Six arrivées et un retour

Grey s'était mis brutalement à rougir dès qu'il vit la tenue de la jeune lunarticiah, et bredouilla à peu près ceci, détournant le regard :

-Euh... Tu sais qu'on... qu'on voit un peu à travers ?

L'Hellbereth fit comme si de rien n'était et passa derrière le petit mur glacé. Meelie songea, manquant d'éclater de rire, que celui-ci ne lui avait fait aucune remarque dans le désert de Pta'Hotep, alors qu'elle s'y était baladée en pagne et en soutient gorge, chaleur oblige. mais ne voulant point gêner davantage son ami, Meelie opacifia sa toge d'une simple pensée. Elle partit s'asseoir sur le lit, en croisant ses jambes, comme pour méditer, poussant un long soupir, tant le lit lui paraissait confortable après toutes les aventures qu'elle a bien pu vivre avec Grey et Angal. de toute manière, vu sa grande fatigue, elle pourrait même dormir par terre !

-Eh bien... reprit l'Hellbereth, j'avoue que chez moi les magiciens sont plutôt rares. les chamans ne prennent pour apprentis que ceux qui ont une aptitude naturelle pour parler au monde... Je ne sais pas comment vous appelleriez ça chez les mages... Les chamans savent parler avec le vent, les plantes, le feu... Chaque chose leur sert à savoir quelque chose de différent. Par exemple le vent peut leur dire quel temps il va faire... Je n'ai jamais vraiment étudié leur art... de toute façon ils le gardent assez secret.

La lunarticiah entendait l'eau se fracasser sur les parois du baquet, ou clapoter sous les gestes du guerrier. Meelie se mit à flaner un peu, revoyant un peu ses dernières aventures, de sa rencontre avec Grey jusqu'à leur arrivée ici. Un fracas aqueux un peu plus fort que les précédents fit sursauter la jeune femme, qui pensa que son ami s'était sans doute levé pour se laver les zones qu'il ne pouvait atteindre assis. Cette image fit rougir la magicienne, qui maudit ausitôt son excés d'imagination.

-Je suis un loup... Peut-être auras tu besoin de le savoir si tu veux m'apprendre des choses.

Meelie ne comprit pas immédiatement ce que voulais dire le guerrier, mais ce dernier ne tarda pas à s'expliquer, riant nerveusement :

- Ah ! Nos coutumes ne sont pas partagées ! Suis-je bête. Lorsque la nature leur dit qu'il est temps, les chamans vont chercher les jeunes garçons dans leurs familles, ils leurs inscrivent des runes sur le corps pour aider leur esprit à attirer leur frère, ensuite ils font boire un breuvage pour exacerber l'âme.

La lunarticiah buvait litteralement les paroles de son ami : c'était la première fois que celui-ci parlait de son peuple.

-Le soir même le garçon part pour sa première chasse, durant la nuit il rencontre son animal frère, il doit le tuer et inscrire une rune sur son torse avec son sang. On pourrait la traduire par 'complet' je pense...

Nouveau silence de Grey. La jeune femme attendit patiemment que celui-ci termine ses explications. Une vague nostalgie l'envahit peu à peu, alors qu'elle même se remémora les images de sa ville natale, Amenehmath, capitale de ce grand continent glacé que l'on nomme Irandice.Les demeures aux murs de cristal, les arts muraux, et puis sa propre maison, ses parents...

-Ca peut te servir ?

Meelie essuya une larme qui s'était écoulée toute seule, et répondit d'une voix légérement tremblotante :

-Taciturne, timide, mais très attaché à sa famille et ses amis. Aucun autre animal ne pouvait mieux t'aller. Mon maître était druide et était très lié à la nature qui l'entourait, je suppose que les druides et les shamans ont plusieurs points communs. Son familier était également un loup, voilà une belle coïncidence ; il s'appelait Lobo. Je me promenais souvent en forêt avec lui, quand mon maître ne pouvait se déplacer. ca me servira en son temps sans doute...

Une question brûla les lévres de la jeune femme, et celle-ci ne se fit pas prier pour la poser :

- S'il te plait, parle-moi un peu de ta terre natale... à quoi ressemble donc les terres des Hellbereth ? Parle-moi de ton peuple, j'aimerais tant en savoir davantage...

-Taciturne, timide, mais très attaché à sa
famille et ses amis. Aucun autre animal ne pouvait mieux t'aller. Mon
maître était druide et était très lié à la nature qui l'entourait, je
suppose que les druides et les shamans ont plusieurs points communs.
Son familier était également un loup, voilà une belle coïncidence ; il
s'appelait Lobo. Je me promenais souvent en forêt avec lui, quand mon
maître ne pouvait se déplacer. ca me servira en son temps sans doute...

Grey était sec et commençait à s'habiller, il s'apperçut qu'il avait pris deux pantalons propres dans son sac et rien pour le torse. Il rejeta de côté un des pantalons et enfila l'autre, il s'agenouilla ensuite pour nettoyer ses vêtements sales.

-S'il te plait, parle-moi un peu de ta terre
natale... à quoi ressemble donc les terres des Hellbereth ? Parle-moi
de ton peuple, j'aimerais tant en savoir davantage...

"Mmmmh... Eh bien chez moi après la nuit de la chasse on m'a un peu considéré comme un fou... Faut dire qu'en général à 9 ans on se cache quand on se retrouve face à un loup, on le combat pas..."

Il frotta sa chemise quelques instants.

"Tu peux enlever le mur au fait, je suis visible."

Il essora sa chemise et la posa de côté, s'attaquant à son pantalon. Son ton redevint plus grave.

