le seul recours désormais c'était de gagner du temps. Mentir, même si ça ne fonctionnerait pas longtemps.

Il essaya de parler mais tout ce qui sortit de son larynx comprimé fut un gargouillement incompréhensible. De l'air! Des points noirs dansaient devant ses yeux. Il avait besoin d'air, ou il allait perdre conscience...
L'étau qui l'immobilisait se desséra un peu et il aspira avec avidité une bouffée d'oxygène. Une quinte de toux l'agita, puis il articula d'une voix rauque:
"Chui artificier, j'ai été engagé pour la fête! Je bosse pour des thiels, mais le grand patron c'est Sal'Hem qui nous a commandé le spectacle... J'ai rien fait de mal, c'est normal de prendre ses jambes à son cou après ce qui s'est passé!"
Il avait un ton geignard qui n'était pas vraiment voulu, mais après tout n'importe qui aurait été effrayé dans de telles circonstances. Même un innocent...
Ce n'était pas sa meilleure prestation, et il pria pour que le sam'hein ne lise pas la terreur dans son regard. Une terreur trop grande pour quelqu'un qui n'aurait rien eut à se reprocher...

[Pas de souci Angal, c'est un plaisir de te retrouver! (enfin si je puis dire...) Je m'attends pas à ce que tu sois convaincu par mon mensonge, c'est juste histoire de gagner du temps... Je me charge d'Ez demain matin, là heu... c'est un peu tard. Désolée. Ouah cool la colo du lemuri Zieg, c'est sympa d'en voir un en vrai... Enfin je veux dire dans le jeu! Je sens que je vais l'aimer Attila...]

Les derniers rayons de soleil disparaissaient maintenant complètement. La foule remontait vers la place du marché comme un curieux fleuve qui irait à l'encontre de la pente de la montagne vers sa source au lieu d'aller se jeter dans la mer comme tout court d'eau de bonne famille. Une honte ! Touik n'avait pas bougé et était restée assise sur la digue jusqu'à ce que la noyade de l'astre solaire soit totale. Le doux ronronnement du dirigeable se rapprochaient. L'engin profitait des dernière lueurs du jour pour exposer à tous sa beauté guerrière. Étrange choix de la part de Erian que cet appareil qui devait rappeller tant de mauvais souvenirs à bon nombre d'habitants. Mais nul ne pouvait nier que la machine volante était pleine de grandeur et de majesté à cet instant, flottant paisiblement au dessus de la ville.

*Ça doit être amusant d'être là haut...*

Oui voler devait être un expérience tout à fait exitante. Elle aurait bien fait un tour sur ce splendide moyen de transport. Les Docks se vidaient petit à petit mais Touik n'était pas préssée. De toutes façons on verrait sûrement les feux d'en bas aussi. De la musique lui parvenait de la haute ville. D'abord calme,puis de plus en plus nerveuse.

*L'ambiance doit quand même être simpa là haut... On monte ? ... Okay*

Elle se releva et suivit d'un pas léger les retardataires qui se préssaient pour atteindre le marché avant le début de la soirée. Les accords devinrent plus puissants, plus profonds. Une gerbe de feu s'éleva vers les étoiles, elle aussi au rendez vous pour ce grand événement. Émerveillée, Touik décida en une seconde qu'il serait dommage de tout manquer parce qu'un grand gaillard lui bouchait la vue : nul besoin de se perdre dans la foule, surtout si c'était pour tout louper. Elle se hissa sur le rebord d'une fenetre, de là s'agrippa au bas du balcon juste au dessus. Un bas relief comme prise de pied, une goutière pour les mains, en quelques tractions et déhanchements là voilà sur le toit. Les fusées sifflaient et finnissaient en éclaboussures de feu et d'or. Les explosions s'accordaient avec le rythme de la musique dans une symphonie éttonnante. Les yeux de la jeune femme captaient ces images colorées de joie et de fascination. Un petit vent marin était venu raffraichir la côte. Un sentiment de liberté et de puissance s'emparra de Touik. Du haut de cette toiture elle se sentait telle Celesti surveillant avec bienveillance l'extraordinaire spéctacle qu'avaient mis au point de pourtant si insignifiantes créatures terrestres.

