Caveau Secret de Brüm ! [Privée]

Les ruelles pleuraient des gerbes de flammes et d'eau. Pas loin d'eux un mage avait utilisé ses pouvoirs pour éteindre les feux qui se répandaient sur les poutres apparentes des maisonnettes. Le ciel noir assombrissait d'autant plus les ruelles. Les lumières rougeoyantes et dansantes projetaient sur les pavés et les briques des ombres malsaines, cauchemardesques. Erian voulait faire vite, très vite. Trouver l'un des anciens refuge de la Guilde des Voleurs. L'un des refuges que les enfants avaient quitté lorsque les Lépreux avait tenté de s'attaquer à eux. Sacré Lépreux va ! Erian avait l'impression qu'il ne savait pas exactement ce qu'il voulait, simplement parce qu'après avoir chasser les enfants, ils avaient décampé eux-aussi, laissant ce refuge à l'abandon. Le Thaltos avait demandé aux plus compétant de la Guilde de l'aménager et d'en condamner l'ancienne sortie, pour en créer une autre, plus discrète et inaccessible. Condamnée ? Réellement ? Pas vraiment ! Ce n'était qu'une impression pour que tout le monde oublie le caveau.

Sur le chemain, le Thaltos avait croisé bon nombre de ses petits protégés, le regard vide, les yeux reflétant les flammes et la mort. Les attentats, fatal pour tout le monde, et ce tremblement de terre qui avait fait tombé un aqueduc resterait gravé dans leur mémoire si fraiche. Cette mémoire qui n'aurait jamais dû assister à de tant d'horreur. Le coeur d'Erian se serrait lorsqu'il voyait les décombres, les corps calcinés, les gens s'activés en tout sens. Lui et les autres dirigeants restaient caché dans l'ombre, suivant une route tortueuse, passant au dessus de pont, au dessous d'arche, dans des ruelles étroites et des avenues vidée. Ils avaient croisé quelques soldat que Lothianyth avait convié à nous aider, ainsi que des mages qui suivaient désormais Erian.

Retep ! Que faisait Retep ! Il l'avait vu s'enfuir de la place, mais il n'aurait jamais cru qu'il lui ferait faux bond comme celà. Il avait peut être prêter ses mots à quelqu'un d'autre. Erian était inquiet. Le monde ne tournait plus comme avant. Il avait semblé s'enrayer durant cette horrible nuit, puis doucement reprendre son rythme habituel, bercé par les ténèbres, le sang et les cris. Les pleures !

Leur route les mena jusqu'au bord d'un canal calme et muet. L'eau n'y coulait plus. Un mécanisme de barage bloquait certaine voie d'eau, permettant ainsi aux voleurs et Lépreux de pénétrer dans les égouts sans danger, mais avant tout d'alimenter d'autre partie de la ville ou les écluses prévues pour les bâteaux de marchandises. Un petit escalier mendait jusqu'en bas des escaliers, n'ont loin d'une des embouchures des égouts. Quelques flaques verdâtres et malodorantes gisaient encore au centre du canal. Erian les contourna pour grimper une autre volée de marches qui conduisaient dans un tunnel. Un petit renfoncement permettait de ne pas marcher dans le conduit d'évacuation central. Au bout d'une minute de marche et quelques virages, le Thaltos s'arrêta.

- Excusez-moi de vous conduire à travers les endroits les plus purtrides de Mélandre, mais... plus nous descendrons dans les profondeurs de la ville, plus nous seront protégés de ses hommes qui en veulent à la Coopération Pacifique. Nous ne savons pas grand chose encore. Il y a peut être des traitres parmi vos plus fidèles soldats, même ceux qui sont encore en train de s'essuyer les bottes sur mes pavés !" Chuchota t'il à l'égard des deux dirigeants. Il arrivait encore à faire quelques traits d'humour malgré toute l'amertume qui amplissait son coeur. "Si je vous ai ammené ici, ce n'est pas pour papoter, mais bien pour aborder des sujets qui risquent de transformer l'avenir de la Coopération Pacifique. Entrez je vous pris !"

D'un geste lent, il s'appuya sur une pierre qui étrangement sembla se fondre dans le mur découvrant un sceau magique des plus étranges. La magie n'était pas très présente à Mélandre. Il y avait tout de même des sorciers très compétants qui vendaient des potions, ou des parchemins magiques, mais très peu donnait dans les Sceaux. Ce genre de Sceaux.

- Il réagit à la musique de ma Flûte !" Dit-il en souriant amerement ! "Je ne crois pas que vous ayez déjà eu l'occasion de m'entendre en jouer !"

