Point de ralliement du Synode

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Le soleil avait beau être encore suffisamment haut dans le ciel pour diffuser sa lueur, aucune lumière ne perçait la couverture épaisse que formait la cime des arbres au lieu du point de rendez-vous.

C'était sur une petite butte tranquille, à proximité d'anciens mégalithes abandonnés auquel Zyred avait attaché son cheval et auprès duquel courrait un petit cours d'eau qui dégénérait en torrent quelques mètres plus loin. Bref, un endroit discret pour prendre la poudre d'escampette quand la moitiée du pays était à vos trousses...

La fuite de la ville n'avait pas posé trop de problèmes. Zyred avait déjà tout prévu en empêchant la fermeture d'une porte et en réduisant en cendre la tour de guet à partir duquel d'éventuels gardes auraient pu observer la direction dans laquelle ils étaient partis. Désormais, les traces derrière eux étaient effacées et les deux primats du Synode n'avaient plus qu'à attendre la venue de Valaron et de son fils.

Zyred commença par inspecter son cheval avant de s'approcher du ruisseau pour s'occuper de sa blessure à l'épaule gauche. Sortant un bandage propre de ses fontes, le paladin se rendit au ruisseau pour l'humidifier. Puis, il serra les dents et retira le couteau de lancer, toujours enfoncé dans l'épaule, d'un coup sec et fit rapidement un pansement sommaire avec le bandage et serra de toutes ses forces pour empêcher le saignement. Une fois au manoir, un guérisseur ou un chirurgien n'auront aucun mal à refermer la plaie et à neutraliser une quelconque infection.

Une fois les premiers soins donnés, le chevalier s'occupa de seller son cheval afin d'être prêt à partir quand le prophète sera arrivé. Tout en s'acquittant de cette tache, Zyred s'adressa à sa compagne d'arme.

"-Dis-moi, comment s'est déroulé le discours du Seigneur Valaron? Je me couperais le bras droit pour voir la tête que faisaient ces cloportes au moment où sa Flamboyance à fait son entrée!"

Ce fut précipitemment que notre thielle adoré s'en était allée de Mélandre, aux côtés d'un compagnon d'arme, la brute de paladin nommé Zyred Damodred. Même si elle ne savait que trop que le geste qui fut le sien n'était dû qu'à la bonté de son âme de moine guerrier, si l'on pouvait dire cela, elle lui tiendrait rancoeur pendant un petit moment encore face à l'énormité de sa violence à son égard, un plaquage de bête sauvage qui lui causait à cet instant encore quelque douleur, notemment physique... quant à son égo... elle savait parfois se montrer plus sage. Mais bon, le mal était fait...

Cela devait remonter à présent à un bon petit moment que la fuite et les atrocités de la grande place du marché avait eu lieu. Journées de fête décadantes et surtout sanguinolantes. Assez jouissif pour notre alchimiste, malgré quelques petits détails contraignants dirons nous. Une fuite d'ailleurs, relativement bien préparée... Le synode pensait à tout. Cependant, à présent que le nom de leur faction était connu de tous, cela incluait de nouveaux soucis, de nouveaux problèmes, et e nouvelles solutions à envisager face à diverses situations possibles. A présent, ces jeunes gens ne seront plus des personnes à surveillées, mais des personnes à rechercher expressément. Cela s'annonçait épuisant... il faudrait se méfier de tout, enfin, plus que d'habitude. La célébrité avait son revers! ^^

Ce fut dans une splendide calvacade épique et presque théâtrale qu'Astharosche et Zyred fuiyèrent loin de la ville, afin de retrouver le point de ralliment du Synode, endroit même où Valaron et probablement l'un de ses fils viendrait les rejoindre ultérieurement. Ha! Quelle était bien jolie la demoiselle sur son haut étalon! Oui, oui! Elle était une bonne cavalière hémérite, quit à surprendre quelques mauvaises langues. Croyez-le ou non mais, même si elle semblait daidaigneuse envers le genre humanoïde, elle avait une curieuse affection pour les animaux. Peut-être étais-ce parce qu'ils ne parlaient pas, ne savaient que trop bien ce qu'ils désiraient? Possible... ou serait-ce un vestige d'humanité résidant dans le coeur glacé de la thielle? Enigmatique tout cela, mais qu'importe... un petit secret qui serait fermement gardé.

L'animal qui fut le sien alors étant un très bel équidé, dont la robe était d'un blanc immaculé, sans rappeler l'image ironique de l'innoncence que n'avait plus depuis longtemps l'alchimiste. Divin paradoxe qu'elle se complaisait à se jouer de temps en temps. Les jambes musclées et fuselaient, la cadence du cheval n'avait rien à envier à ces congénaires des cavaleries. Et puis, dans l'immédiat, Astharosche ne lui désirait que ses atouts là : résistance et vitesse. Et ce fut ainsi, avec ce coéquipier là, qu'elle rejoignit la mystérieuse forêt des Murmures, splendide jungle verdoyante se trouvant sur le continent Médian. S'attelant au pas du paladin, qui d'ailleurs fut blessé au cour de leur sortie précipitée, celui-ci emmena la jeune femme dans un endroit redouté des peureux qui avaient l'angoisse de ne jamais revenir et dont le sens de l'orientation était risible : le labyrinthe sylvestre. Il n'y a pas plus évocateur.

Tirant sur les rênes de son compagnon pâle, ceui-ci poussa un petit hénissement face au geste, ralentissant dont sa course pour adopter un petit trop léger et noble, avant de se stopper totalement. Zyred avait emmener comme prévu Astharosche dans un petit coin aux allures de clairière sereine. Arnachant son propre canaçon à une grosse pierre, le paladin s'occupa enfin de lui-même, tentant d'apporter les premiers soins à sa vilaine plaie. Moment qui n'intéressait pas le moins du monde notre sadique jeune femme.