Une autre explosion, de nouveaux cris d'émerveillement, une nouvelle couleur venant décorer la nuit débutante, une nouvelle mélodie pour l'accompagner, du bleu, du vert, du blanc, du jaune, le ciel était incendié de feux de joie. On eu dit une soirée chamalow chez les esprits celestes. Bruit sourd en arrière, suivit d'une vive lueur et d'une chaleur intence. Touik se retourna pour admirer ce qu'elle pensait être le suite des festvités... Le dirigeable était en feu, son armature de fer chauffée à blanc illuminait la voute celeste comme un nouveau petit soleil. Et comme son prédecéceur, cet orbe flanboyant de remplacement descendait sur l'horizon. Mais il le manquerait : le manque d'expérience peut être, on ne devient pas Soleil en une nuit. Cet apprentit improvisé visait les Docks ! Heureusement (façon de parler) ceux ci étaient presque déserts.

*C'est à toi de jouer Hasard ! Soit un peu de bonne humeur et fais tomber ce brasier dans l'océan tout prêt à l'accueillir.*

Malgré la note moins euphorique de l'incident, la jeune femme n'en était pas moins facinée : un incendit est, quoiqu'on dise, un phénomène d'une grande beauté. Et assez hypnotisant pour l'ansurienne. Des cris de terreurs la tirèrent de sa contemplation. En bas les rues frémissaient : une panique furieuse s'était emparée de la foule. Que s'était t'il passé ? La place du marché parraissait plus éclairé que de raison, pas pratique pour admirer les feux d'artifices... Un incendit, là bas aussi !

*Attentats...*

Cette pensée s'imposa à Touik. Une plainte gémissante s'élevait du centre de la ville. Des cris de terreur, des pleures. Les habitants couraient en tous sens, comme des fourmis fuyant une innondation de leur fourmilière. Et la reine des fourmis ? Où était t'elle ? Abandonnée au coeur des dédales sombres de la forteresse insecte ? Où étaient les dirigeants ?

*Le dirigeable... Paix à leur âmes...*


Une dernière détonnation : la Tour du Conseil... Plus de musique. Ou plutôt plus de chef d'orchestre autre que Chaos. La mélodie de la Peur et de la Mort s'élevait, chantée par les fêtards fuyards qui prenaient leurs jambes à leur coup dans le désordre le plus total, se bousculant les uns les autres en oubliant tout respect et politesse. Les hommes en danger sont moins que des animaux.

*Je crois qu'on est sencées être affolées ou bien quelque chose là Touik...*

Mais un sourire avait fleuri sur les lèvres de la jeune femme. Ce spectacle apocalyptique était très beau vu d'ici en réalité.

*C'ets pas banal ça. On va s'amuser Gzy !*

Elle prit son élan et sauta sur le toit d'en face. Courant sur les hauteurs des habitations elle se dirigea à vive allure vers la place du marché, ses lueurs infernales et ses gémissements. Est ce que Ash y était pour quelque chose ? Les Lépreux n'en voulaient pas particulièrement aux autorités, ça n'aurait pas eu de sens d'assassiné Erian et ses confrères : quelque soit le gouvernement, la drogue ne serait de toute façon jamais bien vu par les puissants. Elle rendait le peuple dépendant, rien de très enviable. Mais c'est vrai qu'une situation de crise fait à coup sûr augmenter considérablement la masse des clients... Serait il toute fois allé jusqu'à incendier la ville pour un plus grand profil ? Elle en doutait sérieusement. De nombreux extrêmistes parcouraient Médian, et de tout aussi nombreux illuminés en quête de reconnaissance et de renommée avaient dû être rassemblés à Mélandre par la fête. Oui c'était plus probable...

Assez proche de la place. Elle se laissa tomber sur le premier balcon qui se présenta à ses bottes. Elle atterrit en souplesse sur l'avancée de pierre. Elle allait enjamber la rembarde quand une petite voix la retint :

- Mon papa va revenir me chercher hein ?

Elle se retourna pour apercevoir une fillette aux grands yeux et aux cheveux blonds, vétue de vêtement 5 fois trop large pour son petit corps frêle. Une petite moue angoissé assombrissait son visage de fée. Les enfants ne devrait jamais n'avoir aux lèvres que le sourire joueur qui leur va si bien. Agripée au rebord de la fenêtre comme un condamné aux barreaux de sa cellule elle implorait Touik du regard.

- J'ai peur...

Souffla t'elle comme elle aurait annoncé qu'elle mourait de froid. Une peur glaciale. L'Ansurienme s'approcha et se mis à genoux pour se mettre à la hauteur de la nymphette.