"Mes terres natales... Elles n'ont pas grand chose de particulier, des montagnes avec de la neige en hivers et du soleil en été... Peu de cultures, en tout cas pas très étendues. Quoi qu'ils fassent les hommes aiment se battre et se considèrent guerriers avant tout. Les femmes savent se débrouiller seules, puisque les hommes partent souvent se battre elles y sont un peu obligées."

Il marqua une longue pause, finissant de nettoyer son pantalon et l'essorant. Sa gorge s'était nouée et il avait un poid sur l'estomac. Parler de sa vie d'avant était douloureux, très douloureux. Il n'aimait pas ça, mais il serra les dents et reprit.

"Chez nous on ne mesure pas l'importance d'un homme à sa richesse mais à sa force et son honneur. Les chamans ont un statut particulier, ils ont la sagesse de la forêt, le calme de la montagne et la force des torrents. Ils sont au dessus de tous, ce sont les guides des villages. L'honneur est les plus important... Si on le perd on n'est plus rien... Plus rien..."

Le hellbereth contemplait son pantalon depuis un moment. Il le posa à côté de sa chemise. Il s'accouda au bord du baquet, mit sa tête entre ses mains et contempla l'eau.

- Mmmmh... Eh bien chez moi après la nuit de la chasse on m'a un peu considéré comme un fou... Faut dire qu'en général à 9 ans on se cache quand on se retrouve face à un loup, on le combat pas... Tu peux enlever le mur au fait, je suis visible.

Meelie obtempera, et d'un geste liquéfia le mur qui repartit à sa place originelle, c'est à dire dans le baquet. Grey était en train de laver sa chemise, laissant voir son torse à la solide musculature, ce qui demanda un effort supplémentaire à Meelie pour ne pas rougir, même si elle ne savait pas vraiment pourquoi Grey avait le don de la mettre dans cet état. Celui-ci poursuivit :

-Les terres natales... Elles n'ont pas grand chose de particulier, des montagnes avec de la neige en hiver et du soleil en été... Peu de cultures, en tout cas pas très étendues. Quoi qu'ils fassent les hommes aiment se battre et se considèrent guerriers avant tout. Les femmes savent se débrouiller seules, puisque les hommes partent souvent se battre elles y sont un peu obligées.

Grey se tut. Il commença à nettoyer son pantalon. Meelie écoutait avec grande attention, imaginant sans peine ce que devaient être la terre natale de l'Hellbereth. Le ton de ce dernier retentissait avec une pointe de nostalgie, qui toucha la lunarticiah en plein coeur.

-Chez nous on ne mesure pas l'importance d'un homme à sa richesse mais à sa force et son honneur, reprit l'Hellbereth. Les chamans ont un statut particulier, ils ont la sagesse de la forêt, le calme de la montagne et la force des torrents. Ils sont au dessus de tous, ce sont les guides des villages. L'honneur est les plus important... Si on le perd on n'est plus rien... Plus rien...

La nostalgie de Grey était presque palpable. La jeune femme eut vaguement l'impression qu'elle avait peut-être fait une gaffe, et d'un autre côté, elle ne pouvait que comprendre son ami ; elle aussi avait du quitter très tôt ses terres natales, à supposer qu'elle peut encore l'appeler "sa terre natale", étant donné qu'elle n'est plus qu'un bout de glace désert et desolé. Meelie se leva, et se plaça à côté de son ami, qui était accoudé sur le baquet, fixant son reflet sur l'eau contenu à l'intérieur. Une main comptissante se posa sur son épaule, Alors que le reflet de la lunarticiah apparut à côté de celui de Grey.

- Je n'aurais pas du poser une question aussi délicate... je suis vraiment désolée. Je ne puis que comprendre et partager ta peine ; seul le temps est apte à soigner ce genre de maux...

La main de la lunariticiah vint serrer le pendentif qu'elle gardait toujours sur elle, et la jeune femme sentait les larmes lui monter aux yeux, prêtes à s'écouler.

- Quoique... je me suis souvent demandé si c'était vraiment le cas... et j'en doute toujours plus au fil des années... ma terre natale me manque cruellement, à moi aussi...

-Avec le temps vient le manque, avec le manque vient la mélancolie... C'est un des rares vers que j'ai retenu. Je le trouve de plus en plus vrai.

Grey venait de saisir la jeune femme par les épaules, tout en continuant de parler. Meelie le fixa dans les yeux, voyant son propre chagri se refleter dans le regard de son ami Hellbereth.

-Le passé est le passé, et on n'y pourra rien changer. Mais nous devons nous accommoder de ce que nous sommes et de ce qui nous arrive. Il ne faut pas penser au foyer perdu mais à celui qui pourra être.

Les bras puissant de Grey envellopèrent alors délicatement la jeune lunarticiah. Durant l'espace d'une dizaine de secondes, leurs coeurs semblaient battre comme un seul. Meelie se sentit... bizarre. Elle aurait donné n'importe quoi pour faire taire son coeur qui battait la shamade, et que Grey entendait elle en était certaine. Généralement, elle aurait repoussé quiconque tenterait de la serrer dans ses bras (hormis son feu maître), mais malgré que son ami était très chaud, ce n'était pas désagréable... et ne chercha nullement à se séparer de lui, ne sachant vraiment comment réagir face à une action aussi spontanée. Grey fini par la lacher, balbutiant ces quelques mots :

-Heu... Je vais mettre une chemise, faudrait pas que j'attrape froid.