Le Thaltos tira de dessous sa verte et ses amples tissus, une flûte à double manche, qui porta à sa bouche. Il ferma les yeux, se plaçant devant la porte. Une douce et agréable musique s'échappa raisonnant à travers les égouts. Les notes s'envolèrent doucement, puis s'activèrent.


Le Sceau scintilla puis explosa, laissant s'ouvrir une porte en béton donnant sur un couloir où les torches s'allumèrent sur leur passage. La porte se referma derrière la petite troupe dans un bruit sourd. Ils pénétrèrent dans une pièce sombre aux murs épais et anguleux. Les toches illuminaient encore la pièce. Quelqu'un était passé ici il n'y a pas longtemps pour les allumer, ou alors ?!? Serait-ce un des effets du sceau, qui souhaiterait la bienvenu à sa façon au Dirigeant ? Erian lui, le savait.

Dans une cage, un albanestre attendait bien sagement qu'on lui ouvre ses portes. Erian s'empressa à l'aider. Un petit message était déjà accroché à sa patte. Il ouvrit une trappes, minuscules, qui donnait sur les rues. L'oiseau s'y engrouffra pour voler à tire d'elle vers la Guilde des Voleurs. Prévenir qu'Erian se trouvait dans le Caveau Secret. Un appel, d'une certaine manière pour que l'un de ses enfants viennent le rejoindre. [Angal, si tu lis ça xD MDR] !

Au centre de la pièce une table ronde, réplique miniature des tables qu'on trouvait au Conseil. Il invita les membres présent dans la pièce à s'y installer.

- Excusez moi encore pour vous ammenez dans un endroit si indigne de votre condition." Dit-il, la voix presque éraillée par la douleur. "Mélandre est en grand danger, j'ai beson de votre aide mes amis. Vous, Lothianyth, pour votre force et votre qualité de fin stratège. Vous, Ezéchiel, pour vos connaissance et vos paroles cent fois plus réfléchit que les notres. J'ai besoin de vous, pour surmonter cette crise !" Commença-t'il ! "Tout comme moi, vous avez compris, que le Dragon Flamboyant revenait à grand pas vers Mélandre. C'est ainsi que l'a prédit Rysenn. Je ne sais quoi dire ! Si ce n'est que je ..." Il marqua une pose. Il allait encore enjoliver ses dires. Il préfèra pour une fois, éviter de se plonger dans la superficialité. Il n'avait pas le temps pour se mentir, pour leur mentir, pour mentir à son peuple et à ses habitants. " Je suis coupable d'avoir engendrer toute cette horreur !"

Sur son visage, l'ombre se projeta ! On eut cru qu'il portait un voile mortuaire. Lorsqu'il releva sa tête ses yeux étaient déterminés, plusqu'il ne l'avait jamais été.

- "J'attends toujours le rapport de Fikhram, l'un de mes sujets ! Il doit nous renseigner à propos de la famille Mutsunokami, résponsable des attentats. Mais, ce qui est le plus urgent, c'est de savoir d'où vient le tremblement de terre. Si vous avez des suppositions, je vous écoute !"

Mylia avait bien failli l'achever lorsqu'elle le vit descendre les escaliers d'une démarche pataude, un enfant entre les bras et l'autre sur le dos. Angal eut à peine le temps de déposer les bambins qu'elle se jeta à son cou pour le serrer dans ses bras. Une grande majorité des os de son corps protestèrent vivement, mais Angal réprima son cri de douleur: il y a avait tellement de petits ici, si jeunes, et pourtant ils connaissaient des souffrances qu'Angal n'avait côtoyé que bien plus tard.
- Bon sang, où tu étais passé?! Qu'est-ce qui t'es arrivé?
- Hein? Ca? Oh, euh...un des aqueducs m'est tombé dessus et...
- Quoi?! Oh, laisse tomber, je préfère ne pas savoir...C'est toi qui les a tous ramené ici?
- Oh non, j'ai simplement rassemblé les Voleurs valides pour qu'ils m'aident à rapatrier tout le monde à la maison...
Elle le serra de nouveau dans ses bras.
- C'est grâce à toi qu'ils sont revenus. Oh, ce cher Brüm serait fier de toi! Si seulement il...
Elle éclata en sanglot. Mylia, depuis qu'elle officiait ici en tant que cuisinière/infirmière/ménagère (elle se prenait un peu pour une maman de substitution malgré sa petite vingtaine),avait toujours eut tendance à avoir la larme facile. Angal mit un certain temps avant de comprendre que ce n'était pas la pression qui la mettait dans cet état, mais une information que seul lui et Retep pouvait démentir...
Il grimpa sur l'une des tables les plus proches (une épreuve qu'il ne put surmonter qu'avec de l'aide), puis s'adressa à l'assemblée qui remplissait entièrement le Hall.
- Eh! Ecoutez moi! Je dois vous annoncer une nouvelle qui apportera un peu de réconfort en ces moments funestes: Brüm est en vie! Il n'était pas dans ce dirigeable, tout à l'heure! Il est saint et sauf!
Un bien piètre discours, mais l'essentiel était dit. Un court silence s'installa, suivit d'une ovation qui fit de nouveau trembler les murs. Partout, on lui demandait comment Brüm allait, où il était, ce qu'il faisait...Mais au moment où Angal levait les bras pour demander le silence et dire qu'il n'en savait rien, un Albanestre fit irruption dans la salle. Il était passé, comme toujours, par un conduit creusé dans le plafond qui conduisait à une volière.
Angal leva le bras, et l'animal vint s'y poser immédiatement. Un morceau de parchemin était accroché à sa patte. Une fois qu'il en fut libéré, le noble oiseau retourna se poser dans sa volière, à l'étage.