- Ton papa est à la fête ?

Elle aquiessa de la tête.

- Il n'abandonnerait pas sa fille. Surtout si elle est aussi mignone que celle qui se tient bravement à la fenêtre devans moi, attendant son retour. Ne pleure pas.

Dit elle en voyant les larmes monter aux yeux de la petite.

- Il va revenir... D'ailleurs je vais le chercher. Décris le moi.
- Il a les yeux comme ça, montra telle en tirant sur les extrêmités de ses paupières pour brider ses yeux plus qu'ils ne l'étaient déjà. Une barbiche et des cheveux noirs et longs tout de travers devant, comme ça, ajouta t'elle en s'ébourrifant la chevelure fraichement peignée.
- Et il s'appelle ?
- Ayesha.
- D'accord. Et toi c'est ?
- Lise.
- Je vais le chercher Lise, ne t'inquiéte pas.
- Je peux venir avec toi ? demanda t'elle en commençant déjà à sortir sur le balcon.
- Ce serait avec plaisir miss. Mais j'ai une mission plus importante à te confier : tu vas me garder ceci. C'est très important, ne le perds pas. Je te le confis, prend en soin jusqu'à mon retour.

Touik avait dénouer le pendentif triskel et l'avait déposé au creu de la main bandée de la fillette.

- Souviens toi : il faut que tu restes ici et que tu gardes ce bijou jusqu'à mon retour. Il ne faut pas qu'Ils le trouvent. Je peux te faire confiance Lise ?
- Oui !
- Alors j'y vais. Toi tu te caches, pas de bétises.

La petite aquiéssa cette fois avec plus d'hardeur. C'est fou comme les enfants sont heureux quand on leur confie une tâche. Elle accrocha la chaine autour de son coup et montra son pouce levé à Touik en signe qu'elle avait compris : elle ne bougerait pas. L'ansurienne lui fit un clin d'oeil et sauta en bas, dans la rue. Elle se freilla un chemin à travers le courant humain qui l'entrainnait dans le sens opposé.

*Pourquoi t'as fait ça ?... Quoi ? ... Pourquoi tu lui as donné le pendentif de Fragment ?... Elle va me le rendre... Mais si son père arrive et qu'ils se taillent ?... Je sais pas. Tu as remarqué son bandage ? ... Non... Elle est lépreuse...*

Elle parvint enfin au centre de la place. Des corps à terre : pietinés ou brulés. Certains aidaient les bléssés mais le gros de la marée n'avait qu'un idée en tête : la fuite. Une arachnide s'accrocha à la cheville de Touik. Elle se pencha et l'aida à se relever. Un remerciment et elle partit, clopinant sur sa jambe encore valide, l'autre étant transpécée d'une écharde géante. Le sang coulait abonndament de sa blesssure mais la peur devait anéstésier la douleur...

*Fais attention à pas trop en faire : si y'en a un qui a la bonne idée de te mourir dans les bras on va se retrouver avec un nouveau colloc... Bad trip... Ouais, on est déjà assez sérré là dedans...*

Tout en se rapprochant de l'emplacement où devait initialement se tenir l'estrade des officiels, elle s'appliqua à remettre sur pieds les habitants étendus à terre. Un petit eychorché qui avait reçu de plein fouet un escadron de flechettes de bois dans le flanc. Elle les retira unes à unes puis déchira le bas de son haut pour lui faire un bandage de fortune. Lui permettant de s'appuyer sur son épaule elle l'emmena un peu plus loin juqu'à le confier à un hellbereth qui le pris sur ses épaules et descendit à grandes enjambées la rue pour s'éloigné de l'incendit. Elle retourna ensuite sur la place, s'approchant tant qu'elle put de l'estrade, ou plutôt de ce qu'il en restait. Mais elle était toujours arrêtée : un passant perdu qui demandait de l'aide, une mère paniquée qui chechait son fils. Scène de terreur par éxélence : yeux exorbités, fronts plicés, bouche tordues. Un petit Sam'Heins pleurait, immoblile au milieu de cette pagaille indescriptible. Il pleurait sur le corps sans vie de son ami, un Kluth'En. Levant son regard trempé vers Touik qui s'était arrêter à son niveau il pleurnicha :

- Qwertz est pas bien...
- Où sont tes parents ? Ton frère ? Quelqu'un que tu connais ?
- Ils sont partis... Qwertz a besoin d'aide...
- Tu ne peux plus l'aider là où il est. Viens. Et sèche tes larmes.