A ce moment là, la thielle était toujours sur le dos de son étalon. Et dans des gestes que l'on ne lui reconnaissait pas lorsqu'on la voyait combattre, l'alchimiste se baissa lentement vers l'encolure de son ami équidé, le caressant de sa main frêle comme pour le rassurer de quelque chose. Finalement, elle se redressa quelques secondes plus tard. Là, d'un geste gracieux et du revers de sa menotte, elle rejetta sa chevelure grisonnante en arrière, poussant par la même occasion un petit soupir de lassitude. Immédiatement après ces gestes féminins, elle descendit calmement de son cheval. Il lui fallait oublier pour un temps sa personnalité d'amazone pour trouver un peu de repos sur la terre ferme.

Même ainsi, elle ne quitta pas son compagnon animal, non, au contraire, elle s'en approcha plus. Il était amusant de constater l'étrange sérénité qui la gagnait ou émanait d'elle à cet instant. Oubliant la présence du paladin, elle caressa le museau de son ami, le grattant un peu et semblait aprécier l'attention. S'en prendre la peine de l'attacher, la demoiselle se recula et préféra prendre appuis sur un mégalithe tout près de là. Quant au cheval, ayant fait de grand effort, il partit simplement se revigorer en allant s'ébreuver au petit ruisseau.

Astharosche observait alors les alentours, examinant chaque arbre dont les feuillages étaient si denses que la lumière du soleil n'arrivait point à les percer. Sombre... cette forêt était sombre, cependant, cela ne gênait en rien la thielle, déjà habituée à travail dans des conditions obscures. Adossée contre la pierre gelée, elle croisa simplement les bras, attendant patiemment alors les autres convives su Synode pour une réunion de mise au point des faits de la fête du Ramanthin. Mais brusquement, elle gigota, se rendit compte que quelque chose rendait sa pause inconfortable. Sa lance. La lance de Lug. Enigmatique arme que bien peu de femme apréciait en combat, notemment pour la complexe maniabilité qu'elle demandait. Plus étonnant encore, voir une femme de sciences et de magie, aussi élégante qu'une noble, avoir jeté son dévolue sur pareil instrument de combat. Vous vous demandez pourquoi? Vous ne le saurez pas... pas encore du moins. En tout cas, lance ou pas, Astharosche l'usait avec magnifiscence et pouvait étonnemment rivaliser avec les hommes qui l'utilisait également... Car la lance de Lug était unique, seule Astharosche pouvait en extraire le formidable potentiel mais aussi car bien d'obscur secret entourait celle-ci...

Ne bougeant que légèrement, l'alchimiste retira donc sa longue arme de son dos avant de se reposer à nouveau contre la pierre, laissant une nouvelle fois échapper un vague soupir. Là, ses grans yeux dorés examinait la lance... mais l'observation fut interrompue par les questions de Zyred.

" Mmmmm? Tu m'as parlé? "

Ce fut alors qu'elle replaça la question dans son contexte, et avec un je-m'en-foutiste non négligeable et l'indifférence habituelle qui était la sienne, Astharosche prit tout de même la peine de répondre... si on pouvait appeler cela une réponse.

" Ho? Le discour de Valaron? Je ne l'ai pas écouté... j'avais bien d'autres chats à fouetter que de prêter attention au discour de notre cher Pontife... Quant à leur tête, coupe toi donc le bras, et tu auras le même visage qu'eux à cet instant là. "

Humour, humour, quand tu nous tiens! XD Astharosche et son cynisme légendaire.

" Par contre... comment cela se fait-il que tu es tardé ainsi? Ton travail ne demandait pourtant pas un temps monstre à ce que je sache non? Tu es peut-être doué dans certain domaine mais tu es lent l'ami... très lent... et lorsque tu fais preuve de rapidité, tu en oublis le quelque bon sens qui te reste! "

Bien évidemment, le sous-entendu de ces propos faisaient référence à la bousculade violente à laquelle elle avait eu droit à cause de lui. Mais peut-être qu'il culpabiliserait un peu également, non? Après tout, lui qui chérissait temps son précieux Valaron, ne le décevrait-il pas si il ne se montrait pas assez efficace? Pffff... Voilà la partie de la personnalité qu'elle ne supportait pas chez Zyred, son asservissement digne d'un esclave. N'avait-il aucun amour propre?

Astharosche ne lui jetta qu'un bref regard avant de retourner son attention sur l'objet auquel elle tenait. Néanmoins, elle semblait préoccupée... mais par quoi?

Il avait parcouru des kilomètres durant plusieurs jours, sans vraiment se nourrir, sans vraiment goûter au plaisir du repos et de l'indifférence. Debout sur un cheval volé dans une des étables de la Ville de Mélandre, il avait suivi les traces des deux chevaux qui avaient dévalé à toute allure les Plaines de Rathke, comme si la mort était à leur trousse. Atilla, fatiguée elle aussi, dormait tranquillement dans l'une des poches du veston de Zieg. Des petits mouvements nerveux de ses pattes indiquaient qu'elle rêvait d'un monde meilleur. Peut être d'un lieu où les bombes n'existaient pas ! Un monde onirique où les lemuris et les races d'Initium vivraient en harmonie. Un vive sensation de chute la fit sortir hors de ses songes. Elle eut soudainement la lourde impression que son maitre s'était écroulé dans l'herbe verte.

En effet, Zieg gisait la tête dans un ruisseau, à deux pas des Primats du Synode. Il avait chevauché avec la rage de retrouver Valaron. Avec la rage de venger son maitre. Ce sentiment qui vous dévore les tripes et les serre bien fort pour en extraire toute l'essence de fureur. L'adrénaline avait augmenté pendant un temps ses capacités, mais pas assez pour qu'il ne s'évanouisse pas sur sa selle. Bien heureusement, son cheval avait suivi comme par magie la route que Zieg empruntait. Etait-ce son tatouage lui permettant de communiquer inconsciemment qui l'avait guidé sur son chemin ?