L'Hellbereth partit vers son sac pour justement en prendre une. La lunarticiah ne savait plus vraiment où se mettre après ce qui venait de se passer, toutes ses pensées s'entremélant d'une manière confuse. Elle se mit à penser que son ami ne risquait pas d'attraper froid avec la chaleur omniprésente en ces lieux. Un baillement lui échappa juste après, révélateur de toute la fatigue accumulée. Elle sauta alors sur le lit, retrouvant un semblant de calme, même si son coeur battait toujours à toute vitesse.

-Bon... je propose de nous reposer. Une bonne nuit de sommeil dans des lits confortables nous ferait le plus grand bien ! Qui plus est, la nuit ne va pas tarder à tomber alors...

-Bon... je propose de nous reposer. Une bonne
nuit de sommeil dans des lits confortables nous ferait le plus grand
bien ! Qui plus est, la nuit ne va pas tarder à tomber alors...

Grey acquiesça, même si il n'en disait rien il était presque vidé par les quelques efforts consentis dans la journée. Il s'allongea sur son lit et fixa le plafond en réfléchissant. Maelianna avait dû sentir son cœur battre... Il avait eu l'impression qu'un animal se débattait dans sa poitrine. Oui elle avait dû le sentir. Mais elle ne l'avait pas repoussé, Angal avait certainement raison, il avait peut-être une chance. Il se senti bête de réfléchir à ça. Et surtout en ces termes. Il avait l'impression d'être un jeune garçon découvrant pour la première fois comme une fille pouvait être jolie. Il se retint une fois de plus de se mettre des baffes pour se sortir ces réflexions idiotes de la tête. Il prit soudain conscience de la respiration de la lunarticiah sur le lit d'à côté et se mit à rougir d'avoir eu ces pensées alors qu'elle était là. La couleur de son visage n'aurait rien eu à envier à un sam'hein en colère. Il s'endormit avant qu'elle n'ait pu s'estomper totalement.

La nuit fut agitée de rêves, où s'entremêlaient de manière confuse les images heureuses de son passé, le visage de Meelie, le regard d'une paire d'yeux de loups, et une rune sanglante sur la lame de son épée. Son inconscient nota que la rune signifiait "vivant", mais il ne s'en souviendrait pas le lendemain matin.

Grey s'allongea lui aussi sur son lit. L'obscurité emplit progressivement les lieux, le jour laissant peu à peu place à la nuit. Meelie s'était tournée du côté du mur, se connaissant trop bien : si elle se serait placé de manière à voir Grey, elle l'aurait fixé toute la nuit en réflechissant sur le pourquoi du comment...
Malgré tout, la lunarticiah mit de longues heures avant de trouver le sommeil. Elle fixa son pendentifs durant un long moment, sur lequel était représenté le symbole de son peuple, aujourd'hui réduit à une poignée d'individus, et qui fut la dernière chose que sa mère lui avait laissé...
La jeune finit par s'endormir, la fatigue prenant le dessus sur les souvenirs qui la hantaient toujours...




Des feuilles... des arbres... une forêt. Une vieille cabane dans une petite clairière, non loin d'un ruisseau... un vieux loup dormait paisiblement à l'entrée de celle-ci. Non loin de là, une petite fille à la peau bleu clair s'occupait de ses fleurs en chantonnant : c'étaient de magnifiques orchidées blanches, d'un blanc très pur, à l'odeur douce, légérement entêtante, semblable à de la vanille. Une silhouette émergea alors d'entre les arbres. Le loup leva une oreille, et tel un chien heureux de retrouver son maître, courut vers cette solhouette en jappant, suivi de près par la filette qui criait, toute joyeuse :

- Maître Eltock ! Vous êtes revenu !!! Vous m'avez tant manqué !!



Un paysage enneigé... un blizzard omniprésent... des maisons de cristal, couvertes de runes si mystérieuses, mais en même temps si familières...
Deux lunarticiah, un homme et un femme, se tenaient sur le pas de leur porte, alors que nombre de leurs compatriotes se préparaient à partir.

- Nous devons aider les Thaltos… commença le mage lunarticiah. Ils sont en grand danger à présent c’est certain… ils n’ont aucune chance seuls… nous devons les aider !
- Si tu y vas, tu cours également un grand danger ! Je ne veux pas te perdre et ta fille non plus !! Supplia sa femme en lui tenant la main, comme pour l'empêcher de partir.

Luminak caressa la joue de celle qu’il aimait.

-Je le sais… mais si je n’y vais pas, c’est tous les autres peuples qui sont en danger ! Je ne peux me permettre de laisser faire cette créature…
- Reviens nous en vie, promet le moi…

Le Lunarticiah serra sa femme contre lui, sans un mot, durant quelques minutes. Puis ils relâchèrent leur étreinte.

- Je te le promet… maintenant je dois partir… occupe toi bien de notre fille durant mon absence… je tacherais de ne pas être trop long… je t’aime…
- Moi aussi Luminak… reviens-nous vite !



Le sang se mêlant à la neige... la mort se mêlant à a destruction... des lunarticiah massacrés... des lunarticiah éventrés... des lunarticiah pendus... les flammes... des cris de peur... un éclair... un rire malsain... une voix mourante... un dragon... le chaos... les flammes... la destruction...



- AAAAAAAAAAAH !!!!!!!

Meelie s'était brutalement réveillée, haletante, pleurant à froides larmes, qui s'étaient même gelées sur ses joues. Tout son corps était couvert de sueur dont une bonne partie était devenu du givre. La lunarticiah se mit la tête entre ses mains, pleurant encore, tant ses souvenirs étaient vivaces.

-Maudit cauchemar... murmurait-elle. Maudits Ansuriens... maudit dragon...

