¤¤ Traité D'Histoire ¤¤

Vous vous sentez perdu à travers les informations éparpillées un peu partout sur le forum ? Ce topic est fait pour vous, il décrit en détail toute l'Histoire depuis la fin des guerres à aujourd'hui, en se concentrant surtout sur le Dragon Flamboyant, coeur de tous les changements du monde. J'espère seulement que ce traité (comme celui de magie) ne vous ennuyera pas trop et que vous prendrez plaisir à découvrir l'univers dans lequel vous allez peut-être vivre une partie de vos aventures.

Qu’est ce que l’Histoire avec un grand ‘h’ ci ce n’est la conséquence de l’histoire que chacun se tisse ? Tout cet ensemble de perception à la première personne, réuni en quelques chapitres vous permettront peut-être de voir notre monde sous un autre angle. Car oui, les points de vue jouent un rôle essentiel dans le bien-être du monde. Maîtriser l’Histoire, c’est pouvoir se créer sa propre Vérité, pourtant il sera toujours difficile d’écrire cette Histoire sans déformer quelque peu la vérité de par une certaine subjectivité. L’objectivité sera donc ma principale utopie. Durant de longues années, j’ai récolté les témoignages de chaque peuple de chaque œil. C’est avec ces vies, ces histoires que je compte vous raconter la notre. Notre Histoire. Dans laquelle chacun de nous se trouve plongé.

Nous occulteront les deux cents ans de guerres, sans pour autant les ignorer, pour débuter notre récit, juste avant l’apparition du Dragon Flamboyant, juste avant la création de la Coopération Pacifique, juste avant ce jour où ma plume trace ces lettres sur mes vieux et derniers parchemins. J’entends déjà vos multiples questions, vos interrogations silencieuses et vos ‘pourquoi’. Je me forcerai d’y répondre doucement, sans vous embrouiller pour que les choses soient le plus claires possible.

Nous aborderont l’état dans lequel les guerres amenuisèrent les forces mondiales, puis a quel point celle-ci durent s’allier contre la plus grande menace jamais connue. Le Dragon Flamboyant. Nous verrons par des témoignages, les différentes actions qui sans succès s’accumulèrent, augmentant considérablement le poids des morts. Nous évoquerons bien sûr les recherches archéologiques de la Brèche Interdite, qui permirent de comprendre, malheureusement trop tard, l’origine de cette hécatombe et la prédiction que Rysenn fit quelques semaines avant l’arrivée du Dragon. Vous pourrez lire aussi, un extrait de la Réunion qui eut lieu pour la mise en place la Coopération Pacifique, ainsi que des détails sur l’état actuel des choses. Bien sûr, quelques théories scientifiques vous seront exposées sur les interrogations que tout le monde se pose quand à la possible réparation du Dragon. Mais prenez bien en compte que ce ne seront que des hypothèses car même les plus savants ne savent réellement comment réagir face à cette horreur.

Combien de morts engendrèrent les grandes guerres ? Combien de vivants se sont vus injustement traînés dans la boue, emprisonnés, torturés ? Combien d’orphelins et de parents pleurant la perte d’un enfant ? Personne ne le saura jamais, mais les tombés furent si nombreux que parfois, on ne prenait même plus le temps de les honorer par les rites consacrés de leur peuple. De grand bûchers exaltant l’âcre odeur des cadavres se répandaient jusqu’aux nuages, couvrant le ciel d’une fumée ténébreuse. Partout les combats, le sang, l’insécurité. Partout la famine, la violence et le vol. Chacun pour soit et personne pour nous. Les ansuriens avaient réussi à ébranler la plupart des peuples et dans leur désir de conquêtes, ils ne s’arrêtaient plus. Pourtant, lorsqu’un tremblement fit vibrer les Volcans de Lazarek et qu’au Sud-Est les alkylins virent une fumée blanchâtre s’échapper des Océans, les guerres en quelques semaines se calmèrent.

A cette époque, les ansuriens dirigés par le Roi Hitelber VIII, attaquaient de toute part et de plus en plus violemment. Alliés à des tribus hellbereths, ils avançaient en direction des pics de Vallandryan, contournant la Forêt des Murmures infranchissables. D’autres groupes armés jusqu’aux dents descendaient en direction des Volcans de Lazarek. Au Sud-Ouest, des troupes de golgoroths en soif de liberté écrassaient les quelques bataillons qui s’approchaient des frontières de Glargörl. Les Clamydes, dont Rysenn commandait les troupes, s’occupaient grâce à de puissants enchantements de briser la route des attaquants, tandis que les thiels envoyaient depuis d’énormes dirigeables des volées de flèches meurtrières sur les hordes de soldats protégés à outrance.

Non loin de là, les eycorchés se préparaient eux aussi à la bataille. Peuple divisé, certains préféraient rester à Vallandryan car au cœur des grottes les combats avec les kigorons faisaient rage eux aussi. Quelques bataillons se préparèrent alors à partir, accompagnés par quelques lunarticiahs maîtrisant parfaitement la magie.

Au Sud-Ouest, les alkylins s’alliaient aux sam’heins. Ces deux peuples élémentaux écrasaient difficilement les troupes ansuriennes qui ne semblaient pas réduire en nombre. Les cadavres s’amoncelaient un peu partout, dans les rivières, les champs et les plaines. Les alkylins reculaient déjà en direction des mers près des Archipels, se résignant à fuir. La race de feu, quant à elle, résistait encore et encore, stoppant l’avancée de l’ennemie au pied des Volcans.

Au Nord-Ouest, près de l’île Eucalistà, des hellbereths débarquaient désireux de détruire un peu plus les Arachnides, qu’ils avaient déjà fait fuir hors des Falaise d’Ardès. Ces derniers réussirent à vaincre leur assaillant, freinant leur attaque grâce à un complexe enchevêtrement de toile sur le pourtour de l’île.