L'eau glacé du ruisseau lui fit reprendre conscience de son état, de son bras cassé, de la blessure qui commençait à s'infecter dans son épaule gauche, et de cette course qu'il imaginait bientôt terminée, bientôt perdue. Atilla s'inquiétait vivement. Elle sortit de la poche de son maitre, le regardant avec des yeux emplis de larmes. D'un souffle et regonfla son minuscule torse.

- Va... Chercher de l'aide ! Ma p'tite ! ... Mon... Sac ! ... La lettre en cas de besoin !" Murmura Zieg à l'oreille de son Lemuri qui sautillait déjà vers la sacoche du Rôdeur, s'y plongeant comme à son habitude avec une facilité déconcertante et la retournant de long en large. Triomphante, elle en sortit, munie d'un petit parchemin roulé qu'elle enserra bien fort entre ses petites pattes, puis revint voir son maitre. "Descend le ruisseau... Je crois qu'ils ... plus très loin !" Et il ferma les yeux, se laissant emporter par la douleur.

Vive comme l'éclair, la Lemuri se retourna, faisant face à l'immensité du monde, prête à gravir des montagnes, ou plutôt à les descendre en suivant des ruisseau. Elle disparut derrière en buisson en sautillant.

Non loin de là, deux individus discutaient, non sans force dans la voix. Elle avait déjà trouvé quelqu'un, en si peu de temps. Elle ne s'inquiétait plus pour son maitre. Naïve elle s'approcha de la femme, sautillant près de ses pieds pour lui tendre le petit morceau de parchemin sur lequel on pouvait ceci :

"Bonjour, je m'appelle Atilla, je suis un Lemuri de compagnie ! Mon maitre a besoin d'aide ! Pouvez-vous me suivre jusqu'à l'endroit où il attend des secours ?!?"

Bien sûr, ce n'était pas Atilla qui avait rédigé ce message, mais Zieg, qui avait prévu une petite batterie de parchemins tout préparés à utiliser en cas de besoin. Ah ce sacré Zieg ! Il pensait presque à toutes ces choses futiles auxquelles les gens n'attachent pas d'importance.

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Zyred acheva sa tâche et se recula pour admirer son cheval.
C'était une belle bête, impossible d'en douter, bien que totalement différente de la monture de guerre robuste et puissante que le chevalier avait l'habitude de monter au combat. Ce destrier était fait pour la course, pour avaler les distances sans aucune fatigue et le plus rapidement possible. Le maître palefrenier du manoir du synode l'avait baptisé Orage... un nom qui lui allait à ravir.

Tout en inspectant son travail de harnachement, Zyred écoutait les paroles de la Thielle et éclata d'un rire franc en réponse à la réponse de son interlocutrice. A la caserne des chevaliers blancs, le paladin avait eu tout le temps qu'il fallait pour cultiver le subtil art de l'ironie et du sarcasme... Ainsi que d'apprécier ce genre d'humour.

En revanche, la dernière pique d'Astarosche fit grincer les dents du chevalier. Visiblement, l'alchimiste n'avait toujours pas digéré le plaquage, pourtant nécessaire, que Zyred lui avait fait subir au cours de l'escarmouche sur la place du marché de Mélandre. Retenant la réponse acerbe qui lui montait aux lèvres, le seigneur déchu se raccrocha à son code de courtoisie et se retourna en direction de l'alchimiste, le visage grave.

"-Des gardes s'étaient barricadés dans la salle du mécanisme. Ils avaient bloqué la trappe et empêchaient quiconque de grimper à l'aide de leur lance. Quant à mon empressement... Malheureusement, c'est ce genre de décisions instinctives qui peuvent sauver des vies en cas de bataille."

Son honneur et sa courtoisie étaient strict là dessus; si Zyred avait froissé une noble dame, il se devait de lui présenter ses excuses. C'est ainsi que, s'inclinant devant Astarosche, le chevalier lui fit une légère révérence.

"-Mais si je vous ai froissée par mes paroles ou par mes actes, alors c'est avec grande honte que je m'incline devant vous et vous présente mes plus..."

*Squirk squirk*

Interrompant le chevalier dans sa tirade, un petite souriceau s'était approché de la thielle et lui griffait la jambe en quête d'attention. Zyred plissa les yeux. Il venait de se faire couper la parole par un rat! Légèrement agacé, le paladin s'approcha donc de la bestiole, prêt à lui envoyer un coup de pied bien placé.

"-Laissez, je m'occupe de cette vermine."

[Edit Ayesha: T_T s'il vous plaîîît... Les paroles en gras... Et entre guillemets.]

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Astharosche, une dame pleine de condécendance qui ne semblait nullement prêter trop attention à son compagnon. Il n'était certes pas un mauvais bougre, mais elle le trouvait totalement ennuyeux. C'était à prévoir, une chercheuse comme elle, une femme de magie et de sciences diverses, ayant comme origine une famille de thiels parfaitement communs, face à un ancien homme de la haute société qu'elle n'avait jamais porté spécialement dans son coeur (nous parlons des gens de la haute bien entendu), bien que, elle ne nierait qu'elle enviait leur richesse. Après tout, les finances étaient une chose importante pour les personnes d'esprit espérant tant bien que mal voir aboutir leur projet. N'était-ce pas dramatique que de voir tout cela s'effondrer à cause d'un manque d'écus?

Enfin, ne conservons nullement sa langue dans sa poche, l'alchismite fit preuve de son cinisme légendaire ce qui, apparemment, déclencha un rire franc et corsé de la part de son collègue primat. Il fallait dire que, lui aussi, lorsqu'il n'avait pas la langue déliée par ses délires fanatiques, il pouvait être d'un grand intellect ou plutôt de conversation. La jeune femme et cet homme bourru avaient des idées bien diverses et opposées mais cependant, faisant partie de la même faction, ils étaient capable de ne pas diverger sur tout... Ce qui n'était pas une mauvaise chose lorsque l'on faisait équipe.