Angal lut le mot griffonné à la hâte, toujours planté debout sur son piédestal de bois, une centaine de visages rivés vers lui.
Il n'énonça pas à voix haute ce qui était écrit, car Erian avait expressément demandé une discrétion absolue. Angal s'y rendrait seul. Il releva enfin la tête:
- Gualdo!
- Ouais?
- Je te confie l'organisation du QG. J'ai quelque chose à faire.
- Qu'est-ce que c'est? demanda quelqu'un d'autre. On peut t'accompagner?
- Non.
Visiblement, certains plus hauts gradés ne comprenaient pas pourquoi un gamin comme Angal pouvait se permettre de lancer des ordres à tout va. Ils grognèrent à voix haute mais ne s'opposèrent pas à lui: il y avait plus urgent et plus important.




Ce ne fut qu'après de nombreux détours, de nombreux arrêts pour vérifier qu'il n'était pas suivi, de nombreuses pause pour reprendre son souffle qui se faisait de plus en plus court et haletant qu'Angal parvint à l'une des plus anciennes planques de la Guilde. Il n'était même pas encore recruté lorsque celle-ci fut condamnée de façon illusoire. Lui ne l'avait jamais vu en vrai; seulement sur les plans que lui avait montré un jour le Dirigeant. Il s'étonna de ne voir aucun autre système de protection...mais une marque de brûlé sur la paroi lui indiqua que ce système de protection venait justement d'être enlevé, bien qu'il n'en connaissait pas la nature. Quelque chose d'autre l'étonna: Erian parlait. Il entendait sa voix étouffée filtrer par les interstices de la porte. Il ne s'attendait pas à ce qu'il ait de la visite; Angal pensait simplement qu'il s'agissait de lui faire un rapport sur les effectifs de la Guilde... Il poussa la lourde porte en béton, qui tourna sur ses gonds en raclant, et regarda dans l'entrebâillement.
Il étouffa une exclamation: les Trois de la Coopération Pacifique! Pourquoi Erian lui avait-il demandé de venir, s'il savait que les Deux autres Dirigeants seraient en sa présence? Sans doute avait-il besoin de savoir s’il pouvait compter sur la Guilde des Voleurs pour l’aider à reconstruire ; et il s’inquiétait sûrement pour ses petits protégés. Il fallait donc mentir, et jouer la comédie…un art qui était taillé pour Retep, pas pour lui.


Malgré tout, il poussa la porte avec une assurance feinte et se dirigea droit vers les trois personnages les plus importants de tout Initium. Il s’inclina.

- C'est un honneur de vous rencontrer, messires, clama respectueusement le Sam Hein. Je me nomme Angal Enysth, humble assistant de Monsieur Sal'Hem.

Il se rendit compte de l'état dans lequel il se trouvait que lorsqu'il se pencha en avant en observant ses chaussures: il était couvert de plaies, de salissures et de sang. Une tenue assez inapropriée pour un "humble assistant"...Quoique certains de ceux-ci devaient être dans un état bien pire, en ce moment (particulièrement ceux qui se trouvaient sur l'estrade). Cependant, il se tenait droit et digne, comme à son habitude.