Loin de tous ces conflits, les myriennates restaient cloîtrés dans leur forêt, fuyant la sanglante réalité. Les kluth’Ens trop faibles, préféraient s’éloigner des combats dictant aux golgoroths les meilleurs stratégies pour écraser l’ennemi. Les thaltos quant à eux, loin de toutes ces guerres préférèrent éviter de s'y intégrer. Pourtant, quelques bardes bien formés partirent en bateau, pour débarquer près de la Plage de l’Isthme et aider quelques golgoroths.

C’est donc dans ce climat d’horreur que débuta la fin des conflits perpétrés depuis deux cents ans par les ansuriens et les hellbereths. L’arrivée du Dragon, à sa façon, permit l’arrêt total, ainsi que certains retournements de situations inattendus. Nous verrons dans le prochain chapitre, comment les guerres se terminèrent, et nous décrirons l’arrivée de la pire menace jamais vue sur Initium.

C’est en Septembre, mois de l’eau, que les courants marins changèrent imperceptiblement pour nous, ansuriens, sam’heins et autres races terrestres. Seuls les alkylins réagirent car dans le Golf de Rizorh, les poissons ne nageaient plus de la même façon. Certain bancs s’éloignaient de leurs habitats originels tandis que d’autres se rapprochait un peu plus des côtes. Certaines races habituellement dociles s’attaquaient au peuple amphibien qui ne savait plus trop comment maîtriser la situation. Mais laissons Ihtp Fenrarh, un alkylin vivant à la bordure de l’Océan des Disparus nous raconter son expérience.

« Le soir, en sortant de l’eau, nous avions remarqué, mes frères et moi, que la marée se trouvait bien plus basse qu’à l’habitude et que les algues, sensées être immergées en ce mois de Septembre, laissaient dépasser leurs expansions verdâtres hors de l’eau. Nous revenions de la pêche bredouilles car un des bancs les plus prolifiques du coin s’étaient déplacé près des courants interdits bordant la fosse des Disparus. Nous ne savions pas pourquoi et nous n’imaginions même pas que tous ces événements pouvaient avoir un lien avec le Dragon Flamboyant. Beaucoup de mes meilleurs amis étaient partis en guerre pour accompagner les sam’heins dans ces batailles insensées. Moi, je restais ici à regarder les vagues changer.

Un frère sortit alors de l’eau devant moi criant d’affolement, émettant des bruits stridents que seule la peur de la mort peut provoquer. D’autre s’approchèrent. Une onde se répandait dans les mers. Une onde que nous seuls, êtres marins, étions capable de capter, annonçant avec elle malheur et destruction. Un séisme dont l’épicentre demeurait au cœur de l’Océan s’abattrait bientôt sur Initium. L’intensité des secousses après analyse des ondes, seraient capable d’ébranler les Volcans et qui sait, peut être même de les réveiller. Nous avions peur pour nous, nous avions peur pour nos frères partis au combat.

Pourtant, le pire arriva la nuit suivante, lorsqu’une nouvelle secousse se répandit jusqu’à nous, dévoilant une puissance toujours aussi effrayante, mais remuant cette fois nos pauvres archipels. Nous ne savions pas ce qu’il en était des autres lieux. Nous restions alors dans l’interrogation la plus totale. Des albanestres furent alors envoyés jusqu’aux zones de bataille pour connaître l’étendue des dégâts. Peu revinrent, annonçant la triste réalité. Une brèche inconnue ouvrait de part en part le volcan de Lamandriane. »

Pour continuer avec les témoignages, voici celui de Gaaly Did’der, femme sam’hein qui assista directement à l’ouverture de la brèche interdite :

« Loin devant nous, les troupes ennemies restaient bloquées par des soldats de mon peuple. Heureusement, un forgeron d’Izareth nous avait construit d’admirables armes magiques capables de cracher le feu, et de faire trembler les nuages. Il faisait presque nuit, lors que des cris retentirent derrière nous. Un instant, le monde se figea. Tout sembla paisible car la puissance du bruit qui déchira nos tympans, nous plongea dans une surdité momentanée. La poussière envahit alors l’espace. Des flèches fusèrent sur mes voisins de droites, lancées par les ansuriens qui ne nous laissaient aucun répit. Brandissant mon bouclier, j’en stoppais quelques unes. Toujours le vide dans mes oreilles et pourtant l’horreur des batailles sous mes yeux. Je me retournais pour fuir, car un cavalier déchirait les rangs de mes frères, lorsque je la vis. Cette immense brèche qui déchirait le volcan de Lamandriane en son pied, jusque derrière nous.

Lorsque mon ouïe revint, j’entendis les cris des soldats. Dans chaque camp, on se demandait quelle arme ou quelle magie aussi puissante pouvait détruire nos terres et soulever autant de poussière. Certains avaient la réponse. Un séisme. Rien qu’un séisme venu faire la guerre au nom des ansuriens. Les superstitieux fuyaient la bataille. Tout n’était que débâcle. Pourtant miraculeusement, et on ne sut jamais pourquoi, les ansuriens aussi reculèrent, laissant leurs morts sur nos terres. Le son d’un cor de rassemblement résonnait dans les cieux. Un ami sur ma gauche, me serra dans ses bras. Nous avions gagné. »

Cette vérité semble bien simple. J’ai donc cherché à savoir pourquoi les ansuriens avaient cessé le combat. Que pouvait-il bien se passer d’assez important pour que ceux-ci rameutent leurs troupes, qui semblaient bientôt l’emporter ? Nous le verrons dans le prochain chapitre.