Rapidement, Zyred apporta les informations complémentaires qui expliquaient le retard de celui-ci. Des barricades et blablabla, et encore blablabla... une seule réponse vont à l'esprit de la jeune femme aux longs cheveux d'argent.

" Ouais, ouais.... des obstacles... sauver des vies... quelle chevalerie! Avais-tu donc oublié que j'étais une thielle et par conséquent les talents que sont les miens? Votre réaction est peut-être digne des grands hommes, cependant, vous me faites passer pour une faible femme. Personnellement, ce genre de chose n'est pas ce que j'aprécie le plus. Je préfère mourir avec ma fierté, plutôt que de vivre dans la honte de la faiblesse. Vous devez bien comprendre cela non? "

Ne cherchez pas... la femme est l'espèce la plus compliquée qu'il soit, même dans l'univers et les terres d'initium. Et il se trouvait que Dame Asran était certainement la plus complexe de toute, ou tout du moins en faisait partie, chose évidente...

En tout cas, Zyred remonta dans son estime lorsqu'elle eut droit à ses plaintes excuses, chose qu'elle estimait avoir parfaitement droit. Haaaa! Cela flattait bien son égo, et puis, c'était tellement plaisant de voir des hommes faire des références. Au moins, ils retrouvaient ainsi leur véritable place! Seulement....

Lance en main, puisque notre jeune femme ne l'avait nullement quitté, sentit brutalement une petite chose couinée auprès de ses pieds, et qui, d'ailleurs interrompit le dialogue d'excuse de son comparse. Là, affichant une mine surprise, elle avait un étrange petit lemuri qui lui tendait avec un air chétif un bout de parchemin.

Mais avant même qu'elle ne puisse tendre la main enfin de s'en saisir presque naîvement, le primat robuste se montra particulièrement agressif et était prêt à faire preuve de barbarie typiquement masculine envers la créature. Brusquement, Astharosche placa la pointe de sa lame sous la gorge de son camarade afin de le stopper nettement.

" Touche à cet animal et je te transperce.... "

C'était bien la première fois que l'on voyait l'alchimiste défendre quelque chose autre que ses travaux ou ses opinions. Elle fixait même Zyred de son regard félin avec colère, fronçant les sourciles méchamment. Elle resta ainsi quelques longues secondes afin de montrer à son collègue qu'elle ne plaisantait nullement sur ses intentions. Et, sans donner aucune raison ni réponse justificative, elle retira simplement son arme.

Là, elle plaça immédiatement sa lance de Lug dans son dos et se baissa légèrement vers la petite bestiole appeurée et amusante. Prenant le bout de papier entre ses doigts, elle déroula délicatement la chose et lut dans ses pensées le texte inscrit. Son visage exprima alors quelque chose de surprenant : de l'étonnement. Rapidement, la demoiselle jeta un oeil en biais vers le lemuri, avant de finalement tendre ce même bout de papier à Zyred.

" Tiens.... c'est un travail de chevalier cela! C'est pour toi! Tu es un paladin, c'est dans tes cordes! "

A ce même instant, elle baissa sa pâle figure vers la petite bestiole. Son regard doré était presque illuminé de compassion...enfin, on pouvait le croire si on ne la connaissait pas.

" Atilla... quel drôle de nom... en tout cas, tu me sembles bien éduquée. Ton maître est assez incompétant pour s'être fait lamentablement blesser, mais au moins il a le mérite d'avoir un digne compagnon. Mais ma jeune amie... je ne suis pas sure que l'on puisse accorder tes voeux.... cependant, nous pouvons peut-être soulager les maux de ton maître. Conduis-nous à lui, je suis curieuse... "

Un étrange sourire s'illumina alors sur les lèvres d'Astharosche et quand celui-ci apparaissait, ce n'était guère bon signe car des sombres idées devaient lui traverser l'esprit. La demoiselle fit un signe au petit lemuri afin qu'il joue les guides puis lui emboita le pas.

Ce fut alors qu'elle se tourna simplement vers le paladin.

" Tu traines encore Zyred... Nous avons peut-être été suivis... nos arrières n'ont pas été bien assurées... allons vérifier qui est ce mystérieux maître blessé...."

Atilla avait senti l'ombre d'un géant maléfique. L'ombre d'un danger qui soudain fut écarté par un rayon de soleil livide, un visage aussi blanc que l'albâtre. Devant son petit museau et ses moustaches pointues, la Thielle pointa son arme vers l'assaillant, l'empêchant ainsi de s'attaquer à elle. Pendant un instant, elle voulut s'enfuir. Pendant un instant, elle voulut se terrer dans un mètre cube de parchemins jaunis. La femme lui prit alors son message des pattes et le lu avec étonnement.

Atilla ne comprenait pas exactement ce que disait les gens. Son maitre, elle le comprenait grâce au tatouage que celui-ci possédait, mais les autres. Impossible. Même après quelques années passées à faire le lien entre les lèvres et les mots. Devant cette femme qui articula un charabia étrange, elle ne put s'intéresser qu'à l'intonation. Il y avait quelque chose dans sa voix qui ne la rassurait pas. Un sentiment de folie et de fausseté. La petite Lemuri préférai être prudente d'habitude, mais pendant les minutes à venir son maitre pouvait très bien se faire attaquer par n'importe quelle bête sauvage, surtout dans ces contrées inconnues, aux arbres immenses.

Maintenant, il fallait les emmener, cet homme dangereux et cette femme étrange, vers le lieu où Zieg gisait lamentablement. Sautillant, elle suivit le ruisseau, se retournant de temps en temps pour bien voir si on l'accompagnait toujours. La Lemuri, appartenant à une race de facteurs reconnus pour leur vitesse, devait sans cesse moduler sa course pour ne pas les semer.