Elle lui pris la main. Il s'accrocha à son bras et le serra très fort. Comme si cela allait stopper le cauchemare qui se déroulait devant ses yeux.

*Touik, éloingne toi de tous ces agonisants. Je te jure : on va se retrouver avec vingt nouveau avant même de s'en rendre compte...*

L'enfant deversait toujours un torent de larmes. Touik le pris dans ses bras. Il était encore très jeune et par conséquent pas très lourd. À son poignet il y avait un bracelet sur lequel il y avait écrit : Kill'Yann. Sûrement le nom de son propriétaire occupé à se moucher sur l'épaule de la jeune femme. Tout ce sang autours... Ce n'était pas un spéctacle pour lui. Par contre Touik ne pouvait réprimer un frisson de joie devant cette marée rouge. C'est vrai que le sang a un belle couleur.

- Écoute Kill'Yann : on cherche un monsieur aux yeux bridés et aux cheveux en bataille. Tu joue avec moi ? Ne pense plus à rien. Juste à ce monsieur. Tu auras toute ta vie pour pleurer ensuite. Alors tu joues ?

*Tu vas vraiment chercher ce mec ?... Bah oui, j'ai promis.*

Étonné le petit la fixa avec des grands yeux... Puis il se dit qu'il ne s'était pas trompé : tout ceci était trop bizarre, ce devait être un rêve. Il dit qu'il voulait jouer lui aussi et se mis à chercher ce type que lui avit décrit la fille. C'était un jeu amusant finallement.

L'Ansurien avait vainement tenté de se débattre pendant quelques secondes, mais cela eut pour seul effet d'augmenter encore la colère du Sam'Hein. Sa poigne se ressera et souleva l'imposteur du sol. Ce dernier s'accrochait de toutes ses forces au poignet d'Angal en émettant de faibles crachotements. Sa tête commençait à dodeliner et ses paupières étaient lourdes. Angal déserra un peu sa prise et laissa les pieds de l'homme fouler de nouveau le sol.
- Chui artificier, j'ai été engagé pour la fête! Je bosse pour des Thiels, mais le grand patron c'est Sal'Hem qui nous a commandé le spectacle... J'ai rien fait de mal, c'est normal de prendre ses jambes à son cou après ce qui s'est passé!
Encore un mensonge. Angal en avait assez de tous ces mensonges. Le regard de l'Ansurien regard était fuyant, mais en menteur aguerri, il essayait constament de le ramener dans le regard du Sam'Hein. Dans une tout autre situation, Angal aurait laissé partir cet homme. Après tout, rien ne lui permettait de prouver qu'il mentait, et Erian aurait été en colère s'il avait retenu un honnête citoyen sans preuves. Oui, mais voilà...Erian Sal'Hem était mort dans l'explosion d'un dirigeable, quelques instants auparavant.

Sans déserrer son étreinte, il attrappa de sa main libre la mâchoire de l'Ansurien et le força à tourner la tête en direction de la Place.
- Regarde! Tout le monde n'a pas pris ses jambes à son cou, marmonna-t-il entre ses dents serrées. Il y en a qui sont restés pour aider les autres. Et il y en a d'autres qui ne pourront jamais quitter cette Place. REGARDE CE QUE TU AS FAIT!
Le brasier de ses cheveux redoubla d'intensité.

Une maison paisible, tout au bout d'une plantation de Mystann Igniphages. Un Sam'Hein, costaud, d'une soixantaine d'années, qui porte sa main en visière. Sa femme est dans la cuisine et tente de rattraper la main lourde de son enfant, qui a mis deux fois trop de farine. Les sabots des chevaux battent le sol.
- Vous êtes Monsieur Enysth?
- Qui le demande?
Les sourires s'élargirent sur les visages des cavaliers.
- La Dürien.
Le vieux Sam'Hein, Chevalier Blanc à la retraite, réagit au quart de tour. Il empoigna des deux mains la canne qu'il prenait pour soutenir son corps affaibli par les nombreux combats qu'il avait dû mener et envoya valser d'un seul geste deux des cinq assaillants. La Dürien...une faction extrêmiste bien connue dans la région...
- MAUDIT DEMON, hurla l'Ansurien projeté à terre.
Vivielle et Angal, alertés par le bruit, sortirent brusquement de la maison.
Un des Ansuriens banda son arc et visa la tête du garçon. Senviel n'eut pas le temps d'esquisser un geste: la flèche se ficha dans la chair dans un bruit sourd. Dans le poumon gauche de sa femme, qui s'était interposée.
Elle cracha du sang.
- MAMAN!!