- Je viens vous communiquer mon rapport, Monsieur Sal'Hem. Tous nos blessés sont rassemblés en lieu sûr, et nos effectifs valides parcourent à présent la ville pour aider les soldats Arrènois et les mages de Thélus. Nous ne déplorons pour l'instant aucun décès ni aucune disparition et seulement une douzaine de blessés graves. La majeure partie de quartiers du centre a été sujette à des pillages, mais compte tenu des évènements, les dégâts matériels sont minimes et essentiellement concentrés autour de la Place du Marché. Un des aqueducs faisant la liaison entre les VIème et IXème arrondissement s'est effondré.

* Sur ma pomme * pensa-t-il en reprenant son souffle. Il était terriblement fatigué et n'aspirait qu'à ces chaises taillées dans du bois grossier disposées autour d'une table faite dans le même bois qu'il apercevait derrière les trois dirigeants qui attendaient la suite en silence. Elle semblait si confortable...

- Les autorités, menées par les hommes de Messire Til'Sayan, ont dû affronter l'homme qui se disait à l'origine de ce...cette horreur. Il semble qu'il s'agisse de Valaron Mutsokonami, un marchand qui possède des parts majeures dans cette ville. Il était accompagné de deux personnes, un homme et une femme. Plusieurs autres les ont suivi en quittant la ville. Je n'en sais pas plus à propos de leur identité malheureusement...

Il eut une courte absence et ses jambes faillirent se dérober sous lui. Il se rétablit à temps en s'excusant, et reprit avec la femre intention de tout dire avant de tomber dans les vappes.

- R...Euh...Fikram...Il a décidé de s'infiltrer au sein de ce groupuscule, le Si...Synode, je crois. Il ne m'en a pas dit plus à ce propos. C'est lui qui m'a tout dit à propos de ce combat sur la Place du Marché, car j'étais, euh...occupé, à ce moment là.

Son discours devenait de moins en moins cohérent. Il avait de plus en plus de mal à différencier ce qu'il fallait dire et masquer; et ses idées devenaient de plus en plus floues. Il se rapella cependant qu'un des Voleurs détaché auc Docks l'avait rattrapé en courant pour lui donner une lettre. Angal fouilla dans sa besace et en ressortit un parchemin tout frippé.

- J'ai failli oublier, Monsieur...Une lettre d'un Alystan. Je ne sais pas d'où elle provient exactement. Elle vous est expressément adressée.

Il tendit sa lettre à Erian et resta planté là. Après un certain temps, sentant qu'il ne tiendrait plus debout longtemps, il demanda:

- Monsieur, excusez moi mais...Pourrais-je m'assoir? Ou dois-je me retirer?

Il n'avait pas l'habitude de demander la permission pour ce genre de chose, ni de témoigner d'autant de respect, ni de se montrer aussi servile (Serviable mais pas servile, c'est ce qu'il aimait à répèter) mais il ne tenait pas à ternir l'image du Thaltos devant les deux politiques.


[je te laisse me faire agir en conséquence de tes ordres ^_^]

La petite retraite à laquelle les avait menés le Thaltos se révélait en meilleur état que ce que l'on aurait pu attendre d'un refuge scellé par magie, et donc resté inusité, à n'en pas douter, une longue période... Mélandre n'explosait pas tous les quatres matins - du moins le nécromancien osait-il l'espérer pour son homologue.
De fines particules de poussière dansaient dans l'air, soulevées par leur présence, un comité trop important pour l'espace exigüe... Il était étrange de voir comme leurs réunions formaient toujours un triangle quasi équilatéral, même lorsqu'ils avaient des suivants... Soldats et mages se trouvaient répartis derrière leur leader, silencieux et attentifs.

Ezéchiel avait fini par s'y habituer. Malgré la gigantesque table bardée de sièges qu'il avait fait installer dans la tour du Conseil de Thélus, seuls quelques rares visiteurs étrangers consentaient à s'asseoir...
Les visages se faisaient durs ou inquiets, le temps était visiblement au questionnement. Mais c'était sans doute le barde qui arborait le masque le plus grave... Son insouciance coutumière avait fui au loin, sans doute remplacé par une sourde culpabilité... Il était celui à qui la prêtresse avait parlé, celui qu'elle avait mis en garde, et ses paroles de mauvais augures s'étaient réalisées. Le voir s'accuser ainsi de toutes les responsabilités donnait envie au lunarticiah de soupirer. Aucun d'eux n'était suffisament supersticieux pour s'en remettre totalement à une prêtresse, même si elle se nommait Rysenn. Il se rappelait aisément le sentiment que lui avait inspiré l'annonce de la prédiction: une profonde perplexité, un haussement de sourcil, et advienne que pourra...
Il ne pouvait guère affirmer qu'il aurait agi différemment d'Erian, au final... Pour faire quoi? demander aux habitants de se terrer dans les égouts en attendant une hypothétique catastrophe et perdre toute crédibilité s'il n'arrivait rien?
Non, c'était maintenant que la ville allait avoir besoin de son leader, plus que jamais. Il ne fallait pas que la prédiction de la prêtresse soit ébruitée pour éviter au maximum d'étioler la confiance des citoyens, des mesures avaient été appliquées pour maximiser leur protection tout au long de la fête. Certes, tous avaient nettement sous-estimé la situation...
Ils auraient à s'entretenir avec Rysenn dés que possible.