Lorsqu'ils arrivèrent devant le ruisseau où, quelques minutes plutôt Zieg gisait, la Lemuri ne le trouva pas. Inquiète, paniqué, elle sautilla dans tous les sens. Farfouillant dans les buissons, derrières les arbres alentours, revenant en courant vers les deux saveurs comme pour leur indiquer que son maitre était juste là, mais qu'elle ne le trouvait plus.

Heureusement, un bruissement attira son attention. Une créature qui enserrait son pied avec un mâchoire énorme, trainait dans l'herbe haute, le corps inanimé du Rôdeur. La petit Atilla, furieuse fonça sans réfléchir vers cet ennemi croisé entre une plante et un lézard. Si son maitre se faisait bouloter à cause de sa négligence, elle ne se le pardonnerait jamais. Fonçant vers le sac échoué au bord du ruisseau, elle avala quelques gouttes de la minuscule fiole que Zieg avait utilisé une semaine auparavant durant les attentats de la Fête du Ramanthin. Ses minuscules muscles gonflèrent et se projetant en avant sur ses puissantes pattes arrières, elle s'écrasa sur le crâne du charognard. La créature, surprise, laissa tombé sa proie et s'enfuit en criant de douleur. Atilla, dont les muscles se dégonflait déjà, sentit ses forces la quitter et s'écroula à son tour sur son maitre.

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Zyred s'était fait surprendre. Et par quelqu'un dont la vocation n'était pas le combat en prime.
Depuis son séjour à la caserne des chevaliers blanc, le paladin gardait toujours une seul et unique règle à l'esprit: VIGILENCE CONSTANTE!! C'était cette forme de paranoïa qui avait lui avait permis de survivre et aujourd'hui il avait baissé sa garde.
Erreur fatale. La Thielle l'avait pris par surprise. Si elle avait été une adversaire, Zyred serait mort à l'heure qu'il est. Le paladin se fustigea mentalement. Le danger pouvait venir de n'importe où! Tout le monde est un adversaire potentiel!

Ce qui avait poussé le paladin à baisser sa garde, c'était sa foi absolue dans le jugement de Valaron. Si Valaron faisait confiance à Astarosche, alors Zyred ferait confiance à Astarosche. Oh, le chevalier ne doutait pas de la loyauté de sa compagne d'arme envers le Synode, mais intérieurement, il bouillonnait de s'être fait prendre si facilement. Désormais, il ferait beaucoup plus attention en présence de ses alliers...

Chassé de ses pensés par le papier que lui tendait Astarosche, Zyred fronça les sourcils après avoir pris connaissance du message qu'il contenait. Cela ressemblait fort à un piége! Mais l'honneur du primat lui commandait d'aller porter secours à ce blessé.

Suivant la petite créature à la suite de la Thielle, Zyred conservait ses cinq sens en éveils afin de détecter la moindre trace d'embuscade. Mais ce surplus de précautions se révéla inutile. Les deux primats parvinrent jusqu'au blessé à temps pour voir la transformation du rongeur en un monstre colossal qui terrassa l'agresseur de l'infortuné voyageur.

S'approchant du blessé, Zyred se saisis du produit qui avait permis l'étrange métamorphose de la ridicule petite bestiole, l’inspecta rapidement, avant de tendre le flacon à Astarosche. En temps qu'alchimiste, elle serait bien plus à même de comprendre de quoi il s'agissait, et peut être même d'en faire un avantage pour le Synode.

Enfin, le paladin s'approcha du blessé. Après avoir repéré d'un coup d’œil l'infection à l'épaule, Zyred s'agenouilla aux cotés de l'inconnu, posa ses mains sur la vilaine plaie, et commença à marmonner une prière à la Lumière. Une lueur dorée s'échappa des mains du prélat au fur et à mesure que la guérison opérait et, quelques minutes plus tard, le chevalier ôta ses mains.
La guérison n'était pas parfaite, mais au moins une partie de l'infection avait disparue. D'ici quelques jours si l'aventurier ne subissait pas des soins plus appropriés, l'infection le gagnerait de nouveau.

Puis Zyred se releva, déboucha sa gourde et la vida sur la tête du blessé. Ce dernier avait de la chance, s’il n'y avait pas eu de ruisseau à proximité, il aurait eu le droit aux claques.
Une fois ce dernier à peu prés réveillé, le primat du Synode le toisa de toute hauteur et l'apostropha d'une voix bourrue:
-Qui êtes vous et que faites-vous ici?

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Astharosche ne savait que trop bien que le geste qu'elle eut à l'égard de son collègue était assez offensant pour son égo. Il s'était fait surprendre comme un jouvenceau et étant donné son âge et le fait qu'il soit du sexe opposé, il était facile de savoir qu'il n'en aurait que quelques frustrations... Cependant, doutez-vous bien que notre dame n'en portait strictement aucune attention... Enfin bref, le pire était de savoir qu'il ne se doutait nullement que seul sa passion pour le règne animal causa son comportement et en cela, elle l'aurait certaiement bien plus surpris...

Ce bref petit épisode passé, notre fameuse thielle préféra alors tracer son chemin, notemment pour retrouver le mystérieux maître du Lemuri. En effet, c'était la seule chose qui lui importait en cet instant. Imaginer une seule seconde que l'individu était un espion ou un des soldats survivants de la fête du Ramanthin? Cela était inadmissible que des membres du Synode se fassent surprendre ainsi comme des débutants! La honte que cela pouvait représenter... Indamissible!

Sereinement, d'une démarche provocante, comme dans n'importe qu'elle circonstance finalement avec cette jeune femme là, l'alchimiste suivit d'un pas certain la petite créature dont l'allure était bien plus vive que la leur... L'animal semblait inquiet, pas étonnant. Après tout, elle était en train de perdre son maître non? Et étant donné que celui-ci s'occupait du Lemuri, c'était comme perdre toute sa fortune lorsque l'on vivait depuis toujours dans le luxe. Un grand choc! Une comparaison pleine de sens lorsque l'on connaissait Astharosche.... L'argent, un de ses péchés mignons... mais autant dire qu'elle collectionnait les fautes Capitales d'une religion perdue...