Les cristaux enchassés dans la peau de la lunarticiah brillaient d'une pâle lueur bleutée, seule source de lumière dans toute la piéce, hormis peut-être les lunes qui tronaient dans la voûte celeste, et qui jetaient une lumière blafarde et presque insoupçonnable dans cette nuit d'un noir d'encre. La piéce était particulièrement froide, et seuls les sanglots de la lunarticiah troublait le silence de mort à cette heure tardive. Grey sortit de ses draps pour s'asseoir au bord de son lit, inquiet pour la jeune femme.

- Maelianna, ça va ?

Une voix tremblotante lui répondit, entrecoupée par des sanglots qui commençaient à s'espacer.

- Un cauchemar... un maudit cauchemar qui me hante... sans arrêt... depuis... ce jour... démons du passé... qui me harcéle à chaque fois... qu'une lune est pleine... pourquoi... pourquoi ai-je tout perdu ? Qu'ai-je fait aux dieux... pour mériter une telle déchirure...

Le reste de ses paroles furent noyés par la reprise de ses sanglots. Les images des êtres qui lui étaient chers, aujourd'hui disparus, s'entremélaient dans sa tête en une pensée sombre et confuse. La lunarticiah se recroquevilla sur elle même, joignant ses genoux à ses épaules, une main serrant convulsivement son talisman, sa tête contre ses genoux.

Des reniflements saccadés suivirent les paroles de l'Hellbereth. La lunarticiah ne devait plus avoir suffisamment d'eau pour pleurer à présent. Elle reprit, d'une voix moins chevrotante, mais encore hésitante :

- Tu ne peux pas t'imaginer ce que mes yeux ont vu Grey... personne ne le peut... perdre un pays, ou savoir que ton peuple est réduit un néant, certes ça fait quelques chose... mais entre le savoir, et en être un témoin direct, c'est une toute autre chose...

La lunarticiah releva la tête, ses yeux rougies par les pleurs fixant ceux de son ami, le regard empli d'une tristesse insondable.

- Rends-toi compte... à cette époque je n'étais qu'une gamine... mon père fit partie de l'expédition de sauvetage qui partit aider les Thaltos : plus jamais je ne le revis. Amenehmath fit mis à sac juste après : j'y ai vu le sang, la mort, les miens pendus dans les rues, massacrés par... des gens assoiffés de carnage. J'ai entendu les cris de souffrances, les râles d'agonie de mes semblables...

Meelie baissa le regard. Elle commençait à trembler. Etait-ce de froid ou de peur ? elle ne le savait pas...

- Ma mère est morte en essayant de me sauver. Elle fut frappée d'un sort qui la blessa mortellement. Cependant elle continua, jusqu'au bout, jusqu'à être sortie de cet enfer... et elle a donné sa vie pour que je puisse échapper de ce génocide.

Les mains de la lunarticiah s'ouvrirent, laissant voir son talisman : dans les tons bleus transparent, il semblait sculpté dans un bloc de glace. en son sein était réfugié un genre de papillon bleu, symbole de la civilisation lunarticiah.

- Sous les vents glacials du blizzard, elle me confia ceci, avant de quitter le monde des vivants. C'est le seul souvenir que j'ai de tout ce qui faisait ma vie...

Une paire de larmes recommença à couler, suivit par un reniflement de la magicienne, qui reprit :

- J'ai promis à mon maître que je serais forte dans ses cas là... mais depuis qu'il nous a quitté, c'est chaque fois de plus en plus dur, je tiendrais pas comme ça Grey, je vais devenir folle...

Ces derniers mots se fondirent dans un sanglot. La lunarticiah se mit à se blottir contre la poitrine de son ami, sans même y réfléchir, tremblante comme un nouveau né, pleurant toujours des larmes glaciales qui gelaient sur ses joues, laissant libre cours à son chagrin...

L'Hellbereth s'était raidit, l'espace d'un instant, puis entoura Meelie de ses bras la berçant doucement.

- S'il te faut quelqu'un à qui t'accrocher en remplacement de ton maitre je jouerais ce rôle, commença-t-il.

La lunarticiah sentit l'Hellbereth poser ses lèvres sur sa tête, y collant un baiser qui la fit frissonner. Grey continua :

- Ta mère a donné sa vie pour toi, il faut en profiter. Fais ce qui te semble juste, profite de tous les instants comme d'un cadeau de ta mère. Chacun de mes instants est un cadeau de toi, j'en profiterais aussi. Et si il faut quelqu'un pour te réconforter à chaque nuit de pleine lune, alors je serais là à chaque pleine lune, quelles que soient mes occupations du moment. Je t'en fais le serment. Sur... Sur ma vie.

Le coeur de la lunarticiah tresaillit suite aux derniers mots de l'Hellbereth. Les larmes de la magicienne finirent par sécher. Celle-ci releva la tête, essuyant les trainées glacées qui dessinaient des sillons luisants sur ses joues.

- Tu as raison. Sur toute la ligne. Je ne devrais pas réagir ainsi alors que tant de mes proches ont donné leur vie pour sauver la mienne. Ce serait bafouer leur mémoire et anéantir l'espoir enfoui dans leur coeur.

Le visage de la jeune femme s'éclaira alors d'un sourire.

- Tes paroles me touchent profondément Grey... et je t'en remercie. Du fond du coeur.

Et elle resta là, à fixer les yeux de Grey, pendant quelques secondes, qui parurent presque une éternité. Puis la Lunarticiah sortit des bras de Grey, avec douceur, puis reprit :

- Bon... et si on terminait notre nuit ? Tu en as bien besoin après ce qui t'est arrivé !