Pour lors, effectivement, il fallait déterminer l'origine de l'onde, accompagnatrice de ce tremblement de terre.
Ezéchiel s'apprêtait à répondre machinalement au Thaltos, lorsqu'un Sam'hein en bien piteux état avait fait irruption, lui évitant par la même de raconter une grosse bétise.
Car le fameux dirigeant comptait parmi cette engeance communément dénuée de tout sens de l'orientation, de ceux qui malgré des années d'apprentissage, se révèlent déséspérement hérmétiques à la géographie...

Une des nombreuses faiblesses du Lunarticiah, qui n'avait jamais réellement compris d'où lui venait cette réputation généralisée de "sage". Sans doute une façon détournée d'indiquer qu'il dépassait bravement le centenaire... Parce qu'à part une excellente mémoire qui lui avait permis de faire fructifier ses décennies de lecture accumulées, il n'était guère doué pour le combat, relativement indifférent à l'art, capable de se perdre dans un malheureux hectare de forêt, les animaux le fuyaient comme la peste, ses conseillers multipliaient les remontrances - ah il aurait bien aimé qu'ils se soient trouvés sur l'estrade ceux-là... - et la chaleur des régions du Sud lui donnait des nausées...

Non vraiment, les gens se trompaient sur son compte...
" vos paroles cent fois plus réfléchies que les nôtres."... La vérité, c'est qu'il ne parlait presque jamais, alors forcément, le peu de fois où il ouvrait la bouche, il avait effectivement eu le temps de réfléchir à ce qu'il allait dire...

Exactement comme en ce moment, tandis qu'il écoutait le rapport du jeune... errr... était-ce un soldat? Il n'en avait pas l'uniforme. A bien y réfléchir, le fameux "Fikram" non plus d'ailleurs, et pourtant tous deux s'étaient présentés comme des Hommes d'Erian... Peut-être une milice personnelle?... Elle se révélait drôlement efficace en tout cas. Jamais il n'aurait parié sur la réussite d'une infiltration au sein de l'étrange petit groupe qui accompagnait l'alchimiste...

Jambes croisées, Ezéchiel fixait la table, tentant de concilier tant bien que mal ses pérégrinations mentales sur la géographie tout en restant attentif. De l'ongle de son pouce - le seul qu'il portait long - il traçait les sillons éclatés du bois pour s'occuper les mains, comme souvent lorsque son esprit se concentrait.
Une carte. Il lui fallait une carte.
A une époque, le nécromancien ne différenciait le nord du sud qu'en se repérant à partir des batiments de Thélus. Heureusement, il s'était amélioré après une décennie à étudier la voute céleste... Enfin, un peu.
Pas suffisament pour visualiser le monde autrement qu'avec Thélus comme repère. La cité ésotérique constituait le centre, et de là s'étendaient en cercles concentriques une marée de données angulaires des plus incongrues, dont le langage n'offrait sans doute de signification qu'aux anciens astronomes. Même les techniques de repérage changeaient sans cesse, on ne comptait plus comme à l'époque de ses 12ans, les "connaissances" du monde évoluaient sans cesse, s'infirmaient et se redessinaient régulièrement, c'en était déroutant. La Coopération pacifique avait permis une nette avancée vers la stabilité, avec la mise en commun des savoirs.

Ezéchiel patienta un instant quand le jeune Angal tendit la lettre. Il n'avait pas pour habitude d'interrompre un échange, même une simple conversation. Néanmoins, la question du sam'Hein s'éleva dans le silence, indiquant la fin de l'entretien. Le Lunarticiah se décida donc à prendre la parole, tandis qu'il tâtait ses épaisseurs de tissu à la recherche d'une carte.