Angal lâcha l'Ansurien et lui envoya un crochet du gauche dans la tempe. Il devait contenir sa colère, car le vrai guerrier se bat sans sentiments. C'est ce que lui avait inculqué un Chevalier Blanc du nom de Senviel. Il répéta avec une rage difficile à endiguer, la voix tremblante:
- Qui t'a commandé ce massa...
Un bruissement de pas sur les débris du sol. Ce n'était pas le moment pour qu'un soldat intervienne...Mais ce n'était pas un soldat:
- Toi!
Un battement d'hésitation. L'Ansurienne de la Guilde des Lépreux...et dans ses bras, Kill'Yann, de la Guilde des Voleurs.
#Tais-toi!# formula silencieusement Angal avec ses doigts.
- Je n'ai pas le temps de m'occuper de toi maintenant. Va-t-en. Cette fois, je n'hésiterais pas.
Ses yeux flamboyants, brillants dans la pénombre, témoignaient de la détermination qui l'animait.


[ça vous dit qu'on reste dans cette situation jusqu'à la suite des évènements? je sais pas ce que c'est, mais ça devrait être plus marrant si on est à plusieurs j'imagine ^_^]

[Lothianyth Til'Sayan - Erian Sal'Hem - Ezechiel Scheryde - Retep Artecad]
[Au Joyeux Mélandrin]

Il avait juste eu le temps de s'attabler avec Lothianyth que les trois explosions retentirent. L'air vibra bientôt de cris et de peur, tandis qu'une odeur lourde de fumée grasse se répandait jusque dans l'auberge. Une atmosphère qu'il avait connu trop de fois. Mélandre, la riante Mélandre était la proie des flammes.

Il posa sur la table le volume qu'il consultait dans un nuage de poussière; il ne voulait pas avoir l'air trop indifférent. Ce qu'il lut sur le visage de l'eycorché le surprit: alors qu'il s'agitait nerveusement depuis quelques minutes, le calme et la détermination s'étaient emparées de lui comme la bataille commençait. Mais surtout, peut-être, le fugitif passage d'une sombre satisfaction. Le dirigeant d'Arrène était un guerrier.

Pour la première fois la Coalition Pacifique essuyait une attaque. Et il fallait reconnaître que leur organisation avait été lamentable. Tout ça à cause de l'entêtement de ce maudit thaltos!