¤¤ Chapitre 3 : Une Paix Obtenue Dans l'Horreur ¤¤

Il faut savoir qu’à cette époque, le peuple ansurien commençait lui aussi à ne plus supporter ces interminables guerres. Les femmes qui pour la plupart, restaient au foyer à s’occuper des enfants, à construire à la chaine des armures et des armes pour leurs maris partis au combat n’en pouvaient plus de voir leur fils assez âgés, mourir sur les champs de bataille. La violence et le sang coulaient par contre dans les veines des hellbereths qui réprimaient les révoltes du peuple. L’engrenage empêchait ainsi les guerres de s’arrêter. Les ansuriens les avaient débutées en déclarant comme néfastes toutes les autres races ou presque, leur confrères du Nord devenaient l’huile de l’engrenage qu’on ne pouvait plus arrêter.

Hitelber VIII, roi ansurien, avait un fils du nom de Robvel. Celui-ci avait le cœur vaillant mais l’âme impure d’après ces grands frères, qui le considéraient comme chétif et incapable. Dernier d’une famille de cinq garçons, il n’accéderait jamais au trône. Ses frères se disputaient déjà la couronne, bataillant alors que leur père essayait tant bien que mal de maintenir les armées en place. Dernièrement, le plan était simple. Il fallait éradiquer pour de bon et rapidement les races démoniaques des Volcans et des Montagnes. Mais prendre les eycorchés et les sam’heins pour cible n’était pas si facile. Le roi, chef des armées, décida de diviser celle-ci en trois grands bataillons. Le premier resterait protéger les villes et villages, tandis que les deux autres partiraient respectivement au nord et au sud pour contourner la Forêt des Murmures. Le peuple hellbereth plus habitué aux montagnes qu’aux longs voyages dans les plaines préféra s’attaquer au Nord. Ainsi les troupes partirent pour écraser les êtres dits ‘inférieurs’.

En tant qu’auteur de l’Histoire d’Initium, je pus rencontrer Robvel qui me raconta très précisément ses péripéties. Voici donc un témoignage :

« Dans mon cœur brûlait le désir d’empêcher Père de continuer ses délires infernaux. Les tueries perpétrées par ma famille de génération en génération m’insupportaient et bientôt mon frère Hitelber IX monterait sur le trône pour continuer de plus belle les horreurs. Ma mère n’était plus de ce monde car elle mourut à ma naissance, mais je sais qu’elle n’approuvait absolument pas toutes ces guerres. Père la laissait alors enfermée dans sa tour pour éviter d’avoir à supporter ses incessants sarcasmes. Mes autres frères plus âgées s’occupaient de conseiller Père durant les batailles et partaient même quelques fois pour la guerre, commandant quelques bataillons. Moi, je n’avais pas tous ces droits. J’étais considéré par Père comme une erreur et on préférait me congédier durant les réunions importantes.

J’avais pourtant bon nombre d’amis de par mon refus d’obéir à Père, lorsqu’il s’agissait de guerroyer. Parmi eux, quelques voleurs et autre pauvres gens considérés comme malhonnêtes par la plupart des gardes et autres nobles trop sûrs d’eux. Je me rendais chaque soir à la taverne la plus miteuse de la ville et j’y discutais sans gêne des infamies orchestrées par mon Seigneur. Tout le monde m’écoutant, voyant en moi comme une future libération. Je leur décrivais comment par de sombres moyens, nous pouvions prendre le contrôle des troupes et stopper définitivement les morts. Tous tendirent l’oreille à mes paroles et je pus créer dans l’ombre la Rébellion Ansurienne. Chacun avait compris que lors de la prochaine bataille, la plus grande partie des soldats partiraient très loin pour détruire définitivement les races impures et qu’il nous fallait alors agir très vite.

Ne croyez pas que dans les troupes de mon père, tous les soldats se battaient avec honneur sous le drapeau Ansurien. Beaucoup en avaient soupé, comme leur mère restée au village, des guerres interminables. Le moral n’avait même jamais été aussi bas, alors que d’après Père nous toucherions bientôt à la réussite. Des rumeurs se répandaient dans les bataillons. Des rumeurs à propos d’une Rébellion imminente. Ceux qui étaient surpris en train d’en parler se faisaient fouetter avant de retourner sur les champs de bataille. Il convenait donc d’être très discret quant à la dispersion des messages entre membre de la Rébellion.

J’avais convenu avec plusieurs soldats qui accordaient de l’importance à ma cause, que lorsque j’aurais renversé Père, des albanestres partiraient en direction des champs de bataille, que ceux-ci porteraient un voile rouge à la patte, et que chaque soldat les voyant, devrait déserter en direction du porteur de Cor, puis enfin sonner la fin des combats. Les soldats pour la Rébellion étaient bien plus nombreux qu’on le croyait, et sur le chemin vers les Volcans ou les Montagnes, les rumeurs circuleraient rapidement dans les troupes mettant chaque esprit avide de liberté au courant, évitant de se répandre jusqu’au généraux, commandant et autre porteur de fouets.

Il fallait maintenant, de mon côté, m’occuper de renverser mon père. Deux de mes frère partirent guerroyer, il n’en restait plus que deux qui le soir, dormaient tranquillement dans l’aile du château opposée à la mienne. Dans notre volière j’avais déjà accroché en prévision de ma victoire, de longs rubans rouges le long des pattes de plusieurs albanestres. Deux amis à moi, subtils de par leur camouflage avancé, s’occuperait d’assassiner mes frères. Moi je devais pour le bien, tuer Père, protégé dans la tour centrale. A chaque escalier des gardes empêchaient n’importe qui d’entrée, surtout moi qui étais si mal vu qu’on essayait de m’ignorer. J’avais une fois de plus prévu cet inconvénient, et un soldat occupé de la garde de Père rejoignit rapidement mes rangs avec une petite somme à la clef. Celui-ci, s’occupait d’attirer l’attention des autres, tandis que je me faufilais discrètement, munis d’un petit sort d’ombre, jusqu’à l’antre du Roi. Lorsque ma dague s’écrasa sur le cœur de Père, je sentis tout le poids du monde quitter mes épaules. Par la fenêtre je faisais alors signer grâce à une torche à mes amis qui s’empressèrent de libérer les albanestres.