" Ce Valaron... Je ne sais pas qui est l'homme qui l'accompagnait. Mais la femme se nomme Astarosche. Elle a fréquenté le Sénacle plusieurs années, c'est une alchimiste... "

Si par chance, une carte s'était égarée dans ses manteaux, ce n'était pas dans le premier... Décidément, ses poches ne contenaient jamais ce dont il avait besoin.
Pour lors, l'état de santé du nouvel arrivant le préoccupait davantage. Il ne savait pas si Erian le ferait se retirer ou s'asseoir, et il eut été inconvenant pour le nécromancien de s'imiscer. Son attention était requise, et il supposait que ses deux homologues verraient d'un mauvais oeil qu'il prenne en charge les soins de quelqu'un en plein milieu d'un entretien. Aussi se tourna-t-il discrêtement vers Denora, l'une des mages qui l'avait accompagné, pendant que le Thaltos répondait, pour lui adresser un signe de tête rapide.

La vieille Thiel manipulait la magie offensive essentiellement, mais son grand intérêt pour les sciences curatives en faisait un mage indispensable sur les terrains de conflit. Elle qui habitait Thélus bien avant les débuts de la Coopération, appartenait au Sénacle depuis sa création, et nombre de ses nuits passées à l'Azelorth'samas l'avaient conduite à rencontrer le nécromancien. Après 15ans, elle qui l'avait rencontré avec un visage encore jeune, semblait maintenant plus agée que lui, et il ne lui fallait guère plus d'un simple signe pour comprendre ce qu'il signifiait. De toute façon, elle non plus ne souhaitait pas laisser partir dans cette état le garçon au foulard. Elle s'occuperait de le remettre d'aplombs, du moins suffisament pour qu'il puisse marcher droit avant de repartir.

~¤Lothianyth ne décrocha pas un mot de tout le trajet. Il se contentait d'oberver les dégâts qu'avait subi la ville marchande, et dont les attentats n'étaient qu'un des facteurs: les gens écrasés par la foule prenant la fuite se joignaient à ceux enterrés sous les gravats des éboulements, et les les facades des commerces étaient éventrées par les pilleurs qui avaient profité de la panique générale pour dévaliser tout ce qui était à leur portée. L'Eycorché avait toujours apprécié ses voyages jusqu'à la Cité Marchande, qui lui avait toujours semblé pleine de vie et de gaieté, et où les crieurs de rue remplaçaient les mercenaires proposant leurs services à qui daignaient les entendre.¤~

~¤Bientot le petit groupe se mit à emprunter des rues moins fréquentées, puis des ruelles désertes, puis des quartiers fort peu salubres pour des hommes de leur rang. A quoi jouait Brüm? Allaient-ils se terrer au fond d'un entrepôt, comme des rats? Loth aurait encore préféré batailler contre tous ces types du Synode plutot que d'agir aussi lâchement. Finalement, ils s'arrêtèrent devant un...mur. Alors je les lèvres du Paladin s'entrouvraient pour interroger le Thaltos, ce dernier révèla un mécanisme magique incrusté dans le mur.¤~

- Il réagit à la musique de ma Flûte ! Je ne crois pas que vous ayez déjà eu l'occasion de m'entendre en jouer !

~¤Lothianyth ne broncha pas face aux tentatives du Mélandrin pour détendre l'atmosphère. Il était aussi frusté qu'un enfant auquel on aurait retiré sa peluche: la clameur des combats s'était tue sans même qu'il aie l'occasion de croiser le fer, et ce n'était pas la musique d'une flûte qui allait remplacer celle du métal contre le métal. Il ne put cepandant s'empêcher de remarquer l'exceptionelle dextérité avec laquelle le musicien maniait son instrument, ses doigts parcourant les touches avec une célérité impressionnante, sans la moindre hésitation.¤~

~¤Ils entrèrent dans une sorte de vieux caveau tout juste bon à y conserver le vin. Une table et des chaises en bois massif et des murs en pierre brute. A peu près ce à quoi il fallait s'attendre dans les géôles d'Arrène. Il écouta Brüm résumer la situation et s'auto-flageller sans esquisser la moindre mouvement de pitié, ni tenter d'apaiser le remord qui semblait s'être insininué dans la joie de vivre du joueur de flûte.¤~

- J'attends toujours le rapport de Fikhram, l'un de mes sujets ! Il doit nous renseigner à propos de la famille Mutsunokami, résponsable des attentats. Mais, ce qui est le plus urgent, c'est de savoir d'où vient le tremblement de terre. Si vous avez des suppositions, je vous écoute !