- Tes paroles me touchent profondément Grey... et je t'en remercie. Du fond du cœur.

Un léger sourire effleura les lèvres de Grey. Il ne laissa la lunarticiah s'éloigner qu'à regrets.

- Bon... et si on terminait notre nuit ? Tu en as bien besoin après ce qui t'est arrivé !

"C'est vrai..."

Il regarda par la fenêtre. Il restait encore quelques heures d'obscurité. Son regard se fixa à nouveau sur Maelianna. Sa main effleura la joue de la jeune femme.

"Essaye de passer une bonne nuit... Enfin, pour ce qu'il en reste."

Il se leva, la tête lui tourna légèrement et un voile noir passa devant ses yeux. Il s'était mis debout trop vite. Il n'en fit aucun cas et retourna se coucher dans son propre lit. Il resta étendu à regarder le plafond. Le sommeil ne viendrait sans doute plus pour cette nuit, il se rendormait rarement après s'être réveillé, mais il ne voulait pas contrarier Meelie en sortant pour faire un tour. L'ombre des montants de la fenêtre se déplaçait imperceptiblement contre le mur. Il regarda la boule de plume de Glop enroulé sur lui même. Les côtés de l'oiseau se soulevaient et s'abaissaient régulièrement. Contre toute attente, ce spectacle calme le fit reploger dans le sommeil.

Grey regarda le ciel au travers de la fenêtre, surement histoire de voir à quel point la nuit avait avancé, et ce qu'il en restait avant que le jour n'apparaisse à l'horizon. Il ajouta, avant de se lever, effleurant de sa main la joue de la jeune femme :

- Essaye de passer une bonne nuit... Enfin, pour ce qu'il en reste.

Chacun s'installa alors dans leurs lits respectifs. La lunarticiah se peletonna dans ses couvertures, se mettant sur le côté, tournant donc le dos à son ami.

- Bonne nuit Grey... euh... bonne fin de nuit plutôt...

Le silence redevint le maître des lieux. Généralement, Meelie ne se rendormait pas après pareils songes. Mais plutôt que de ruminer ces scénes pénibles, ce qu'elle faisait habituellement, ce fut l'image de l'Hellbereth qui lui vint à l'esprit. Ces dernières paroles lui avaient apporté plus de réconfort qu'il ne pouvait l'imaginer... et qu'elle ne pouvait l'imaginer aussi d'ailleurs...
La jeune femme finit par s'endormir au beau milieu de ses réflexions, plongeant dans un sommeil lourd, et pourtant d'un calme étonnant, alors qui quiconque aurait observé la lunarticiah à ce moment là aurait juré voir un sourire serein sur son visage...

Le reste de la nuit se passa donc le plus tranquillement du monde pour elle...

- Ptit déj!! beugla Angal en entrant dans la chambre après avoir défonçé la porte à coup d'épaule.

Il n'avait pas fait une entrée uniquement pour le plaisir de voir leurs têtes déconfites et ensommeillées, mais aussi parce qu'il avait les mains prises par un énorme plateau qu'il avait rempli à ras-bord, et qu'il s'était dit que de cette manière, ils ne leur laisserait pas le temps de retourner chacun dans leurs lits...Il fut donc un peu déçu en constatant que Grey et Meelie étaient confortablement allongés dans leurs lits respectifs, mais n'en montra rien lorsqu'il posa brusquement son plateau sur la table, et qu'il parcourut la pièce à grands pas pour ouvrir les rideaux.

Il tira l'unique chaise de la pièce et s'y assit, en s'emparant immédiatement d'une baguette de pain qu'il déchira en deux.
- Aujourd'hui, on a pas mal de choses à faire, dit Angal d'un ton joyeux en étalant nonchalament de la confiture sur un morceau de pain. J'ai appris hier -enfin, on me l'a rapellé- que la Fête du Ramanthin allait bientot de dérouler à Mélandre!
Il enfourna sa tartine dans sa bouche, et poursuivit comme si mâcher un demi kilo de pain tout en parlant n'avait rien de déplaçé:
- Donf, fi vamais ou vêtes d'afford, fa ferait pas mal de farfir de flus vite foffible (il déglutit avec difficulté) et comme ça, on pourra y être avec un peu d'avance! Surtout lorsqu'on voit le nombre de tuiles qu'il nous arrive au kilomètre.
Sans attendre de savoir si ses compagnons étaient d'accord -ou même s'ils étaient parfaitement réveillés- et sans même vérifier que tous deux voulaient continuer à voyager en sa compagnie, il ajouta une couche généreuse de pâte de Furvol sur une nouvelle tartine, et reprit:
- Au menu d'aujourd'hui: vivres, fringues, moyens de transport si possible, et un guide à louer, parce que je ne connaîs pas très bien le chemin pour aller à Mélandre. A moins que l'un de vous en sache plus que moi?
A nouveau, il jeta sans pitié un morceau de pain dans sa bouche.
- Ah, et fuis on a un fruc à rèfler, Vrey.

La jeune lunarticiah avait fait un véritable bond à l'irruption quasi théatrale d'Angal. Encore embrumée de sommeil, elle s'étira longuement, comme répugnant à sortir du lit. Même si la nuit fut courte, elle a remplit parfaitement son rôle réparateuret la magicienne se sentait en pleine forme.

- La prochaine fois que tu me joues ce coup là, je glisse du venin d'araignée dans ta nourriture !! fit-elle en lançant un faux regard noir vers le Sam'Hein, même si elle serait bien incapable de jouer pareil tour.