La suite vous la connaissez j’imagine. Mes oiseaux, aussi rapide qu’ils fussent, arrivèrent au dessus des champs de batailles après des jours de vols. Les ansuriens les apercevant, se révoltèrent face à leurs chefs, qu’ils s’empressèrent d’exterminer. Le cor de retraite fut sonner, et les peuples attaqués purent respirer à nouveau la liberté. C’est ainsi que les guerres furent finie, même si les hellbereths ne voulaient plus s’arrêter, mes troupes réussirent à les contrôler. »

Mais tout venait à peine de commencer, et déjà alors que les troupes ansuriennes reculaient pour rentrer chez eux, une ombre bien plus grande encore qu’un bataillon ennemi, s’abattit sur Initium. Le Dragon allait bientôt sortir des mers. La paix n’était pourtant pas encore instaurée, car des groupes hellbereths se rebellèrent continuant à tuer impunément les races impures. Les ansuriens ne pouvaient plus contrôler leurs frères, et des soldats encore imprégnés de haine raciale s’allièrent aux pro-ansuriens pour continuer les guerres. Robvel quant à lui reçut bientôt des nouvelles effrayantes. Un monstre gigantesque venait de s’échapper des Océans des Disparus.

¤¤ Chapitre 4 : Signes et Interrogations ¤¤

Les troupes ansuriennes à moitié démantelés, les forces de chaque peuple réduites par la folie de deux autres, encore des meurtres et du sang pour couler sur les mains de cette psychose anti-raciale. Les pro-ansuriens malgré la prise de pouvoir continuaient à agir sans se cacher. La nuit où la Brèche s’ouvrit fut l’une des plus longues nuits que connurent les soldats. Chacun ne devait s’en remettre qu’à l’espoir de voir un jour la paix revenir, car les albanestres pourtant rapide, ne pouvaient pas parcourir Initium pour prévenir le nouveau Roi Robvel de l’état des champs de bataille. N’écoutant que leur cœur, les soldats se battirent pour la Paix contre ceux encore enclins à croire aux pures paroles du défunt Hitelber IX. Ansurien contre Ansurien, Hellbereth contre Hellbereth, Ansurien contre Hellerbereth, chacun prit conscience de sa liberté de vivre. Et c’est dans le sang que cette liberté se versa sur les terres où les cadavres jonchaient déjà par millier.

Les deux premiers albanestres qui arrivèrent à la tour de Robvel n’étaient point des oiseaux venus des champs de bataille. Le premier portait le sceau d’Arquius et le parchemin en œuf de ramanthin n’avait rien de l’habituel papier de manufacture ansurienne. Le second avec son pelage bleuté et ses yeux rouges, typique des albanestres des Cascades, était directement envoyé par Rysenn, elle-même. Les deux messages se recoupaient. L’un comme constatation, l’autre comme prédiction. La constatation qu’un immense nuage blanc de vapeur pouvait s’apercevoir depuis la limite de l’Océan des Disparus. La prédiction d’une puissance inconnue qui pourrait bien raser notre monde si les peuples ne se réveillaient pas assez vite.

Nous traiterons plus tard du message exacte que Rysenn envoya à chaque dirigeant, car celui-ci trop flou n’aurait jamais permis à quiconque d’imaginer un seul instant la présence d’un être si puissant, endormis dans les profondeurs de l’Océan. D’ailleurs qui aurait pu concevoir un événement et une bête que nous ne connaissions absolument pas, même Rysenn, ne peut connaître les détails d’une force qui la dépasse totalement. Nous allons donc nous consacrer à celui envoyé par les Alkylins à chaque peuple, ou presque. Les myriennates protégés dans leur forêt par des sortilèges puissants servant à repousser les autres races ne purent avoir connaissance des événements. De même que les kigorons cloîtrer dans leurs cités souterraines, loin de la lumière du jour. Dans la longues lettre envoyé par les alkylins à chaque dirigent, ou pour les peuples tribales, aux plus grandes tribus connus, ils traitèrent de phénomènes apparemment magiques qui déréglaient les eaux et une partie des airs.

Nous avons déjà cité dans le témoignage de Ihtp Fenrarh, les problèmes liés aux déplacements des poissons, ceux en rapport avec la baisse des marées, et les ondes sous-marines entendues par les alkylins. Le parchemin ajoutait à cela, l’étrange comportement des albanestre d’Arquius, qui volaient beaucoup plus bas que d’habitude, ainsi que l’immense vapeur d’eau s’échappant à l’horizon de l’Océan des Disparut, comme si la mer elle-même était aspirée s’envolait vers le ciel en de monstrueux nuages. Les mages de ce peuple captaient une forte accumulation d’énergie en provenance du Sud-Ouest. Improbable mais pourtant présente, cette puissance ressemblait à celle d’un milliard d’être vivant fusionner ensemble. Les sorciers alkylins les plus doués pouvaient la sentir lorsqu’ils arrivaient à se plonger dans les plus profondes transes. Elle semblait grandir encore et encore. Mais aucun autre détail ne parvint aux dirigeants qui ne savaient comment réagir face à cette force dont la présence n’était pas forcément un signe néfaste, si ce n’est que les alkylins devraient pêcher leur poisson ailleurs. Les mages les plus instruits ne voyaient là dedans rien de bien méchant. Et même les lunarticiahs, sensés avoir connu dans l’histoire de leur peuple, la présence des Dragons de Lazarek, n’avaient plus aucun texte, ni légende à propos d’une puissance vivant dans les Océans. Les thaltos qu’en à eux ne purent nous donner de réels détails sur leur réaction, mais nous verrons plus tard pourquoi. Seule la lettre de Rysenn put réellement alerter les dirigeants qui commencèrent à interroger leurs plus grands sorciers.