Silencieuse, étonnemment silencieuse devrions-nous dire, la thielle au don de sublimation se stoppa nettement lorsque le petit animal la conduisit directement près d'un ruisseau. Main sur la hanche, balayant les environs de son regard précieux et doré, il ne semblait y avoir rien du tout.

" Comme cela est surprenant... le maître a mystérieusement disparu... Ho??? "

Astharosche s'interrompit brusquement quand ses yeux se baissèrent près de la rivière. Là, il y avait la trace d'un corps, ou tout du moins, que quelqu'un était allongé à cet endroit précis. Seulement, ce n'était pas tout, car il y avait une longue trainée dessinée sur la terre.... On dirait bien que le damoiseau se soit fait.... tiré. Mais son observation fut coupé par l'excitation du Lemuri qui commença à s'agiter dans tous les sens de panique. Seule expression de la belle : un soupir de lassitude. On ne pouvait pas dire que dans l'instant elle était une damoiselle compatissante.

Sur le coup, elle tourna simplement son attention sur Zyred, son sérieux compagnon paladin qui ne semblait pas réellement réceptif à toute cette histoire.... quoique.... En quelques secondes, la petite créature développa une morphologie qui lui conféra une grande puissance physique. Maline, Atilla, puisque tel était le nom de l'animal, s'empressa, après la perception de bruit douteux vers un animal charognard qui avait pris, apparemment, le maître de la bestiole comme garde-manger. Sur le coup, la première chose qui faillit saisit notre thielle était un fou rire, malgré la scène sadique qui se jouait alors, mais seul un sourire illumina ses lèvres.

En tout cas, ce sauvetage inextremis de l'animal pour son maître était la parfaite illustration du lien qui les liait... épatant. Enfin, ce n'était pas le moment idéal pour sombrer dans la mélancolie romantique. Et en parlant de cela, Zyred lui n'était pas fait du même bois que sa congénère puisque lui, qui se disait si méfiant, se vit à nouveau animer par la flamme du paladin et de ses voeux de bon homme de foi. La pensée d'Astharosche a cet instant? Rien de bien florrissant au sujet de son camarade....

S'agenouillant, le primat eut tout de même la délicatesse de lancer la fiole qui contenait le produit qu'avait ingurgité le lémuri pour acquérir ses facultés sur-animal. Et là, l'alchimiste se sentait comblée.

" Ho ho ho!! Voilà donc le fameux produit... voyons voyons..."

A ce même instant, elle porta la chose près de ses narines avant qu'une expression dégoûtée se dessine sur son délicat visage. Rapidement, elle rejeta le contenant en arrière d'un geste indifférent. Apparemment, l'odeur semblait infect.

" Beurk! C'est véritablement affreux! Je ne sais où ce jeune homme a obtenu cette chose, mais il s'est fait arnaqué! Et si c'est lui qui le conçoit, le pauvre... il a encore tellement de chose à apprendre... Et puis... c'est tellement masculin de vouloir créer pareilles potions... aucun intérêt, vraiment aucun..."

En effet, aucun intérêt pour Astharosche mais il fallait savoir qu'elle voyait les choses sur une longue période. A quoi bon donner cela à une armée, puisque cela l'entraînerait dans une mort douce? Bien que, les soldats mourraient de toute manière lors d'un combat.... Ce n'était bon à distribuer que lorsque l'on savait que c'était la dernière chance... Cependant, elle prendrait également en compte qu'elle en avait rien à faire des autres, mais étant donné que grâce à des esprits simplets au poing levé il était possible d'emporter une victoire, des concessions étaient nécessaires.... Le drame de sa vie.

Mais pendant que notre alchimiste cogitait, elle constata avec surprise que Zyred soignait tout simplement l'imbécile de maître qui s'était fait avoir sur le sol. Pathétique. Comptait-il aider tous les chiens blessés? Ils n'en auraient alors jamais fini!!! Alalalalala... les hommes de foi et leur principe, il n'y avait pas plus fatiguant dans le monde.

" Je rêve.... tu veux tuer une pauvre lemuri, mais tu joue les bons samaritains face à un individu qui est certainement un ennemi? Un jour tu m'expliqueras comment fonctionne ton esprit tordu, veux-tu? Parfois tu me dépasses totalement...."

Une petite boutade qui se suivit bien évidemment d'un soupir lassé. Et dans ce même instant, attendant patiemment que le paladin finisse son "travail", Astharosche retira sa lance de son dos et la planta soudainement dans le sol. Sur ce geste, elle prit alors appuis sur son arme, et observa le blessé en fronçant des sourcils.

La thielle en était presque mignonne. Et pour ce qui la connaissait, c'était inquiétant. Un véritable paradoxe. Les mèches de ses cheveux argentés lui tombaient sur ses joues pâles et livides, alors que son grand regard lumineux fixait toujours l'individu au sol, jusqu'à son réveil....

Mais alors que Zyred lui vivifia la figure avec de l'eau, le nettoyant même par la même occasion, Astharosche eut son visage qui se débrida et sourit.

" Mais que le monde est si petit.... ce visage là m'est familier maintenant que j'y pense... Pauvre, pauvre homme... On dirait bien que tu t'es mis dans de beaux draps hein? Hahahahahaha! Quelle splendide ironie que celle-ci! Zyred... notre invité est un jeune homme qui suivait de près le sale gosse de Valaron... Un petit prétentieux celui là d'ailleurs, enfin bon... Mais que faire du larbin? "

La thielle semblait presque douce dans son expression faciale, fantômatique et angélique à la fois. Cependant, l'intonation de sa voix suave était la tentation du diable, mesquine et sans pitié.