~¤Lothianyth fut sur le point de proposer l'envoi d'émissaires afin de savoir jusqu'où le séisme a été ressenti, mais un jeune homme -à peine moins vieux que lui- entra dans le caveau. Il se présenta comme étant sous les ordres et, contrairement à ce Fikhram, semblait avoir un minimum de notions concernant la discipline et la hiérarchie. Lothyanith lui rendit son salut dans un signe de tête et écouta silencieusement le Sam'Hein faire son rapport. Il semblait au bord de l'évanouissement, mais tenait bon...en une autre situation, il aurait bien proposé à cet homme de rejoindre son armée. Il vit son collègue de Thélus adresser un signe à l'une de ses mages après qu'il leur ait informé de l'identité de la femme qui accompagnait Valaron.¤~

~¤Aussitôt, la femme acquiesca et s'approcha du Sam'Hein pour, semblait-il, le soigner. Elle lui demanda la permission de le toucher, ce à quoi le soldat -c'est du moins ainsi que le percevait Loth- répondit par la positive. Il s'assit et regarda d'un air gêné la mage refermer ses blessures les plus graves.¤~

- Nous devrions envoyer des émissaires pour prendre conaissance des limites du séisme et son intensité. Nous saurons ainsi, en repèrant les régions où le séisme a provoqué le plus de dégâts, où se trouvait son épicentre.

~¤Il marqua une pause pour laisser à ses congénères le temps d'infirmer sa proposition.¤~

- Une fois cela fait, je propose d'envoyer une troupe de scientifiques sous bonne garde à l'épicentre. Peut-être restera-t-il des résidus d'essence divine que nous pourrons analyser...

~¤Le regard de Loth passa sur les visages des dirigeants et se porta nonchalament sur la mage et le Sam'Hein. Elle refermait une plaie sur sa joue droite. L'Eycorché remarqua au passage les étranges cicatrices qui dépassaient légèrement de dessous le bandage. La magicienne sembla y prêter également attention puisqu'elle porta sa main vers le bandeau dans l'intention visible de le retirer pour soigner cette vilaine blessure...Mais Angal, comme il avait dit s'appeler, lui attrappa avec vigueur le poignet.¤~

- Non. Il n'y a plus rien à soigner, ici, déclara-t-il.

~¤Ses yeux semblaient s'être allumés dans la semi-pénombre de la pièce. Il se leva et fit face aux dirigeants.¤~

- Messires, je vais me retirer si vous le permettez...Merci, ajouta-t-il envers la mage.


[bon j'ai fait un mix ^_^']

[HRP : Excusez moi pour mon retard, mais... mais... j'avais un manque certain de motivation en ce moment, du coups j'ai un peu déserté pas mal de chose ^^ Eh éh éh ! Mais je suis de retour, telle la Team Rocket chevauchant un engin de métal, pour vous jouer de mauvais tour ! --Oui Miaous, la Guéguerre -- ! Stop !]



Il avait tendu son énorme main pour attraper la minuscule enveloppe que lui avait apporté le Sam'hein. Il avait écouté le rapport de l'intrépide Crocheteur de Serrure, tout en se laissant bercer par l'amertume. Il laissait les voies, comme des notes de musique, bercer son esprit, apaiser sa peur telle des rats grignotant ses entrailles. La musique était sa poudre anti-nuisible, sa lueur d'espoir au bout du tunnel obscurcit par les mauvaises nouvelles.

Retep allait infiltrer le Synode. Le monde tournerait un peu mieux après cet élan d'horreur. Mais il fallait réagir rapidement. Le dragon flamboyant avait percé une nouvelle fois la terre, et si on suivait les prédictions de Rysenn avec exactitude, la fin des horreurs n'était pas encore prononcée.

Dans le creux de sa main, le papier froissé de la lettre lui sembla incongru, presque vulgaire. Qui voulait le contacter par Alystan, alors qu'on avait déjà forte à faire dans les rues même de Mélandre. Pourquoi un message venu des mers ? Qu'y avait-il d'assez urgent ? Le dirigeable peut-être ? Une déferlante marine, contrecoups du tremblement de terre, qui approcherait la ville marchande ? Un chapelet de question enlaça son crâne.

Le Sam'hein, soigné par l'un des mages blancs, s'éclipsa. Un silence s'installa lorsqu'il ouvrit l'enveloppe. Un silence qui brisa toutes les comptines qui circulaient sans cesse dans son esprit pour l'apaiser, faire taire son pouls, son coeur affolé. L'écriture était poisseuse. L'eau qui avait imbibé le papier formait des auréoles jaunâtres. Entre les tâches d'encre, les pleins et les déliés déformés et les plis trop prononcé, Erian réussit à déchiffrer le message. Un message... Une révélation... Un Hamadriane de malheur cherchant à dévorer le foie du Thaltos. Enfonçant profondément son bec à chaque ligne, à chaque mot, à chaque lettre que ses yeux captait.