Justement, Erian entra en coup de vent dans la pièce et déclara à brûle pourpoint qu'il fallait fuir. Son visage si jovial d'ordinaire exprimait une peine et une angoisse que le lunarticiah n'imaginait jamais avoir l'occasion d'y lire... Mais la pitié qu'il aurait pu avoir pour le thaltos ne convenait pas au dirigeant de Mélandre. On récolte ce que l'on sème, et Sal'Hem était responsable de cette catastrophe. Son insouciance l'avait mené trop loin... Le vieil adage lui revint à l'esprit: diriger c'est prévoir. Ils avaient prévu, ils n'avaient rien fait, ils en subissaient les conséquences. Il ne restait plus qu'à limiter les dommages. L'incident pouvait avoir des conséquences désastreuses, mais en agissant bien on parviendrait à les atténuer.
Lothianyth repoussa les remarques d'Erian avec courroux et arrogance, manifestement blessé dans son orgeuil qu'on remette en cause la loyauté de ses hommes. Les deux réactions lui semblaient excessives: dans ce genre de situation il importait plus que tout de garder son sang froid et de peser le pour et le contre avant d'agir. Fuir n'était pas une solution, mais s'énerver comme ça n'arrangerait rien... Entre la sensibilité exacerbé de l'un et la susceptibilité de l'autre, heureusement qu'il était là pour calmer le jeu... C'est ce qu'il s'apprétait à faire lorsqu'un arachnide inconnu entreprit de les engueuler comme s'ils avaient été une bande de gamins agités et irresponsables.
Ce manque de respect était des plus inhabituels, Ezéchiel ayant plus pour habitude d'être considéré comme une sorte d'icone glaciale, qui ne donnait pas envie de sympatiser, mais encore moins de risquer une confrontation... Sa perplexité face à ce curieux personnage ne se traduisait que par un léger haussement du sourcil: qui était ce type pour hausser le ton face aux trois dirigeants?
Il ne se sentit pas outragé, à dire vrai les remontrances lui passaient au dessus de la tête, elles concernaient davantage les deux autres... Et les plans qu'exposa ensuite l'impromptu étaient des plus sensés. Peut-être un avis extérieur ne ferait-il pas de mal...
Evidemment, Loth partit au quart de tour, répliquant avec une ironie desséchante aux reproches de l'arachnide. Pourtant, l'interruption sembla calmer le jeu. L'eycorché revint à des propos plus mesurés quoique légèrement menaçants, et Erian reprit sa contenance habituelle en répandant ses paroles mielleuses afin d'adoucir les angles. Fin de la crise, ils semblaient même décider d'une conduite à suivre: attendre d'en savoir plus. Cela lui semblait effectivement le chemin le plus sûr, mais il aurait aimé qu'on s'intéresse davantage à son point de vue... Il n'avait pas pu en placer une depuis le début. Non pas qu'il aime se mettre en avant, mais son attitude distante et effacée finissait par lui donner l'impression d'être un fantôme.
Erian prononça à haute voix ce qu'il n'avait pas pu se résoudre à faire plus tôt malgré les risques: l'annulation de la fête. Ezéchiel ne parvenait pas à mesurer ce que cela représentait pour lui. Un rêve brisé, sans doute. Il profita du blanc occasionné par cet aveu pour intervenir.
"Lothianyth a raison. Le mieux est d'attendre de plus amples renseignements avant d'agir. Se lancer à l'aveugle alors que la situation est aussi confuse ne nous conduirais qu'à de nouvelles pertes. Nous ne fuierons pas, mais nous devons rester discrets. Les gardes devraient être capables de rétablir le calme, ils sont là pour ça. Nous avions envisagé un mouvement de panique, et je ne doute pas que Lothianyth ait prévu une défense. De mon côté, si j'ai dû supporter une escorte si encombrante c'est pour que mes mages interviennent dans un cas comme celui ci! Ils doivent prendre en charge les blessés et éteindre les incendies à l'heure qu'il est..."
Il soupira, il fallait bien qu'il joue les rabbat-joie, quitte à ranimer les tensions encore frémissantes...
"Il est évident que quelqu'un, voir plusieurs personnes nous ont trahies. Je ne soupçonne aucun de vous bien sûr, mais nous ne pouvons écarter aucune hypothèse sous prétexte de ménager notre confiance en nos hommes. Des ordres avaient été donnés pour arrêter les artificiers suspects: si le contrôle avait été exécuté correctement on n'en serait pas là. Comme le dit Erian, soit les ordres n'ont pas été transmis et dans ce cas on devrait rapidement en avoir confirmation, soit certains gardes étaient de mèche avec les terroristes. Le plus urgent, c'est de gérer correctement les informations: arrêter un des responsables des attentats pour en savoir plus, et de nettoyer nos rangs des traîtres qui pourraient dévoiler nos plans..."
Il avait l'impression d'avoir employé un vocabulaire violent qui donnait à sous discours un tour radical... Et qui plus est cette intervention était parfaitement inutile: il n'avait fait qu'énoncer des évidences.
"Enfin, de toute façon, on ne peux qu'attendre un rapport plus détaillé..."

Trois explosions... des cris... une peur panique... le sang... la mort. La jeune femme restait prostrée, comme incapable de bouger, les yeux écarquillés sur ce qui restait de l'estrade en contrebas. Un attentat... mais qui a pu donc commettre pareille chose ? La réponse vint à l'esprit de la lunarticiah comme une sombre évidence, alors que les cris de panique mêlés à l'odeur de la poudre lui rappelait une scéne tristement semblable, quinze ans plus tôt...
Elle avait six ans ce jour là... vivant dans l'un des derniers foyers lunarticiah encore habités. Son père et la majeure partie des mages étaient partis aider les Thaltos, décimés par l'arrivée du dragon flamboyant. Plus rien ne protégeait le peuple contre une éventuelle attaque... qui ne tarda pas à venir hélas : des hommes totu de noirs vêtus, qui entamèrent un joyeux carnage au sein de la cité, pillant, égorgeant, massacrant quiconque se trouvaient sur leur chemin...
C'étaient eux... aucun doute... les pro-ansuriens étaient sortis une nouvelle fois de l'ombre pour frapper la coalition pacifique d'un grand coup. Quelqu'un la secoua. C'était Grey.