Ce dernier était arrivé avec un énorme plateau débordant de pain, ainsi que de quoi les tartiner. Tenaillée par la faim tout autant que ses deux compéres, Meelie se leva à son tour et se joignit à Grey et Angal pour "l'assaut" sur le pain, piochant dans le tas une venoiserie en forme de croissant qu'elle attaque non moins avidement que les autres le faisaient avec leurs baguette ou tartines.

- Aujourd'hui, on a pas mal de choses à faire, reprit le Sam'Hein. J'ai appris hier -enfin, on me l'a rapellé- que la Fête du Ramanthin allait bientot de dérouler à Mélandre ! Au menu d'aujourd'hui: vivres, fringues, moyens de transport si possible, et un guide à louer, parce que je ne connaîs pas très bien le chemin pour aller à Mélandre. A moins que l'un de vous en sache plus que moi ? Ah, et fuis on a un fruc à rèfler, Vrey.
-Oui, on a des choses à régler... répondit l'Hellbereth. Aller à la fête du Ramanthin? Pourquoi pas, c'est plutôt agréable en général.

La fête du Ramanthin... de vagues echos sur ce grand événement revinrent dans la mémoire de la jeune femme : elle même n'y était jamais allé, à tort sans doute. Par contre, savoir comment aller à Melandre, c'était une toute autre histoire ! Ses deux amis semblaient aussi lui cacher quelque chose d'important pour eux, leur demander quoi lui brûlait les lévres, mais elle doutait fortement qu'ils lui répondent et imaginait bien qu'Angal aurait tôt fait d'éluder le sujet...

- N'étant jamais venu ici, continua Grey, ce n'est pas moi qui te guiderait jusqu'à Mélandre. Je suis déjà allé souvent dans cette ville, mais jamais depuis l'est. Ou alors par bateau, mais je crois que tu n'y tiens pas vraiment.
- Pour ma part... fit Meelie entre deux bouchées, j'arrive déjà à me perdre dans Thélus, alors j'imagine même pas en traversant tout Initium pour arriver à Mélandre ! Tu vas arriver n'importe où, sauf là-bas... acheva-t-elle en attaquant son troisiéme croissant. Donc mieux vaut... (une bouchée passe) mieux vaut louer un guide, ou trouver quelqu'un qui y va et qui connait le chemin...

La jeune femme termina son troisiéme croissant, et elle avait encore faim. En même temps, la journée précédente avait été harassante. C'est donc sans regret qu'elle en attaqua un quatrième. Grey la fixa d'un regard qui voulait certainement dire "où vas-tu caser tout ça?", ce que remarqua rapidement la lunarticiah, qui fit :

- Et bien quoi ? J'ai pas le droit de manger à ma faim ?

- Oui, on a des choses à régler... Aller à la fête du Ramanthin? Pourquoi pas, c'est plutôt agréable en général.
Grey mâcha nonchalament son morceau de pain en fixant le plafond, puis reprit:
- N'étant jamais venu ici, ce n'est pas moi qui te guiderait jusqu'à Mélandre. Je suis déjà allé souvent dans cette ville, mais jamais depuis l'est. Ou alors par bateau, mais je crois que tu n'y tiens pas vraiment.
Angal acquisca d'un signe de tête, et se tourna vers Meelie, qui dévorait les croissants à une vitesse hors du commun:
- Pour ma part... j'arrive déjà à me perdre dans Thélus, alors j'imagine même pas en traversant tout Initium pour arriver à Mélandre ! Tu vas arriver n'importe où, sauf là-bas... Donc mieux vaut... mieux vaut louer un guide, ou trouver quelqu'un qui y va et qui connait le chemin...

Angal attrappa une viennoiserie en constatant que Meelie avait l'intention d'engloutir tout ce qu'il y avait de comestible sur le plateau, pour pouvoir au moins y goûter.
- Et bien quoi ? J'ai pas le droit de manger à ma faim ?
- C'est à ma faim que tu manges, là, ricana Angal.
Il se saisit d'une dernière tartine sur laquelle il étala consciencieusement le plus de confiture possible, puis se leva d'un bond.
- Grey, je t'attends en bas, ok? On va se débarraser de ça tout de suite, comme ça on pourra s'atteler aux courses.

Puis il sortit de la chambre, laissant ses compagnons en tête à tête.

La réflexion de Meelie au sujet son propre appetit avait fait sourire ses deux amis ; en même temps, était-ce réellement sa faute si elle ressentait pareilles fringales après les derniers événements qu'ils avaient vécu tous ensemble ? Sans parler du fait qu'employer la magie, ça use et ça donne faim...
Le plateau, pourtant généreusement remplie, ne tint guére longtemps face aux assauts des trois compéres, et celui-ci se vidant donc à une vitesse ahurissante : il ne restait même pas une miette !
Angal acheva de tartiner son dernier bout de pain, puis il se leva pour sortir, lançant en passant :

- Grey, je t'attends en bas, ok ? On va se débarrasser de ça tout de suite, comme ça on pourra s'atteler aux courses.
- Il attendra que j'ai comblé le vide de mon estomac... répondit l'Hellbereth en emportant la dernière vennoiserie qui restait sur le plateau, avant de sortir à la suite de son ami Sam'Hein.

La jeune lunarticiah fut tentée de demander ce qu'ils allaient faire, ou au moins s'ils en avait pour longtemps ; mais ni Angal ni Grey ne lui avait laisser le temps de placer sa question. Meelie ne put s'empêcher de soupirer, ayant vaguement l'impression d'être laissée à elle même ; malgré tout elle haussa les épaules et se fit une raison : après tout ce n'était pas ses affaires, libres à eux d'avoir leurs secrêts...
L'estomac bien calé, Meelie songea à ce qu'elle pouvait faire durant le temps d'absence de Grey et Angal ; visiter l'Acropole Sam'Hein serait une alternative alléchante. La magicienne espérait aussi trouver un herboriste ou n'importe quel équivalent, pour retrouver des plantes medicinales : elle en avait utilisé beaucoup durant le voyage et il fallait reconstituer d'urgence ses stocks !
Aussi la jeune femme prit ses affaires, et peu de temps après ses amis, elle descendit à son tour...