" Dis-nous.. qu'est-ce qui vaux la peine que l'on te conserve sain et sauf? "

Le monde réapparaissait au bout du long tunnel obscure que l'hellbereth avait parcouru pendant son coma traumatique. Derrière le voile noir qui couvrait encore ses yeux, les arbres, les roches et le sang se dessinèrent, ainsi qu'une masse aquatique couvrant son visage fatigué. Des voix résonnait dans l'immensité de sa conscience, des voix lointaine et inconnue. Un homme apparut debout devant lui, une gourde à la main. C'était un combattant que Zieg avait entre-aperçut sur la Place du Marché, une semaine auparavant. Un fier et puissant Paladin, qu'il avait identifié comme faisant parti du Synode. Un peu plus loin, la Thiel horrible qui s'en était pris au fils Mutsunokami affichait une expression indéchiffrable pour le pauvre rôdeur affaibli.

Atilla, évanoui, gisait sur les cuisses de Zieg, le coeur battant si lentement que pendant un instant il l'a crue morte. Mais il n'eut pas le temps de s'inquiéter de son état, que déjà d'innombrables questions l'assaillirent. Non pas des questions internes, mais celles venant de la bouche de ses sauveurs, de ceux qu'il poursuivait. Peut-être bien de ses futurs bourreaux. L'homme qui l'avait soigné commença :

- Qui êtes vous et que faites-vous ici ?"

Aussitôt, sans attendre de réponse, la femme avait reposé la même question, en soulignant le faite qu'il devait répondre rapidement :

- Dis-nous.. Qu'est-ce qui vaux la peine que l'on te conserve sain et sauf ?"

C'était maintenant l'occasion pour Zieg de commencer à mentir. De commencer à utiliser les informations qu'il avait pu recueillir du Synode. Très peu à vrai dire. Tellement peu qu'il en avait appris plus en une soirée lors des attentats, que pendant toutes les recherches qu'il avait fait durant sa vie entière. La rédemption. Voilà quelle était la clef de sa survie. Sa bouche ne voulait pas articuler les mots, il était encore sous le choc, et la fatigue n'arrangeait pas tout. Son bras, soigné maladroitement deux fois de suite commençait à partir en lambeaux. Il se concentra et d'une voix quasi tremblante répondit :

- Je veux... la Rédemption ! Je veux me repentir de mes pêchés ! Du mal que j'ai fait en naissant Hellbereth ! Je veux... servir mon nouveau maitre et sa famille ! Je n'ai peut être pas l'étoffe d'un Mutsunokami, mais je serais faire de mon mieux. Je suis loyal. Je suis..."

Pendant un instant, un voile trouble tomba devant ses yeux, il sentit un frisson lui déchirer le coeur. Il sentit son être se mentir à lui même. Il commençait enfin à plonger son corps en entier dans les promesses qu'il s'était fait des années auparavant. Les promesses lui dévoraient les entrailles, lui enlaçait l'esprit. Il y arriverait. Il vengerai Eylis !

Atilla l'appellait ! Elle lui transmettait des sentiments. Il les ressentait couler en lui comme un second flux sanguin, comme un second coeur battant à tout rompre dans sa poitrine. Elle s'accrochait à la vie. Leur sentiments fusionnèrent et pendant quelques secondes, elle fut lui, il fut elle. D'un geste vif, il se releva, comme contrôler par une pulsion soudaine, prenant bien soin de lever les mains pour montrer à ses sauveurs qu'il ne leur voulait pas de mal. Atilla reposait dans l'une d'elle.

Muet, il s'avança en direction de son sac, devant la terrible Thielle. Il ne la regarda pas, il fixait le morceau de tissu crasseux contenant tout ses fioles. Il s'en approcha, plongea sa main dedant farfouillant comme s'il devenait lui-même Atilla, comme s'il était contrôler par les pulsions de son animal de compagnie. Tremblant, il déboucha une potion à l'odeur sucrée, puis en aspergea le Lemuri. Aussitôt son coeur frappa à allure régulière. Zieg sentit le calme se répendre en lui, chassant des coins de son être la folie qui voulait résister. Elle était saine et sauve.

- Juste la Rédemption !" Finit-il, en fixant la Thielle droit dans les yeux.

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La jeune thielle se tenait toujours sur sa lance plantée dans le sol, appuyée langoureusement contre elle, la joue collée contre son manche, et les mains bien emprises sur elle. Elle semblait dans une pareille position emplie de lassitude, et ce n'était peut-être pas bien éloigné de la vérité. Son regard doré était pointé dans la direction de la pathétique victime qu'incarnait le jeune Hellbereth sur le sol, avec sa pauvre petite créature Atilla. Il n'y avait aucune haine ni quoique se soit qui illuminait ses yeux, seuleument une indifférence flagrante de leur sort et un témoignage de son antipathie envers les autres êtres de quelques espèces qui soient... Quoique... Astharosche avait une pensée pour la jeune Lemuri.

Enfin bref, elle ne put alors retenir un léger soupir, s'échapant de ses deux fines lèvres pâles constituant sa bouche délicate. Le plus amusant était de voir qu'elle donnait presque des airs d'une jouvencelle amourachée, observant avec envie l'homme de ses rêves... Pour l'alchimiste, c'était un specimen de rêve! Héhé! Et il en devint bien plis intéressant quand il recouvra un minimum de force pour répondre à la question qu'elle posa préalablement, quelques instants plus tôt.

Le damoiseau s'était dressé avec soudaineté, levant les mains comme un homme prisonnier à qui l'on allait mettre le fer... Tiens, tiens... cela aurait peut-être été une bonne idée. Ce fut alors d'une voix tremblante qu'il s'adressa aux deux jeunes gens du Synode.

Mais quel beau discours qu'il nous donna là!! Splendide! Digne d'une tragédie et d'une fabuleuse pièce de théâtre! Haaa quel gracieux comédien que voilà, il mérite bien sa paye du soir et le pain que l'on glissait dans son écuelle. Hooo! La première envie de la thielle était de l'applaudir avec vivacité tellement son interprétation la toucha. Mais l'unique réaction qui sublima son visage alors fut un léger sourire en coin de sa bouche, simple mais qui en disait tellement long. Cependant, son coeur offrait à son ôte un tonnerre d'applaudissement, c'était une évidence.