Il fallut attendre deux jours pour que la puissance se développant dans les Océans soit perceptible par tous les mages confirmés d’Initium. Mais comment aller jusque là bas ? Certains maîtrisaient les voyages corporels rapide, mais aucun ne pouvait s’approcher au cœur des eaux. La peur ? Non, il fallait trouver un sort capable de calmer l’énergie pour pénétrer cette zone que même l’eau fuyait. On délégua au plus instruit la tâche de fouiller dans les plus vieux manuscrit pour y retrouver des traces de sorts capable d’écraser tant de force. Ce fut un échec total. Personne n’était préparé lorsque le Dragon surgit des eaux.

D’après les alkylins, le quatrième jour après le tremblement de terre déclencha une petite secousse, et les nuages grossirent à vu d’œil en l’espace d’une heure on les virent se déplacer en direction de Ker’Haald. Rysenn l’avait prévenue. "Est-il si puissant que sa seule présence enflammera les cœurs et les âmes pures !".

Dans le chapitre suivant, nous traiterons de la prédiction de Rysenn, ainsi que des premiers désastres que causa le Dragon. Vous comprendrez pourquoi les thaltos, peuple si ancien, ne pu rien face à une telle créature.

Apportés par les albanestres des cascades, chaque parchemin contenait les mots que vous allez lire maintenant. Pour tous ceux qui désirent connaître la prédiction de Rysenn, vous pouvez désormais voir la lettre qu’elle écrivit en ces jours ténébreux à tous les dirigeants.

« À tous ceux dont les jours sont comptés.



À vous, vous à qui j’offre le savoir et la prédiction ! Vous qui ne saurez voir plus loin et moi qui est vu bien au-delà ! Mes yeux sont faux et vides de leur savoir mais est là votre clairvoyance de mon état, je ne saurais vous dire que tout cela réside de l’inverse, voyant des choses que vous n’oseriez imaginer même en vos rêves. Et ici cauchemars. Noir. L’on vous dit qu’aucun danger ne semble approcher, que seul la folie et la perversion de certaine âme peuvent penser cela. Je ne le pense pas, car j’en suis d’une sûre et certaine ! Je vais ainsi vous transcrire sur ce parchemin ce qui me fut offert par les eaux de Tàri Elen et que cela vous semble ou non juste ou sottise, et bien que votre force de penser ne vous dédaigne point en ces jours futurs de grande peine.

Il n’est pas des choses les plus simples de voir en l’eau des Cascades d’Argent une quelconque magie ou sortilège. Des rites doivent être en effet utilisés avec habileté pour pouvoir obtenir une simple lueur d’image. Mais en ce moment fort ombrageux, me vint la poussière rouge et or, couleurs fortes anormales, qui se dissipèrent en mon salon sans même que je n’eusse eue l’idée d’une quelconque prédiction. Elles envahirent la pièce, opaque et dense, aussi dense que je pue avec la facilité d’un enfant la prendre dans mes mains, la tenir et la sentir. Mais ma main fut fortement brûlée par le rouge, fortement coupée par l’or, ma douleur intense et je l’eu relâchée alors avec une extrême violence et un mépris empli alors mon cœur, amer fut il pendant un temps pour elle. Je me senti trahit par ma sœur, mon moi. Cette fumée qui m’encerclait, qui me noyait dans un brouillard sombre et poussiéreuse, m’empêcha d’aller fort loin et avançais-je alors vers la vasque qui transpirais de cette fumée et qui faisait jaillir en son cœur une lumière rouge, rouge sang, rouge flamme, qui allait en ligne droite au plafond atteignant son infinie.

En mon cœur je ressenti une peur bien plus grande que je n’aurais cru. Car je fus poussée à approcher, poussée par moi-même à pencher ma tête au dessus de la vasque, cette vasque qui transpirait maintenant au fur et à mesure de mes pas d’une chaleur qui torturait mes veines, faisant bouillir mon sang, et fondre mes os. Aucun son ne fut alors, seul un bourdonnement assourdissant, je n’étais plus aveugle mais sourde. Je sentais les choses m’entourer, me mordre l’être. Rien ne fut tel depuis mon arrivée sur Initium. Et pourtant ! Pourtant portais-je alors à ce moment où je senti mon corps défaillir, le regard de mon esprit au dessus de la vasque d’Argent. Et voici !

Je me souviens alors très bien, Oui. Le fond bleu, jaune et coloré. Bleu me semble il pour la nuit, rouge pour la vie et multicolore pour les choses qui furent faites pour cette occasion. Je sentis le vent caresser mon visage avec le plus douce des délicatesses, frais mais léger. Des chants bercèrent mes oreilles et oubliais-je alors les dures moments de malheur vécus juste auparavant. Tout sembla fort heureu. Mais ma vision ce fit d’ensemble et je vu le monde de la où les enfants de Tàri, les Etoiles, peuvent à jamais le voir. Il semblait beau et doux, des couleurs que l’on touchait du bout des doigts et qui chatouillait ceux-ci à la manière des plumes. Mais alors, au centre, au centre d’un bleu profond et infini y avait-il du rouge ! Non, je ne puis alors croire en cela car les temps furent après bien durs à conter. Car le rouge tacha le bleu, le froid frémi et bouilli, et le chaud le réduisit en esclave. L’air se fit lourd et irrespirable, étouffant et écrasant, comme si le métal l’imprégnait. Mais bien au-delà du bleu, il conquit par des torrents et roulades de chaleur, cracha de sang et d’ombre qui aspirait alors toutes vies, tout ce qu’elles avaient pu créer alors, et toutes les lumières se furent moindres. Une secousse de forte amplitude s’abattit alors sur nous amenant avec elle un tonnerre, un son qui fracassa nos tympans, qui nous firent nous mettrent genoux à terre et mains tout contre oreilles. Le monde sombra dans l’abysse, la nuit sembla le jour, l’ombre la lanterne, et les cris les chants. L’avalanche de chaleur ne se tut pas alors pendant un temps, déferlant son flux d’horreur et de malice. Ma dernière vision fut celle du monde se recouvrant d’un liquide visqueux qui brûlait en même temps, et de la couleur Rouge, qui empêcha toutes choses de passer à travers hormis les cris et les supplices.