Après une première lecture rapide, le dirigeant éleva la voix, réfrénant le tremblement de ses mains, se concentrant pour éviter que ses mots ne soient déformés par le peur.

- "Hmm.. ! Et bien,... Je crois qu'après que nous allons devoir revoir bon nombre de nos plans. Mais laissez moi vous lire cette lettre." Il marqua une pose, inspira profondément puis commença la lecture, indiquant la date et l'expéditeur.

- "20 venty 6.498 (18h38), Sud-Ouest d'Arquius, Au bord de l'Océan des Disparus. Capitaine Ataris Gem." Le Thaltos toussota. "Cette lettre est adressée à Erian Sal'Hem lui même, où à tout ceux qui désirent rester en vie." Souligna t'il, un noeud dans la gorge. "Nous avons observé une activité anormale à l'horizon, au niveau des gouffres inexplorés. Un nuage de vapeur surnaturel est apparu. Il se rapproche de l'embarcation à toute vitesse. Je préfère m'éloigner pour me réfugier dans le port le plus proche. Il ne peut s'agir que du Dragon Flamboyant. Je n'ai jamais rien vu de tel, mais..." Erian ferma les yeux, avant de reprendre sa respiration. "... il n'existe aucun autre nuage capable de vous avaler les tripes comme ça ! J'ai bien peur qu'il ne nous reste plus qu'à prier. Prier pour qu'il s'en aille."

Erian déposa le papier devant lui, le faisant glisser sur la table, comme pour inviter les autres à lire les mots qui quelques secondes auparavant nouaient sa gorge, écrasaient son coeur contre ses côtes. Il avait bien sûr pris en compte les paroles de chacun. Les quelques mots du Nécromancien, et les plans du Paladin. Il n'y avait plus qu'à agir rapidement.

- "Effectivement, je pense qu'il nous faut gérer énormément de chose à la fois Tyl'Sayan. Le lieu du séisme doit être découvert le plus rapidement possible, les dégats évalués... Il faudra possiblement, envoyer un groupe de gardes, de mercenaires, de scientifiques, ou de n'importe quoi... pour qu'on s'assure qu'il n'y a aucun danger là bas." Les incohérences sautèrent aux yeux du Thaltos. "Il est très probable que le Dragon Flamboyant soit à l'origine du séisme, qu'il se dirige vers le terre et qu'il nous faille nous protéger. Que proposez-vous pour résoudre se problème ? Pour le faire fuir ? Nous ne pourrons l'anéantir , même en utilisant le même procéder que durant l'attaque de Ker'Haald." Tout s'emballait dans son crâne une nouvelle fois. Il n'arrivait pas mettre les priorités à leur place, il n'arrivait pas organiser un plan dans l'urgence... Pourtant l'évidence lui pendait devant les yeux. "Il faut... évacuer Mélandre ! Nous devons fuir avant de penser à le faire fuir !"

Les yeux du Thaltos se plongèrent dans ceux d'un garde du Paladin. "Il faut que toute la ville soit prévenue le plus rapidement possible. Que le message circule aussi vite qu'un albanestre. Nous avons un jour pour quitter ces lieux." Le garde avait compris sans que le dirigeant d'Arrène ne lui donne d'ordre. Il quitta la pièce en courant, un mage fit de même. "En attendant que la nouvelle se répande je vous laisse exprimer vos idées mes amis. Il faut que nous soyons solidaire. Ce n'est plus seulement un problème interne à la Ville de Mélandre, c'est désormais un destin qui nous lie tous ensemble, qui noue nos chemins."

Cet Alystan n'était surement pas le seul à avoir été envoyé. Il y en avait peut être beaucoup d'autre qui attendaient qu'on les dépouilles de leur courrier dans les postes de la ville. La nouvelle allait se répandre comme de la poudre. Il y a vingt-quatre heures, Initium dormait encore tranquillement. Maintenant, ses cauchemars devenaient réalité.


[HRP : J'ai eu trop de mal à le faire ce post xD ! S'il vous plait soyez inventif dans comment organiser tout ça lol T_T Mouarf ! On attaque le côté balaise de l'organisation que doivent avoir les dirigeants. Le truc dans lequel je suis tout pourri xD !]