- C'est bon! Je suis prêt à y aller.
- Cool.

Sans plus attendre, Angal se leva du confortable sofa installé dans le hall et rangea la pièce de monnaie avec laquelle il jouait à pile ou face. Il salua le receptionniste et sortit à l'air libre, presque plus chaud que le hall de l'hotel.
Il sortit la Carte du Désorienté de sa sacoche et la consulta, après avoir demandé à haute voix "Impasse des Oubliés". Aussitot, une petite croix se dessina pour marquer leur propre position, puis une flèche de couleur verte indiqua l'endroit où ils voulaient se rendre.

- Ok, on va devoir monter de deux niveau vers le Nord, en redescendre un...commença-t-il en suivant du doigt l'itinéraire le plus court...ensuite, on prends la direction de l'Est pendant 800 bons mètres, on descends encore...et on y sera.
Il ne fallait pas avoir peur des marches ni des Descendeurs, sans quoi il devenait quasiment impossible de se rendre d'un Quartier à l'autre: des siècles de constructions, d'aménagements, de démolitions et de réaménagements avait faits de cette ville une véritable dédale. Il n'était pas rare de devoir grimper et redescedre un millier de marches rien que pour se rendre 500 mètres plus loin, sur le même palier.

- Voilà, c'est le dernier escalier, dit Angal d'un ton encourageant, les yeux rivés sur la Carte. Je suis content qu'on se soit pas perdus!
Il releva soudain la tête et jeta un regard à Grey en se demandant s'il se disait la même chose. Si eux, des voyageurs confirmés, risquaient de se perdre avec une carte infaillible, qu'en était-il de Meelie, qui était capable de se perdre dans un couloir?
- Après nos petites formalités, on essayera de retrouver Meelie grâce à la Carte, proposa le Sam'Hein, bien qu'il doutât que cela marche: la Carte du Désorienté montrait des localités, et non des personnes.

- C'est là, conclut-il en rangeant le parchemin dans sa sacoche.
Il frappa quatre fois et attendit. Ce ne fut qu'au bout de cinq bonnes minutes qu'un Sam'Hein à l'air bougon vint leur ouvrir. Il était extraordinairement petit pour un Sam'Hein et ne dépassait pas 1m50. Il aurait presque eu l'air comique avec son crâne dégarni et ses lunettes immenses s'il n'avait pas eu cet air féroce et la musculature d'un gladiateur.
- Ah, c'est toi, dit-il simplement.
- Ruthr, mon oncle, dit Angal d'un ton enjoué. Ca fait une paye hein?
- Hm. T'as bien grandi. Ben reste pas planté là, mon garçon! Entre donc! aboya-t-il. C'est qui lui? reprit-il lorsqu'il aperçut Grey en le désignant de la tête.
- Lui, c'est un ami. Il a besoin de ton savoir faire.
- Ah, ouais, ça m'aurait étonné que tu me rendes visite simplement pour prendre de mes nouvelles, bougonnea l'oncle Northurn en entrant dans son propre salon d'une démarche claudicante.
Angal sourit en se disant que certaines choses ne changeraient jamais, et particulièrement son oncle. C'était un peu comme une coulée de lave qui finit par se durcir pour ne plus jamais changer de forme. Malgré ses apparences de vieux bougon, le frère de sa mère avait un coeur gros comme un potiron. Il n'avait jamais remis en question la parole d'Angal, et lui avait même évité de sérieux ennuis à plusieurs reprises (à l'époque déjà, Angal avait beaucoup de mal à se plier aux lois).
- J'espère que vous avez pas faim parce que j'ai rien à vous proposer. Amenez-vous, on va aller dans l'arrière-pièce pour pas que Marilith nous entende.

Ils se dirigèrent donc vers la pièce du fond, remplie de tonnes de paperasses, de divers objets enchantés ou technologiques servant à falsifier n'importe quel morceau de papier et d'une vieille presse à imprimer.
L'oncle Northurn referma soigneusement la porte derrière eux pour que sa femme ne les entende pas, puis grogna à l'adresse de Grey:
- Bon, toi, je veux ton futur nom, prénom -tu peux garder le même, ta taille et ton poids, un lieu et une date de naissance, j'aurais aussi besoin de ton empreinte et d'un peu de ton sang.
L'oncle avait débité d'une voix monotone tout ce qui était nécéssaire à une carte d'identité; la partie la plus importante étant l'emprunte sanguine, que l'on pouvait associer par des procédés magiques aux fioles entreposées la Voix Célèste sait où afin de confirmer une identité.
Mais ce n'était qu'une petite partie de l'opération, car il fallait ensuite falsifier les registres et la fiole de sang originelle sous le nez des autorités.

- Alors? Magne, j'ai pas que ça à faire!

Grey s'étonna de la taille de celui qui était aparemment l'oncle d'Angal. Il avait la carrure inverse de son neveu. On pouvait dire qu'il était carré, on n'aurait presque pas fait d'entorse aux règles géométriques. Il était large comme le hellebereth mais beaucoup moins grand. Il se dit qu'il ne devait pas souvent se faire attaquer par des vide-goussets. Il les "invita" à entrer d'un air grognon et les conduisit jusqu'à une pièce sombre, emplie d'une énorme quantité de matériel de faussaire.