Ainsi je ne puis vous conter tous les tourments qui me furent affligés pendant cet oracle, mais sachez donc. Sachez donc Ô Grands Rois et Dirigeants, vous qui vous dites invincibles et insubmersibles, d’une armée sans merci bravant le feu et les enfers au service de son Maître, vous vous réduirez à l’état d’enfant pleurant pour leur survit ! Alors oubliez ainsi votre fierté, votre prétention et pensez aux vies nombreuses d’Initium et de celles de votre peuple. Mes paroles sont non offensantes mais simplement prévenantes d’un mal qui ne saurait être évité.


Nòlemë Rysenn, voit ce que vous ne pouvez contempler.

L’île de Ker’Haald, première cible, qui garde encore aujourd’hui la blessure sanglante de l’arrivée du Dragon Flamboyant. Ker’Haald, l’ancien, première cible elle aussi de cette attaque apparaissant comme préméditée.

Pendant une nuit, où la puissance mortelle de la créature se ressentait déjà aux quatre coins d’Initium, le nuage de vapeur s’approcha dangereusement des thaltos, observé de loin par les bateaux et les alkylins. Personne n’osait s’approcher d’une puissance capable de vaporiser les Océans à elle seule. Personne ne pu donc savoir ce que cachait ce rideau de brume, avant que la créature n’atteigne les terres. Certains émettaient l’hypothèse d’une boule d’énergie magique incontrôlable qui naîtrait du déséquilibre. En effet, avant de comprendre le fonctionnement essentiel de la magie, décrit grâce aux textes trouvés dans le Cercle de Révélation de la Brèche Interdite, les Mages de ce monde imaginaient une source gigantesque de magie, dans laquelle chaque personne puiserait pour utiliser des sorts et leurs pouvoirs. On racontait alors que les Grandes Guerres étaient la cause de ce déséquilibre et qu’aujourd’hui, nous payions l’utilisation à outrance de sortilège à cause d’une entité de magie pure. Ceux-ci pensait que le déplacement de cette masse n’avait donc rien de précis, rien de prémédité, car une boule d’énergie magique ne peut pas penser. Les autres s’affolaient car voyant le désastre s’approcher des côtes, il ne pouvait réagir. Encore et encore, des albanestres furent envoyé dans l’espoir de joindre à temps les plus puissants de ce monde. On peignait alors des traces rouges sur leur dos en signe de message vital, mais la plus part de ses oiseaux arrivèrent en retard. Le nuage de vapeur était déjà aux portes de Fen’Ergide lorsque les mages Lunarticiahs reçurent les premiers ordres de départ. Certain maîtrisait la téléportation, mais trop peu pour constituer une armée capable de repousser cette masse inconnue.

Certains survivants rapportent que les thaltos reconnurent la menace comme une ancienne créature venue de leurs légendes les plus anciennes. Des préparatifs qui permettraient de l’éloigner furent mis en place. Malheureusement, la monstruosité s’attaqua directement au cœur de la Mémoire de ce peuple. Ker’Haald l’ancien.

Tytam Fodock, jeune thaltos qui s’enfuit avec sa mère, nous raconte la disparition de Ker’Haald, qu’il voulait sauver à tout prix :

"Mon père, fervent partisan des décrets magiques, préférait rester à Fen’Ergide, curieux de voir de ses propres yeux l’arrivée imminente de la boule d’énergie. Ma mère quand à elle, septique, écoutait le cœur de Ker’Haald qui criait de tristesse et d’horreur. Moi, je l’entendais aussi, cette agonie profonde battant dans mes tempes et mes veines, se frayant un chemin jusqu’à ma peau pour la faire frémir. A cette époque là, je savais déjà raisonner convenablement, et pour moi comme pour la plus part de mes camarades, il fallait éloigner l’Ancien de Fen’Ergide. Ceux qui n’écoutaient pas leur cœur, la protégeait, nous empêchant d’agir convenablement. Pour la première fois, mon peuple se divisait sur un sujet d’ordre vital et des tensions inhabituelles se faisaient ressentir à chaque regard croisé.

Ker’Haald, dormait profondément dans les entrailles de la ville mère, rêvant de jours meilleurs dans notre monde dévoré par les combats et la mort. Dans son sarcophage de pierre, plongée dans des liquides magiques préparés par les meilleurs herboristes, sa peau restait intacte et douce, son visage ne portait aucune ride. Après de nombreux couloirs où les lianes s’accumulaient et d’escaliers où la mousse humide rendait leur usage plus que risqué, on accédait à la salle maîtresse. Chaque entrée était gardée par de vieux thaltos qui ralliaient les idées de mon père. Ma mère se souvenait d’une chanson issue des songes de Ker’Haald, une chanson racontant qu’il y a des millénaires, les peuples durent s’unir pour repousser une force irrationnelle. Les paroles abordaient les techniques mises en place pour faire fuir cette puissance destructrice, mais aujourd’hui, je ne m’en rappelle plus. Le refrain disait : « Douze, ils étaient. Douze, ils furent. Lorsque de leurs ailes, le ciel se parait. Douze, ils étaient. Douze, ils furent. Lorsque des étoiles, la vie réapparait. » ! Je ne sais pas pourquoi aujourd’hui, c’est la seule chose dont je me souviens à propos du passé des Thaltos.