Néanmoins, les propos du pauvre Hellbereth se stoppa soudainement. Il ne termina pas sa phrase immédiatement. Bien entendu, la thielle ne put laisser passer une chose pareille et ne pas faire de remarque, c'était plus fort qu'elle.

" Et bien? Tu es? Rooooo... tu me déçois, tu avais si bien commencé, tu étais si convainquant, j'en avais presque la larme l'oeil. "

Astharosche se mit de nouveau à soupirer, lasse de tout ceci et elle était parfaitement prête à remédier à cette tragique comédie. C'était assez lassant et les dieux savaient que la thielle détestait se morfondre ainsi. Oui, l'alchimiste ne fonctionnait que principalement à l'intérêt, l'éveil de la passion et la stimulation de son intellect. Et là... il n'y avait rien de toute cela.

Mais voilà que la verve anima à nouveau le pathétique pantin qui s'était dressé sur ses deux pieds et le fit avancer, à une bien moindre allure, en direction de l'alchimiste. Mais ce n'était pas la jeune femme qui l'intéressait, mais le sac qu'il y avait à ses pieds. Sans la moindre frayeur, elle le laissa faire, le suivant du regard, d'un regard perçant mais non agressif. Le paradoxe résidait dans son visage parfaitement lisse et presque doux, empli de clémence alors que le caractère qui l'embrasait était tout à l'opposé. La magie d'Astharosche.

Enfin... tout cela pour annoncer que le jeune homme se présenta devant elle, et celle-ci ne sourcilla pas le moins du monde, ne bongeant pas d'un millimètre, toujours jonchée sur sa lance, lui servant de piquet. Se redressant sur lui-même, il fixa l'alchimiste droit dans les yeux. Mais c'était qu'il avait de l'audace le petit! Et il répéta son envie : la rédemption. Q'un blablabla!

A nouveau, un nouveau soupir ne put être retenu et la thielle se redressa à son tour, récupérant son arme. D'un geste gracieux et en quelques secondes, elle plaça le tout dans son dos, comme elle en possédait l'habitude.

" Pauvre bougre... tu te trompes de personne. Je me moque bien de tes envies et encore plus si elle concerne les Mutsunokami. Je ne travaille par pour eux, mais AVEC eux. Tout est dans la nuance, et je commence à en avoir assez que l'on se méprenne et que l'on me prenne pour une de leur larbin... Ho! Ne le prend pas mal Zyred. Si ta loyauté va envers eux, je n'en ai que faire, si elle est également envers moi, alors là, c'est une autre affaire! "

Un sourire malicieux se dessina alors sur le visage de la demoiselle. Elle savait pertinament qu'il cachait quelque chose et elle se demandait comment il allait réagir. Un seul faux pas de sa part, un seul faux discours, et il se verrait embrocher sur sa lance.

Reprenant alors sa voix mielleuse, Astharosche repartit alors sur son discours, notemment en reprenant les termes de celui du pauvre blessé.

" Quant à ce qui concerne ta rédemption, ne te fais pas trop d'illusions, autant dire que c'est peine perdu pour l'obtenir. Ouvre un peu les yeux l'ami. Dis toi aussi que tout tes péches ne sont plus que des poussières et des futilités! Pourquoi tout le monde se persiste à vivre dans le passé! Quelle tristesse! Et puis... de qui donc souhaites-tu te faire pardonner pour mettre autant de ferveur dans ta demande? Je suis..... curieuse. Haha! "

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Les mots du jeune inconnu avaient touché juste! En misant sur le désir de rédemption et sur la foi envers la Lumière, Zieg avait réussi à attirer quelque peu la sympathie du paladin. Une lueur de fanatisme s'alluma dans les yeux du chevalier, préludant l'étrange sermon qui allait suivre. La voix vibrant d'une foi malsaine, Zyred répondit à son interlocuteur.

-Que voila de justes paroles! La coopération infâme et ses chefs corrompus ont été l'abcès du progrès! Cette bande de renégats et de traîtres puants voués à l'ombre doivent être abattus! Seul le grand prophète Valaron peut nous absoudre des péchés de notre race et tous nous guider vers la lumière! Gloire aux Mutsunokami!

S'attendant presque à ce que ses deux interlocuteurs reprennent sa dernière phrase en cœur, Zyred fut forcé de se racler la gorge pour mettre fin au silence gêné qui s'ensuivit. Sa petite "crise" finie, le chevalier repris la parole d'un ton bien moins enfiévré.

-Si ta rédemption est sincère, alors le Synode t'accueillera en son sein. Mais si tu mens, la mort te semblera un châtiment bien miséricordieux face à ce que nous te ferons subir! D'un simple regard, le prophète juge ton cœur et ton âme, alors n'espère rien lui cacher.

Un léger sourire amusé se dessina sur les lèvres du paladin lorsque les paroles de la thielle parvinrent à ses oreilles. S'il fut déçu ou troublé par son manque de foi, il n'en montra pas la trace. La langue acérée de l'alchimiste n'avait apparemment pas fait mouche car quand le paladin s'adressa à elle, ce fut sur un ton complaisant, comme s’il prenait Astarosche en pitié.

-Je connais l'adage Astarosche; "la route du pouvoir nécessite de servir les puissants jusqu'a ce qu'on soit devenu suffisamment fort pour les trahir et prendre leur place". Je sais que vos motivations sont toutes personnelles, mais je sais aussi que d'ici peu de temps, vos yeux se dessilleront et vous verrez vous aussi la lumière. Ma loyauté pour le Synode est sans faille et tous ses membres peuvent compter sur moi... Même ceux qui se débattent encore dans l'ombre.