- Bon, toi, je veux ton futur nom, prénom -tu peux garder le même, ta taille et ton poids, un lieu et une date de naissance, j'aurais aussi besoin de ton empreinte et d'un peu de ton sang. Avant même que Grey ait pu ouvrir la bouche il reprit. Alors? Magne, j'ai pas que ça à faire!

Une demie seconde de réfléxion précéda la réponse de Grey.

"Grey Ebrahn, 1 mètre 85, 80 kilos, né le 28 septembre il y a 27 ans..."

Il passa la main droite dans son dos et tira 3 centimètres de lame du fourreau, il frotta son index gauche sur le tranchant, renfonça l'épée et tendit ses deux mains au vieil homme qui finissait de prendre en note les renseignements.

"Un pour le sang et l'autre pour l'empreinte."

- Au moins il sait prendre une décision... Tu peux m'appeler monsieur.

Grogna le sam'hein pendant qu'il récupérait du sang sur son doigt puis l'empreinte sur l'autre. Grey jeta un regard amusé à Angal par dessus sa tête.

"Ca va être long maintenant?"

- Pas pour un artiste doué.

"Je prends ça pour un non."

*pffffff.... me suis encore perdue... il avait dit à gauche ou à droite déjà ? rooo, c'est trop bête...*

Pas besoin de faire un dessin pour décrire ce qui se passe exactement : la jeune femme s'était encore perdue. Pourtant, elle avait demandé plusieurs fois à quelques habitants de l'Acropole où se situait l'herboristerie, et ceux-ci lui avaient semblé très clairs pourtant ; mais la lunarticiah ne se doutait pas à quel point les rues de l'Acropole étaient tortueuses pour ceux qui n'y étaient pas habitués. Si bien que la lunarticiah s'arrêta au croisement, le front inondée de sueur avec toute cette chaleur, tachant de ressasser l'itinéraire qu'on lui avait conseillé.

*Il me semble que c'était bien à cet étage... mais où exactement, je sais plus... c'était pas vers le Nord de la ville ?? A moins que ce soit... arrrrf je sais plus !!!*

La lunarticiah croisa les bras en fronçant les sourcils : décidément elle jouait de malchance quand il s'agissait de trouver un endroit précis ! Cependant, elle était trop têtue pour abandonner...
Elle regarda autour d'elle, histoire de voir pour demander (encore une fois) où était exactement l'herboristerie... mais se rendit compte qu'il était en réalité juste devant elle, coincée discrêtement entre une boulangerie et un magasin de vêtements. Meelie fit un soupir blasé : décidément, il y avait des fois où elle était vraiment pas maline !!!

- Bon, au moins je ne suis pas si malchanceuse que ça... j'espére au moins que les Sam'Hein ont un bon herboriste...

[sinon, vous étiez pas obligés de m'attendre sur ce coup là...^^"]

[désolé du retard, vraiment!]

- Ca va être long maintenant? demanda Grey
- Pas pour un artiste doué.
- Je prends ça pour un non.
Angal ne put s'empêcher de pouffer de rire face à l'audace de Grey, mais son oncle n'en sembla pas particulièrement affecté et se contenta de leur assèner un coup sur le crâne avec un journal qui traînait.

Il s'approcha d'une très ancienne et très rare machine à écrire, et glissa dans le réservoir de papier un parchemin de la taille d'une main, doigts tendus, puis commença à pianoter dessus. Angal regarda avec délices ce petit miracle de technologie cliqueter et sonner lorsque le curseur arrivait en bout de page. Une fois qu'il eût fini, Northurn retira le parchemin, l'examina attentivement, puis hocha la tête en signe d'assentiment et se dirigea vers une autre machine, beaucoup plus étrange et complexe. Elle faisait le double de la taille de la machine à écrire et se composait d'une multitude de rouages, avec un levier sur la droite et un espèce de petit écran sur le dessus. L'oncle glissa la feuille se paier en dessous et se pencha sur le petit écran. En regardant plus attentivement, Angal remarqsua qu'un petit réticule y était inscrit. Northurn déplaça avec minutie la future carte d'identité, puis, lorsqu'il parut satisfait de sa position, il glissa la petite fiole contenant le sang de Retep dans l'emplacement prévu à cet effet, sur le côté gauche de la machine, puis tira sur le levier. Aussitot, les rouages se mirent à tournoyer, et une petite colonne de métal descendit lentement, pour venir se poser sur la feuille. Lorsqu'elle remonta, Angal remarqua qu'un sceau de sang y avait été apposé; le sceau officiel d'une des trois villes, mais Angal ne se souvenait plus de laquelle.

- Bon, le reste, c'est top-secret, gamins. Dehors!
Angal se laissa docilement conduire dans la salle à manger en compagnie de Grey, et entendit la porte claquer derrière lui. Puis de nouveaux cliquetis rententirent, mais cette fois il semblait y en avoir des centaines, et ils étaient accompagnés de divers autres bruits métalliques.
Plusieurs minutes plus tard, l'Oncle ressortit enfin. Il avait à la main le même parchemin que tout à l'heure, sauf qu'il était bien plus complexe qu'aparavent: on pouvait y voir divers inscriptions, des numéros de séries, et un filligramme transparaissait à la lumière de la fenêtre.
Northurn tendit sa nouvelle carte d'identité à Grey, avec un petit tube de cuir dans lequel on était censé la glisser après l'avoir enroulée.

- Six écumores, dit-il simplement en montrant à Grey la paume de sa main.