Nous avions donc décidé, un petit groupe de résistants, ma mère et moi, d’arracher l’Ancien de son sarcophage, et de fuir avec elle à travers les forêts, loin du danger menaçant toute l’île. Nous attendions bien sagement caché dans de hauts et touffus buissons, que les gardiens s’endorment où s’éloignent de l’entrée. Mais il n’y avait rien à faire, ils ne bougeaient pas d’un cil et nos tentatives lorsqu’ils semblaient piquer du nez se soldaient constamment par un échec cuisant. Soit, nous reculions de peur qu’ils nous aperçoivent, soit les plus aventureux tentaient de s’approcher et finissait par rebrousser chemin lorsque les gardiens leur jetaient des regards noirs. Je décidai alors à mon tour de tenter ma chance, je m’approchai dans l’ombre et courrai droit vers la porte essayant de camoufler mes pas. Les gardes ne m’avaient pas vu, ils avaient échangé quelques paroles et durant ce minuscule instant de distraction, j’avais pu me glisser dans le premier couloir des dédales de Fen’Ergide. Le souffle court, je contrôlais mes nerfs. Il me fallait désormais trouver le sarcophage. Dehors, j’entendis l’énorme corne de brume qui surplombe la capitale, résonner jusque dans les couloirs. Elle sonnait l’alarme. Alors que j’étais si près du but, la puissance qui soulevait les Océans se découvrait devant les yeux de ceux de ma race. Je n’y fis pas attention, Ker’Haald comptait avant ma vie, car c’était elle qui m’avait offert les anciennes connaissances dont aujourd’hui je serais incapable de vous parler.

Loin devant moi, des bruits déboulement annonçaient un futur cul de sac. Je pris à droite, contournant quelques lianes poussiéreuses, écartant de mes doigts de vieilles toiles d’araignée abandonnées. Etrangement, la chaleur se fit plus intense. Derrière moi, les cris des gardes se firent entendre. Apparemment, ils venaient de réaliser le danger de laisser l’Ancien au cœur de la cité. La corne de brume annonçait une nouvelle fois le danger, faisant trembler les murs. Un autre éboulement derrière moi cette fois. Je ne pouvais plus reprendre se chemin pour m’enfuir.

Au fur et à mesure que je descendais les étages et parcourais les couloirs, je sentais dans ma tête la présence de Ker’Haald, elle appelait à l’aide. Elle criait de douleur. J’imagine que tous les thaltos purent entendre sa souffrance, lorsqu’elle nous cria, comme ‘Le Monde Fond’. Je sentis alors une chaleur atroce se répandre dans mon cœur. Mon sang semblait bouillir. L’Ancien lui aussi brûlait, nous transmettant par je ne sais quel moyen ses sensations. Ma tête cogna. Je titubai, m’appuyant sur les parois tremblantes et sèches. Bientôt mes oreilles devinrent étanches à toutes ondes sonores. Je tombai, inanimé, sur les dalles de pierre, le visage s’écrasant contre une épaisse couche de mousse humide.

Je fus réveillé par une intense chaleur ambiante. Ma mémoire semblait vidée de toute trace, de toute la culture ancienne que nous accumulions au fils des générations. Beaucoup de liens venait de disparaître, et le plus important, celui qui nous unissait tous, Ker’Haald, dont on ne captait plus les cris. Perturbé et perdu, je m’activai à fuir les dédales de Fen’Ergide. La sueur coulait dans mon dos, sur mon front, plus j’avançai et plus la chaleur s’emparait de ma peau. Lorsque je vis la fumée et les gerbes de flammes au bout d’un couloir, je compris que le bâtiment tout entier brûlait. Chaque liane, constituant de la structure des lieux, s’embrasait, fragilisant ainsi chaque paroi. Un carrefour me permit de m’éloigner de la source de chaleur, et après quelques furieuses enjambées, j’arrivai enfin dehors où le ciel nocturne rayonnait d’une lumière maléfiques et flamboyante. Des nuées de cendres grisâtres voletaient sous les étoiles, accompagnés de cris, de pleures et de sourds rugissements.

Des thaltos se relevait un peu partout, tous ayant subit le même sort que moi, tous ayant compris la disparition de Ker’Haald, et la destruction prochaine de la ville. Certains s’essayaient à lancer des sortilèges de soin sur les blessés, d’autres utilisaient la magie offensive de l’eau pour éteindre les flammes sans succès. M’éloignant entre les arbres, je courais vers le lieu de rendez vous que nous nous étions fixé avec les autres résistants. Arrivé au près de ma mère, tétanisée par l’horreur, je jetai enfin un coup d’œil derrière moi. C’est la que je le vis. L’abomination qui détruisait notre île et nos souvenirs. Le Dragon Flamboyant, ses ailes de feu repliée dans son dos, annihilait à coups de queue les bâtiments, comme de vulgaire château de carte. Ma mère le regard vide pleura dans mes bras. Mon père n’était plus et nous devions fuir l’île le plus rapidement possible, nous, incapables de faire quoique ce soit pour notre merveilleux continent."

Voilà, comment Tytam vécu l’arrivé du Dragon Flamboyant. Nous verrons dans le prochain chapitre, la réaction des autres Thaltos, avec d’autres témoignages, les premiers essaies non concluant pour faire fuir le monstre.