- S'il te plait Meelie, il faut s'éloigner de la fenêtre ! Maintenant !

La jeune femme s'executa, mais comme un automate sans volonté propre : son esprit semblait s'être envolé, ne voulant pas réaliser ce qui se tramait à l'instant même.
Ce jour là, elle n'avait rien pu faire pour sauver ses compatriotes... sa mère mourrut en la tenant dans ses bras sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit pour la retirer des griffes de la Mort. Mais aujourd'hui... ne pouvait-elle pas faire quelque chose ?

- Je ne peux rester là sans rien faire... viens, ils ont sans doute besoin de bras !

Sa décision était maintenant prise. Elle prit la main de Grey et partit à grands pas, descendant jusqu'au rez-de-chaussée, arrivant à la grande place...




la jeune femme avançait du mieux qu'elle pouvait, lançant des "pardon", ou "excusez-moi" pour tenter d'avancer plus vite. En pure perte. La panique s'était saisi de la populace avec la virulence d'une épidémie et personne ne semblait entendre les paroles de la lunarticiah qui se faisait bousculer sans vergogne. Elle arriva finalement sur les lieux, en proie aux flammes que les mages et les volontaires s'efforçaient d'éteindre, ou au moins l'endiguer l'incendie. Des gardes indiscutablement Arrénois appliquaient déjà un périmètre de sécurité, évacuant les citoyens indemnes ou légérement blessés, tout en essayant d'endiguer le flot de panique du mieux qu'ils le pouvaient.
Maelianna s'avança sans même ralentir et se fit abordée par deux gardes qui croisèrent leurs lances comme pour faire barrière.

-Ne restez pas ici s'il vous plait ! Laissez les guérisseurs faire leur travail.
-Exactement : laissez les guérisseurs faire leur travail... donc me génez pas !

Le ton qu'avait prit la jeune femme était devenu particulièrement glacial, tout comme son regard sur lequel transparaissait largement l'indignation qu'elle ressentait. Les gardes s'écartèrent, laissant libre passage aux deux jeunes gens.
Une véritable cohorte de guérisseurs était déjà sur les lieux et chacun faisait de son mieux pour soigner les blessés qui se comptais par dizaines. Meelie trébucha ; son pied avait glissé sur quelque chose qui trainait au sol. La jeune femme blémit en réalisant qu'elle avait marché sur un bout d'intestin, toujours lié à ce qui restait du corps d'un conseiller de Thélus (Que Celesti Vox ait pitié de son âme...). Par chance il était déjà mort... Meelie eut un frisson en songeant à la douleur qu'il aurait enduré dans le cas contraire...
La magicienne trouva quelqu'un d'autre qui n'était pas en excellent état non plus, allongé quelques mètres plus loin, à peine conscient : un morceau de bois long comme le bras lui transperçait l'abdomen de part en part. La jeune femme se précipita vers lui et vérifia ses signes vitaux : ceux-ci étaient instables mais n'étaient pas encore à un niveau critique ; on pouvait encore le sauver... mais il fallait enlever l'écharde...

- Grey, c'est là que je vais avoir besoin de toi... il faut enlever ça pour que je puisse soigner cette blessure. Je vais preparer mon sort... à mon signal, tire d'un coup sec. Pas le temps de l'anesthésier...

Les mains de la lunarticiah s'illuminèrent, prêts à guérir le malheureux... Meelie se concentra sur l'énergie de son "patient", tout comme sur le sien, pour que la guérison soit la plus efficace possible...
Une voix s'élevait au dessus de tout ce chaos, laissant planer dans les oreilles de qui pouvait l'entendre des phrases lourdes de sens. La magicienne sentit son coeur tressaillir de fureur : comment osait-il déclamer haut et fort pareilles choses ? La jeune femme tentait de contenir ce flot de rage qui commençait à brouiller ses pensées, à grand peine hélas... mais une main familiére posée sur son épaule lui fit opter le sauvetage plutôt que la vengeance... en tout cas pour le moment.

Retep fut nettement surpris par la vitesse de son adversaire mais il ne perçut pas de nouvelle attaque, il resta dos à dos avec lui. Il avait réussi à la faire parler, c'était l'essentiel.

"Sache pour ta gouverne que je me nomme Mutsunokami Valarón. Rassure-toi, je ne comptais pas fuir pour l'instant, j'ai encore quelques détails à régler !"

Mutsunokami... Il connaissait ce nom. Une famille de marchands, très prospère, voilà d'où venait la puissance du Synode, la fortune de son dirigeant. Cette famille avait eu une petite flotte de commerce du temps d'Etsik... Trois ou quatre navires, deux avaient coulés, leur équipage décimé parce qu'il refusait de se rendre... Les autres avaient dû rentrer malgré l'équipage réduit et les nombreuses avaries. Si des trous dans la coque ou des mats brisés pouvaient être appelés avaries.

"Pour répondre à ta question, sache pour ta gouverne que les victimes de cette nuit n'était qu'un dommage collatéral inévitable, et que le Synode n'aspire pas à
tuer des innocents. Mais il était nécessaire de captiver l'attention afin de faire part de nos revendications. De plus, parmi les victimes d'aujourd'hui, certains étaient des impurs qui contribuaient à l'étiolement de la société, et les véritables objectifs étaient l'aéronef dans lequel se trouvait le dirigeant de Mélandre, ainsi que le Conseil, symbole du pouvoir, et de cette politique corrompue. Tu m'as l'air d'être un bon combattant, et de vouloir également servir la Justice. C'est pourquoi je décide de t'épargner, et de poursuivre ma route. Je te propose également de te rallier au Synode. Ainsi, tu pourras ouvrir les yeux par toi-même, et voir que la cause que tu sers actuellement, n'est rien de plus que celle d'une Coopération pacifique érigée dans le but de soutenir des intérêts privés."

"Laissez donc une lettre pour Firkram au propriétaire de l'entrepôt 38... Expliquez y votre vision de la justice, que je sache si elle correspond à la mienne."

Il ne pourrait pas la capturer ce soir, c'était de toute façon joué d'avance. La fille allait arriver et les deux étaient plutôt forts. Même si il ne pouvait juger la thielle que par ce qu'il voyait.

"Une dernière chose... Je n'ai jamais été au service de la coopération pacifique."

Cet homme était sauvé. Parfait. Il risquait de rester KO un petit moment, mais au moins il était en vie...
La lunarticiah continuait d'avancer, et constata que l'Eycorché avait disparu dans la masse. Tant mieux : la vague quasi incontrôlable de haine qui l'avait submergé s'estompait et lui permettait de se concentrer à nouveau sur la tâche principale qui l'incombait à l'instant même.
La jeune femme tomba sur un gamin qui devait avoir à peine cinq ans. Ses petites ailes blanches prouvaient indiscutablement que c'était un Myriennate. Celui-ci était inconscient, une vilaine plaie zébrait son front, mais le pire était sa jambe droite, brisée, et coincée par un bout de planche d'une belle taille. La magicienne examina rapidement les blessures et remercia les dieux de l'avoir maintenu en vie jusqu'ici : la plaie au front saignait pas mal mais restait superficielle. La jambe par contre était salement amochée et la grande tache sombre qui s'étalait autour montrait que si elle n'était pas soigné rapidement, le gosse allait mourir d'hémorragie... mais il fallait avant ça retirer cette lourde planche...
Meelie lança un regard à Grey, et regarda la planche à nouveau : agir de la sorte était très impoli de sa part, mais la gravité de la situation mettais cet aspect au second plan. Elle même n'aurait jamais pu remuer un objet de cette taille de toute façon et elle aura tout le temps de remercier Grey plus tard.
Un petit coup d'oeil sur le côté l'emplit litteralement d'horreur et de pitié : non loin du petit brulaient deux cadavres, un homme et une femme, dont les ailes blanches ne trompaient pas : c'était sans doute les deux parents du petit. Meelie se pinça les lévres : cette image, elle aurait très bien pu la voir il y a quinze ans...
Elle commença à soigner le petit. Sa main effleura presque d'une manière maternelle le front du petit garçon, tandis que la plaie begnine qui le défigurait s'estompait. Elle s'attela à la jambe une fois qu'elle fut libérée...

*Que les dieux aient pitié de tous ces gens, et qu'ils leurs viennent en aide...*