Qu’en est-il de l’arrivé du Dragon d’un point de vu plus extérieur ? Comment le voile de brume s’est t’il dissipé ? Vous en prendrez connaissance en lisant ce passage. Sachez seulement, que Fen’Ergide fut détruite une nuit. Une nuit qui vit s’accumuler les cendres des thaltos éparpillées par le vent du désespoir.

La supposée boule d’énergie ne se dirigeait pas au hasard. Son comportement loin d’être erratique, se fit soudainement mortel, lorsqu’on sentit l’atmosphère nocturne s’alourdir par la chaleur. La boule arrivée près du port laissait autour d’elle des bancs de poissons mort, ébouillantés dans l’eau de mer. Le rideau tombé alors, dévoilant une couleur que pas un thaltos encore vivant aujourd’hui n’oublia. La corne de brume sonna à travers le ciel, mais il était trop tard, la bête s’approchait, déposant sa première patte dans les rues rapidement désertées. Les bateaux sur la mer s’enflammèrent, puis les végétaux alentours, rien que par la présence de la bête. La pierre sous ces pieds rougeoyait, fondant presque. Les oiseaux fuyaient, ainsi que la tous les thaltos qui en avaient le temps. La créature écrasa la ville de ses pattes, s’approchant du cœur, éradiquant toute vie sur son passage. Sa queue fouettait les bâtiments, les envoyant valser en un mouvement rapide. Tout brûlait, tout semblait fondre devant les yeux tétanisés des survivants. Désormais, la fuite était la seule échappatoire possible. Des mages se regroupèrent pour tenter d’attaquer le Dragon. Aucun sort ne pouvait l’atteindre. Il absorbait les évitait grâce à une protection inconnue, où était bien trop puissant pour se sentir affecté.

On entendit alors des musiques secrètes s’élevée entre les arbres, jouées par les bardes, des musiques si anciennes que seul l’ancien connaissait la partition et la transmettait ainsi à ses enfants. Une musique qui s’arrêta aussi nettement qu’elle avait commencé, lorsque tous les thaltos entendirent dans leur cœur les appels douloureux de Ker’Haald. Le dragon semblait savoir ou frapper en premier pour déstabiliser toute l’île. Le dragon semblait avoir une conscience propre pour avoir choisit d’attaquer Fen’Ergide en premier. Etais-ce la concentration de mages qui l’attirait, où l’ancien qui pouvait peut être détenir des secrets si puissants qu’ils pourraient stopper la marche vers l’annihilation de toute vie sur Initium.

Après mûr réflexion, les scientifiques et les sorciers s’accorde aujourd’hui sur la possibilité d’une attaque réfléchie par le Dragon. Avec les pouvoirs énormes que celui-ci dégageait ainsi que sa masse d’essence divine qui devait dépasser celle d’un millier de sorciers, nés en un jour de pleines lunes, ils conclurent que la créature pouvait très bien posséder d’autre pouvoir, comme celui de voir à travers les choses, ou bien lire dans l’esprit des gens. Ce qui lui aurait permit d’attaquer plus facilement Ker’Haald, pour réduire en pièce un des peuples les plus puissants à l’époque. Mais ce ne sont que des hypothèses.

Lorsque le jour déposa ses premières lueurs sur une Fen’Ergide à moitié dévastée, le Dragon piétinait encore et inlassablement les fondations et les tas de pierres, vestiges des superbes maisons construites des mains des thaltos. Beaucoup avait périt, lors de cette première attaque. Beaucoup, abasourdit par la disparition de Ker’Haald, erraient l’esprit vide, à la recherche d’une réponse ou paralysé par la peur se laissait immoler par la puissante créature. Des corps noirs entre les cailloux, sur les chemins. Une lisière de forêt carbonisée. Certains volontaires avaient réussit à stopper le feu lorsque la bête s’éloignait, mais leur pouvoir ne suffisait pas à la maintenir éloigner. Ainsi la forêt repris rapidement feu. Les flammes comme des éclaireurs au service du Dragon, se répandaient à travers les buissons et les branchages, détruisant les nids, les terriers et les autres habitats animaux. Les quelques mages maîtrisant la téléportation et qui purent se rendre sur l’île restèrent eux aussi impuissant. Il n’y avait plus qu’une solution. Utiliser des techniques anciennes que rapportent de poussiéreux livres Lunarticiah qui risquerait de faire basculer ce peuple de l’autre côté du monde, dans les ombres ténébreuses de la mort elle-même.

Il y eut quelques polémiques rapides, car il fallait se dépêcher pour trouver une solution. Le premier jour passé, Fen’Ergide était réduite en miette, et déjà la créature s’avançait dans les terres, embrasant sur son passage les restes carbonisés par ses éclaireurs, anéantissant un peu plus les merveilleuses terres et les blessés souffrants. Réagir vite et bien. C’était le mot d’ordre des plus hauts placés. Les meilleurs mages en quelques jours furent alors rassemblés. Ils étaient cinq milles à se présenter pour l’expédition sur l’île, un peu de chaque race mais surtout des lunarticiahs, énormément de lunarticiahs. Cent furent choisi et partir alors sur les routes, chevauchant sans s’arrêter en direction du Sud Ouest. A cette allure, et changeant constamment de montures, ils arriveraient en deux semaines. Deux longues semaines où toute l’île pu facilement être réduite en cendre par le Dragon. Deux horribles semaines pour les quelques survivants, pour la Nature elle-même.

Bientôt l’utilisation ultime de la magie lunarticiahs permettrait de repousser la créature, mais à quel prix. Vous le découvrirez dans le prochain chapitre, dans lequel vous pourrez lire aussi, les débuts des fouilles archéologiques de la Brèche Interdite.